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L'Europe politique et de la défense (par Nicolas Gros-Verheyde)
Updated: 2 months 3 weeks ago

Spionage à Vienne. La lune de miel entre Russes et Autrichiens se termine mal

Fri, 11/09/2018 - 20:15

(B2) La révélation par le chancelier autrichien en personne de l’existence d’une taupe au sein de la Bundesheer (l’armée autrichienne) sonne-t-elle comme un tournant politique dans un pays réputé ‘souple’ vis-à-vis de la Russie

(crédit : Bundesheer)

Une valse de Vienne qui se termine mal

Il y a quelques temps entre Vienne et Moscou, on était dans les flonflons de la valse et les glissements doux des violons. La ministre des Affaires étrangères Karin Kneissl invitait Vladimir Poutine à son mariage avec deux trois pas de danse à la clé en août dernier. Tout récemment, fin octobre, le ministre de l’Intérieur H. Kickl (FPÖ) faisait le voyage à Moscou pour signer un accord de coopération policière avec échanges d’informations à la clé. La lune de miel semble s’être rompue. Lors d’un point de presse, tenu ce vendredi (9 novembre), le chancelier Sebastian Kurz (ÖVP) et son ministre de la Défense, Mario Kunasek (FPÖ), de concert, ont révélé une affaire d’espionnage qui pourrait nourrir le sujet d’un prochain film.

Un colonel à la retraite espion depuis ses débuts

Un colonel de l’armée fédérale, résident à Salzbourg, depuis 5 ans à la retraite, aurait espionné la pour le compte de la Russie durant presque trente ans. Il aurait commencé son travail d’agent double « dans les années 1990 ». Et cela aurait duré jusqu’il y a peu « en 2018 » a révélé Sebastian Kurz. « Cela ne va pas améliorer les relations avec la Russie » a-t-il ajouté.

Extrêmement professionnel

Selon le quotidien Krone Zeitung, l’individu aurait touché 300.000 euros sur toute la période. Il était « extrêmement professionnel. Il avait un travail extrêmement discret dans un poste de commandement de l’armée ». Toutes les deux semaines, il prenait contact avec un certain ‘Yuri’, son officier traitant russe. Il recevait les commandes par l’intermédiaire d’un récepteur mondial, écrivait des messages chiffrés ou transmettait l’information directement par communication par satellite.

Des faits découverts il y a quelques semaines

Le ministre de la Défense Mario Kunasek a expliqué que l’information « avait été connue il y a quelques semaines ». Le ministère de la Défense a entamé des « discussions » avec l’individu soupçonné. « Différents appareils, notamment un ordinateur portable, ont été saisis et sont en cours d’évaluation » a-t-il indiqué, précisant que les faits avaient été transmis au ministère public.  « Même après la fin de la guerre froide, il y a encore de l’espionnage » a reconnu Kunasek.

Colère autrichienne et grand nettoyage en perspective ?

Le chancelier autrichien affiche, lui, sa colère : « L’espionnage est inacceptable » de façon générale. « Et l’espionnage russe en Europe est également inacceptable et condamnable ». L’affaire bruissait dans les milieux gouvernementaux depuis hier soir (jeudi 8 novembre) et s’est répandu comme une traînée de poudre dans les salons viennois. Le gouvernement a pris rapidement la mesure de l’évènement. La ministre des Affaires étrangères, Karin Kneissl, a ainsi fait convoquer le chargé d’affaires russe vendredi matin. Elle a également annulé sa visite, prévue à Moscou les 2 et 3 décembre prochains, en guise de signe de mécontentement. Quant au ministre de la Défense, Mario Kunasek, il a annoncé un grand nettoyage au ministère, indiquant vouloir « resserrer encore plus le filet de sécurité en Autriche comme au sein du ministère fédéral de la Défense », notamment sur le personnel et les cyberespaces. Il était temps ! L’Autriche qui abrite nombre d’institutions internationales, dont l’AIEA, était considérée par de nombreux services en Europe comme un peu trop ‘permissive’ par rapport à certaines tentatives d’entrisme.

Vienne, le point faible de l’Europe ?

Cette révélation très officielle par le Premier ministre comme le ministre de la Défense, l’un du parti populaire ÖVP et l’autre du parti d’extrême-droite FPÖ n’est donc pas une simple péripétie. Elle pourrait constituer un tournant politique.

Une taupe ou plusieurs taupes ?

La grande vérification annoncée par le ministre n’est pas anodine. Le colonel de Salzbourg pourrait ne pas être la seule taupe infiltrée dans les forces autrichiennes. Depuis plusieurs mois, et en partie depuis l’arrivée du FPÖ au pouvoir et les perquisitions menées au BVT (le service de protection de la Constitution et de lutte contre le terrorisme), l’Autriche avait acquis le statut de ‘pestiféré’ auprès de la plupart des services de renseignement européen qui rechignaient à partager des informations, en particulier sur la Russie.

Mettre fin au ‘Except Vienna’

Les ‘services’ de plusieurs pays européens (France, Allemagne, Royaume-Uni) évitaient de mettre en copie l’Autriche de leurs recherches sensibles. Une méfiance confirmée à B2 par certains connaisseurs du dossier. Même la Sûreté nationale finlandaise (SUPO) aurait décidé d’exclure son homologue autrichien (le BVT) de ses demandes d’aide aux différents renseignements européens quand elles concernent un diplomate russe, vient de révéler le magazine Falter, publiant un fac similé d’un document mentionnant « Except Vienna ».

La question des sanctions russes

Cette affaire n’est pas isolée. Elle survient juste après les révélations néerlandais d’un espionnage autour de l’OIAC aux Pays-Bas comme en Suisse. L’Autriche qui avait une position ‘souple’ sur les sanctions russes pourrait ainsi changer de position. Cette ‘soudaine’ révélation pourrait donc amorcer un tournant politique plus important, d’autant plus observé que Vienne assure aujourd’hui la présidence du Conseil de l’Union européenne, notamment dans ses formats ‘Justice’ et ‘Affaires intérieures’.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Fri, 11/09/2018 - 12:50
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Un pays peut imposer la réussite d’un test d’intégration pour valider un regroupement familial

Fri, 11/09/2018 - 12:00
(B2) La Cour de justice de l'UE a estimé le 7 novembre 2018 que la directive 2003/86 du 22 septembre 2003, relative au droit au regroupement familial (article 15, § 1 et 4), ne s’oppose pas à une réglementation nationale permettant de rejeter une demande de titre de séjour autonome, au titre du regroupement familial, « au motif […]
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La France supprime l’indicateur sur la coopération européenne de recherche. Trop mauvais ?

Fri, 11/09/2018 - 11:30
(B2) Le ministère français de la Défense a supprimé pour 2019, l’indicateur de taux de coopération européenne en matière de prospective, de recherche et de technologie apprend-on de façon inopinée. Un instrument plus pertinent ? Ce taux « n'était plus pertinent » estime le ministère. « Établi à un faible niveau depuis plusieurs années, il […]
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Fort Trump en Pologne. Les négociations avancent (Błaszczak)

Fri, 11/09/2018 - 09:19
(B2) Quelques jours avant un nouveau déplacement à Washington, les 13 et 14 novembre, le ministre polonais de la Défense, Mariusz Błaszczak, se montre optimiste sur la création d'une base miliaire américaine en Pologne. Une évaluation du Pentagone positive « Je suppose que l'évaluation du Pentagone à Fort Trump (1) sera positive, j'y travaille. Nous […]
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Barnier à la présidence de la Commission européenne ?

Thu, 11/08/2018 - 20:35

(B2) Même si le Parti populaire européen (PPE) vient de désigner aujourd’hui à Helsinki sa tête de liste pour la campagne des Européennes — l’eurodéputé de la CSU bavaroise Manfred Weber —, rien ne dit que ce sera celui-ci qui sera à la tête de la Commission européenne en novembre prochain (1).

L’automatisme voulu par les différents leaders de partis lors de la précédente campagne en 2014 est brisé. Du no man’s land de candidats, il n’y a aujourd’hui qu’un seul nom qui émerge pour prendre la tête de la Commission européenne. A condition qu’il le veule, et que la France le souhaite, c’est Michel Barnier. Il réunit sur le papier nombre de critères.

Michel Barnier dans les couloirs du Conseil européen rencontrant le président Donald Tusk (Crédit : Conseil de l’UE)

1° Il appartient au parti, le PPE qui devrait rester le premier parti lors des élections européennes, malgré une baisse certaine. Et le PPE a compris depuis longtemps que c’est la Commission européenne qui est le poste le plus puissant.

2° C’est un Européen convaincu, avec une vraie expérience, à différents postes. Représentant de la Commission lors de la Convention européenne préludant à la Convention, commissaire à la Politique régionale puis au Marché intérieur, et enfin et surtout, négociateur de l’UE pour le Brexit, il a montré une certaine dextérité dans ces différents postes.

3° Ce n’est pas un personnage clivant. S’il appartient au PPE, il a montré dans le passé qu’il savait dialoguer avec toutes les composantes de la famille européenne. C’est un candidat très acceptable que ce soit par les libéraux, les socio-démocrates ou les verts. Il est plus en faveur de l’intégration européenne que certains Libéraux patentés et sans doute plus ‘social’ que d’autres sociaux-démocrates revendiqués.

4° Il n’est pas membre du Conseil européen, n’a pas été Premier ministre ou dirigeant. C’est sans doute un des seuls critères (non écrits) qui n’est pas rempli. Enfin pas tout à fait rempli. En tant que négociateur sur le Brexit, il a été en effet à plusieurs reprises invité au Conseil européen, a rencontré nombre de dirigeants européens, qui le connaissent ou ont appris à le connaître. Bref ce n’est pas un inconnu du sénacle dirigeant européen.

5° Il a montré, durant toute la négociation sur le Brexit, difficile, ardue, où les embûches se multipliaient à mesure que d’autres disparaissaient, ses capacités à négocier, à garder unis les Européens.

6° Reste à savoir si la France et Emmanuel Macron, seul décideur en matière de désignation d’un commissaire européen, voudrait pousser un candidat français à la tête de la Commission. Ce ne serait pas absurde. E. Macron poursuivrait son œuvre de casser les deux blocs, montrant qu’il peut se défaire du bipartisanisme. Au plan interne, il ne puiserait pas dans les réserves de ‘responsable politique’ dont le dernier remaniement a prouvé qu’elles n’étaient pas illimitées. Si la volonté existe à Paris, il serait difficile à d’autres pays de critiquer un tel choix. Le poste de président de la Commission n’a plus été confié à un Français depuis Jacques Delors (1985-1995), soit il y a presque 25 ans, une génération (2). La seule concurrence notable pourrait venir de Berlin (3).

Seul obstacle que certains pourraient voir, son âge, 67 ans… Mais à côté de Juncker, 63 ans, il paraît plus jeune et plus fringuant. Aux commandes de l’Europe aujourd’hui et demain, il vaut mieux un être sage, expérimenté, qui n’a pas d’autre ambition devant lui que de réussir son mandat, que d’avoir un plus jeune, plus fougueux ou dont l’ambition domine certaines décisions (pour ne pas fâcher l’avenir).

Oui, décidément, Michel Barnier serait le bon choix pour le futur exécutif européen dans les années à venir…

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Lire : Que cache la candidature de Manfred Weber à la Commission ?

(2) Le poste a été ensuite successivement occupé par un Luxembourgeois (Jacques Santer), un Italien (Romano Prodi), un Portugais (José-Manuel Barroso, pour deux mandats) et, à nouveau, un Luxembourgeois (Jean-Claude Juncker).

(3) Des proches de Angela Merkel avaient fait savoir, par le biais de fuites à la presse, leur désir de voir placer un Allemand à la tête de la Commission.

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A l’agenda du conseil des ministres Affaires étrangères et Défense (19 et 20 novembre)

Thu, 11/08/2018 - 20:20
(B2 - exclusif) La traditionnelle réunion 'jumbo' des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l'UE de fin d'année, les 19 et 20 novembre sera chargée de nombreux sujets, mais pourrait ne pas tenir toutes les promesses espérées en termes décisionnels. Cette réunion se déroule en trois formats Affaires étrangères seuls (lundi matin), […]
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Les civils d’Hodeida pris pour cible. Les guerres ont des règles rappelle le CICR

Thu, 11/08/2018 - 15:55

(B2) Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) vient d’appeler ce jeudi (8 novembre) les belligérants de la guerre du Yémen, « à protéger la population et les infrastructures civiles contre les dommages superflus ». Ce alors que les combats s’intensifient fortement autour de Hodeïda.

Les civils pris pour cible ?

« La ville de Hodeïda est une fois de plus plongée dans la violence, et ce sont des centaines de milliers de Yéménites qui en paient le prix. La perspective de négociations ne saurait justifier de bafouer le droit de la guerre qui protège la vie des civils », a souligné Fabrizio Carboni, directeur régional du CICR pour le Proche et le Moyen‑Orient. « Les guerres ont des règles et les parties au conflit doivent les respecter, même dans les batailles les plus acharnées. »

L’offensive sur Hodeida un mauvais signal

« Cette nouvelle offensive sur Hodeïda tempère l’optimisme suscité par l’annonce récente de négociations de paix », indique F. Carboni. « On peine à décrire à quel point la situation est dramatique au Yémen. Ce pays a plus que jamais besoin d’entrevoir une lueur d’espoir. »

Les centres de santé proches de la ligne de front

Les affrontements se rapprochent des centres de santé, notent les équipes de l’organisation humanitaire. Ce qui a forcé l’hôpital du 22 mai de Hodeïda à interrompre son activité. L’hôpital Al-Thawra, le plus grand de la ville, n’est qu’à quelques mètres de la ligne de front. « Si d’autres centres de santé devaient fermer leurs portes, les structures restantes risquent de ne pas avoir la capacité d’assurer les services réguliers ou de faire face à un afflux de blessés. »

(NGV)

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IEI : une première interministérielle en demi-teinte

Thu, 11/08/2018 - 11:19
(B2 à Paris) La ministre française des Armées a accueilli, ce mercredi (7 novembre) la première réunion interministérielle des membres de l’Initiative européenne d’intervention (IEI ou EI2). Une rencontre qui a suscité un intérêt mitigé chez les partenaires. Plusieurs ministres clefs — allemand, britannique, espagnol —, étaient absents Cette réunion suit celle plus protocolaire de […]
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Carnet (07.11.2018). Confidentiels (COPS). Sanctions (Corée du Nord). PSDC (Collège de défense-budget, Battleroups-Mogherini, Somalie-piraterie). Diplomatie (UE-Canada multilatéralisme, Ebola-sécurité, Cameroun-enlèvement). Aides (Prévention santé...

Wed, 11/07/2018 - 11:00
(B2) Parus récemment : Une stratégie sur les armes pour les Balkans Le renforcement de la MPCC compromis (blog) Ce qu’est l’Europe de la défense. Ce qu’elle n’est pas Face aux menaces, Macron propose une armée européenne. Un vieux ou un jeune phantasme ? Les sanctions sur le Venezuela prolongées EUTM Mali. L’Allemagne prend le […]
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Une stratégie sur les armes pour les Balkans

Wed, 11/07/2018 - 08:00
(B2) Le Conseil "Affaires étrangères"  devrait adopter le 19 novembre prochain une décision afin d'aider à lutter contre la prolifération d'armes dans les Balkans. Il s'agit de mettre en œuvre la « feuille de route régionale pour une solution durable à la possession illégale, au mauvais usage et au trafic d’armes légères et de petit […]
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Le renforcement de la MPCC compromis

Wed, 11/07/2018 - 06:00
(B2) Le renforcement de la MPCC - la capacité de planification et de conduite militaire de l'UE - pourrait être beaucoup moins ambitieux que prévu. L'objectif présenté par le SEAE était d'abord de compléter les effectifs actuels (environ 40) de la Military Planning and Conduct Capability (MPCC) puis de le compléter, afin qu'il puisse être […]
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Ce qu’est l’Europe de la défense. Ce qu’elle n’est pas

Wed, 11/07/2018 - 04:02

(B2) Alors que le serpent de mer de l’armée européenne ressurgit par la grâce d’Emmanuel Macron (*), il n’est pas inutile de revenir sur terre. Ce qui existe aujourd’hui … et ce qui n’existe pas en matière de défense au niveau européen.

A la conquête du grand nord ? (crédit : Premier ministre danois)

La réalité inscrite dans les Traités européens actuels est la politique (européenne) de sécurité et de défense commune (PeSDC). Ou en langage commun, l’Europe de la défense. Elle n’est cependant pas comparable à ce qui se définit au plan national comme une politique de défense. Que ce soit dans le langage des pro ou des anti-intégrations européennes, cet aspect est bien souvent gommé. Or, il est primordial d’avoir une vue ‘honnête’ et ‘objective’ de la situation actuelle.

Une politique nationale de défense

D’un point de vue national, une politique de défense se définit tout d’abord par une autorité qui imprime sa marque et un circuit décisionnel court (comme en France avec un président de la république acteur principal) ou plus long (comme en Allemagne avec une décision du gouvernement, une approbation du parlement). Elle répond à une stratégie de défense, qui est élaborée par strates successives, en répondant à des antécédents historiques et une logique politique. Elle se développe ensuite dans un budget d’investissement d’une armée, des équipements militaires, des troupes, une logique d’action et une légitimité dans l’opinion publique qui accepte, plus ou moins, un engagement militaire intérieur ou extérieur, à risque ou non.

L’Europe de la défense : un projet politique

L’Europe de la défense est tout d’abord un projet politique, qui vise à affirmer la place de l’Europe dans le monde, au service d’une politique étrangère. Elle ne consiste pas ainsi à assurer la défense du territoire ni la protection des citoyens (malgré les déclarations politiques en ce sens). Elle ne procède que d’une coordination des efforts des États membres. Son circuit décisionnel repose ainsi toujours, à toutes les étapes, de l’initiative à l’approbation puis au commandement et au contrôle, sur un accord de tous les États membres, de façon collégiale. Mettre tout le monde d’accord au même moment sur un enjeu commun est un véritable ‘challenge’. Elle a comme objectif unique d’avoir une capacité d’intervention, limitée, dans des missions ou opérations de paix ou de consolidation de l’état de droit. Elle n’est pas ainsi une force d’intervention tout azimut, n’a pas de commandement militaire direct (national) ou intégré (comme l’OTAN), ni de troupes ou de forces disponibles en permanence ni en propre. Elle ne peut intervenir qu’à l’extérieur des frontières, avec le consentement des États concernés (ou au moins de leurs gouvernements) et de la communauté internationale. On est ainsi très loin des ‘fondamentaux’ d’une armée européenne.

Quand on met face à face ainsi les principes d’une défense nationale et ceux de l’Europe de la défense, il est inévitable que la seconde soit moins efficace que la première. On peut considérer qu’il s’agit d’une faiblesse temporaire, due aux personnalités politiques du moment. Ce peut être le cas parfois. Mais il ne faut pas minorer les faiblesses structurelles dû à un fait principal : l’Europe n’est pas un État mais une structure juridique et économique de concertation et de coopération avant tout.

Si on veut donner un aperçu plus mathématique, j’ai évalué, sous forme d’une note — sur une échelle de 0 à 3 — quels points remplit l’Union européenne, une fois mis en place tous les projets évoqués ces derniers temps. On va ainsi d’une note de 0 à 3 selon les thèmes : de 0 pour les équipements et les forces disponibles à 2 pour le budget de recherche, en passant par le mode de décision et le consensus politique que je cote à 1 sur 3.

Des avancées mais lentes et tardives

Cette évaluation prend en compte certaines évolutions, très récentes, sur de nombreux points, qui ne sont pas négligeables mais ne permettent pas encore de combler toutes les lacunes.

Au niveau de la sécurité intérieure, on peut ainsi noter la création d’un corps européen de garde-frontières, le renforcement d’Europol, la compétence donnée au futur Parquet européen pour le terrorisme ou la mise sur orbite complète du système Galileo, concurrent européen du GPS. Toutes nouveautés qui ne sont pas encore pleinement en place. Elles le seront d’ici 2019-2021.

En matière de défense, on peut remarquer les propositions de création d’un fonds européen de défense, d’une facilité européenne de paix, d’un fonds transport pouvant être utilisé pour la mobilité militaire. Ces propositions doivent être encore approuvées et n’entreront réellement en vigueur qu’en 2021, avec une montée en puissance d’ici 2027. A cela il faut ajouter la coopération structurée permanente, qui a été créée, mais dont le réel effet ne se fera sentir qu’à l’horizon 2021-2025, car elle repose sur une approche dite ‘phasée’.

Des lacunes comblées, mais pas toutes

On le voit donc. Certaines lacunes sont en passe d’être comblées, mais pas toutes. L’Europe a souvent manqué de réactivité et d’adaptation aux différentes crises. Pas seulement en matière stratégique, mais aussi diplomatique ou même économique.

Qu’il s’agisse de la crise financière, de la crise migratoire, de la guerre en Syrie ou à l’Est de l’Ukraine, le scénario est souvent le même. L’Europe parait surprise d’un évènement, tâtonne durant plusieurs mois (au bas mot) puis essaie une ou deux solutions, parfois sans succès, car la crise a ensuite évolué, pour trouver enfin le moyen adéquat (crise financière ou crise migratoire)… ou baisser les bras (crise syrienne). Entretemps, les dégâts sont profonds : économiques et sociaux durant la crise financière, éthiques et politiques durant la crise migratoire.

La politique de défense intrinsèquement liée à une politique étrangère nécessite de s’interroger sur les défaites et succès de la diplomatie européenne.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Lire : Face aux menaces, Macron propose une armée européenne. Un vieux ou un jeune phantasme ?

NB : cet article est développé à partir d’un court exposé consacré à ‘l’Europe de la défense aujourd’hui’, aux Entretiens de la Citadelle à Lille le 25 octobre 2018. La photo illustrative est choisie à dessein, le Danemark étant le seul pays de l’Union européenne à ne pas participer à la politique de sécurité et de défense…

Lire aussi : L’Euro peine à s’imposer au niveau international

 

Europe de la Défense ou défense européenne

Un débat a lieu chez certains observateurs ou responsable sur l’utilisation de ce terme. A juste titre. Car le terme officiel — politique de sécurité et de défense commune — est plutôt complexe à dérouler. Mais je n’en ai pas trouvé de plus symbolique. Le terme de ‘défense européenne’ souvent utilisé est tout aussi irréel, car il n’y a pas de ‘défense européenne’ au sens de l’Union européenne. Il prête à confusion, avec la défense territoriale du continent européen, incarné par l’OTAN.

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Face aux menaces, Macron propose une armée européenne. Un vieux ou un jeune phantasme ?

Tue, 11/06/2018 - 23:54
(B2) Interrogé sur Europe1 ce mardi matin (6 novembre), alors qu'il célèbre le centenaire de l'armistice de la Première guerre mondiale, le président français Emmanuel Macron s'est montré pugnace, décidé, en campagne électorale pour les Européennes. S'il a redit son désir d'Europe souveraine, il a enfilé les pas de ses prédécesseurs dénonçant un nationalisme qui […]
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Les sanctions sur le Venezuela prolongées

Tue, 11/06/2018 - 16:05
(B2) Ainsi qu'annoncé (lire : Carnet 26.10.2018), l'Union européenne a renouvelé, ce mardi (6 novembre), l'embargo sur les armes et les mesures restrictives ciblées contre plusieurs responsables venezuéliens. Ce pour une année supplémentaire, jusqu'au 14 novembre 2019. Une prolongation justifiée par « la dégradation continue de la situation au Venezuela » précise le Conseil des ministres […]
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EUTM Mali. L’Allemagne prend le lead

Tue, 11/06/2018 - 08:55
(B2 - exclusif) C'est le général allemand Peter Mirow qui va prendre la tête de la mission de l'UE de formation de l'armée malienne (EUTM Mali) à compter de lundi prochain (12 novembre), remplaçant le général espagnol Enrique Millán Martínez Il doit être nommé 'commandant de la force' par les ambassadeurs du COPS, le comité […]
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Carnet (05.11.2018). Confidentiels (COPS). PSDC (Syrie-envoyé spécial, MINUSMA-représentant, Minurso-prolongation, Garde européenne-proposition). Défense (Centrafrique-armes, Danemark-CEMAT, Norvège-Nh90). Diplomatie (Partenariat oriental, Soudan du...

Mon, 11/05/2018 - 10:40
(B2) Parus récemment : Les USA rétablissent la dernière phase de sanctions sur l'Iran. Les Européens répètent leur opposition L’initiative européenne d’intervention. Un projet français rejoint par neuf autres pays (fiche) (blog) L’Euro peine à s’imposer au niveau international (blog) Une enquête ouverte en Italie sur un possible refus de secours d’un navire US Un […]
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Les USA rétablissent la dernière phase de sanctions sur l’Iran. Les Européens répètent leur opposition

Mon, 11/05/2018 - 07:30
(B2) Les Etats-Unis sont passés lundi (5 novembre) à la seconde phase du rétablissement des sanctions contre l'Iran. Une phrase commentée de part et d'autre de l'Atlantique. Les ministres des Finances de l'UE doivent notamment se retrouver le 6 novembre pour mettre au point un dispositif de contre-sanctions. Des sanctions complètes Les USA ont décidé […]
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L’initiative européenne d’intervention. Un projet français rejoint par neuf autres pays

Sun, 11/04/2018 - 14:18
(B2) L'initiative européenne d'intervention (IEI ou EI2) est née du côté français afin de remédier aux défauts de la coopération structurée permanente (PESCO), jugée très éloignée de l'idée de départ — un noyau dur pour les pays volontaires — , trop peu opérationnelle et trop ouverte à tous au goût des Français. Une lettre d'intention […]
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L’Euro peine à s’imposer au niveau international

Sun, 11/04/2018 - 09:14

(B2) La mise en place de sanctions américaines sur l’Iran, dès le 5 novembre, à visée extraterritoriale remet sur le devant de la scène le poids de l’Euro sur la place internationale. B2 a regardé où en est la monnaie unique. Le résultat n’est pas fameux.

Un retour au-dessous du niveau de l’introduction de l’Euro

Un simple graphique en témoigne… Selon les dernières statistiques de la banque centrale européenne, le poids de l’Euro a atteint aujourd’hui un niveau inférieur de près de deux points à taux de change constants à celui qu’il était lors de l’introduction de la monnaie unique comme monnaie scripturale. Il reste encore inférieur d’un demi-point à taux de change courants.

Le poids de l’Euro sur la scène internationale a rapidement augmenté passant de près de 24% à plus de 27% jusqu’à 2003 avant de se stabiliser à moins de 26%. C’est la crise financière de 2006-2007 qui a entraîné une chute rapide et constante jusqu’à se stabiliser – avec une mini-reprise en 2018.

Un niveau historiquement bas

Les économistes de la Banque centrale européenne (BCE) ne font pas l’ombre d’un doute sur cette chute. « La part de l’euro dans un large éventail d’indicateurs – est resté proche des niveaux historiquement bas de la période considérée. [Ce] malgré les signes de stabilisation générale » note la BCE dans son rapport de juin 2018. Et la remontée n’est pas là. « L’amélioration du sentiment vis-à-vis de l’euro et le renforcement de la croissance dans la zone euro, qui ont largement contribué au renforcement du taux de change de l’euro en 2017, ne se sont pas encore traduits à ce jour dans tous les indicateurs de l’utilisation internationale de la monnaie. »

La seconde monnaie au monde

Certes l’Euro reste la seconde monnaie au monde (cf. encadré), mais souvent loin derrière les USA. Elle n’arrive pas à constituer le quart le plan des réserves internationales (20,2%), de la dette (23,4%) comme des obligations (23,2% respectivement) de l’expression internationale, là où le dollar dépasse les 50% (56,3% des obligations) voire les deux tiers (62,2% de la dette et 62,7% des réserves de change). Pour les transactions de change, elle n’est qu’à un petit sixième (15,7%) là où le dollar constitue près du triple (43,8%). Ce n’est que pour les paiements effectués à l’échelle mondiale qu’elle talonne le dollar (35,7% contre 39,9%).

Utiliser le dollar : une aberration de puissance ?

Lors de son discours sur l’Etat de l’Union le 12 septembre dernier à Strasbourg, le président de la Commission européenne Jean-Claude Junker avait reconnu qu’il faut « faire plus pour permettre  à notre monnaie unique de jouer pleinement son rôle sur la scène internationale ». Et de donner quelques exemples d’aberrations économiques : « Il est aberrant que l’Europe règle 80% de sa facture d’importation d’énergie – qui s’élève à 300 milliards d’euros par an – en dollars américains alors que 2% seulement de nos importations d’énergie nous proviennent des Etats-Unis. Il est aberrant que les compagnies européennes achètent des avions européens en dollars et non pas en euros. »

Un instrument de souveraineté européenne

« L’euro doit devenir l’instrument actif de la nouvelle souveraineté européenne » affirmait encore Jean-Claude Juncker « C’est la raison pour laquelle la Commission présentera, avant la fin de l’année en cours, des initiatives pour renforcer le rôle international de l’euro. »

Leçon : le poids de l’Euro dans le monde, une nécessité pour l’indépendance européenne

C’est un demi-échec (1) pour la monnaie unique qui ambitionnait, entre autres, de permettre aux pays qui en étaient membres de renforcer leur poids sur la scène internationale.

Cette faiblesse de la monnaie européenne rend d’autant plus efficace l’extra-territorialité des sanctions américaines qui visent à sanctionner les entreprises européennes qui commerceraient avec l’Iran, comme avec d’autres pays que déciderait de bannir Washington.

Le poids de l’Euro au niveau international est primordial pour que l’Europe puisse affirmer sa puissance et son indépendant. S’il reste faible, les autres projets en matière diplomatique ou de défense pourraient rester vains.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Sur le même sujet, lire :

Qui utilise l’Euro comme monnaie ?

« L’euro est devenu la deuxième monnaie la plus utilisée au monde. 60 pays lient d’une manière ou d’une autre leur propre monnaie à l’euro » indiquait Jean-Claude Juncker le 12 septembre. Un chiffre qui ne doit pas faire illusion. Il englose les 19 pays de la Zone Euro, certains pays de l’UE non membres de la Zone Euro qui arriment leur monnaie à l’Euro (Bulgarie, Danemark, …), les territoires français d’outre-mer utilisant le franc pacifique (Nouvelle Calédonie, Polynésie française, Wallis et Futuna), les huit pays de la zone Franc CFA et quelques autres pays africains, quelques micro états européens (Andorre, Monaco, St Marin, Vatican) ou des Balkans (Monténégro, Kosovo et Bosnie-Herzégovine).

(1) Un demi-échec car il est difficile d’évaluer si les monnaies restées nationales n’auraient pas connu un effacement similaire, voire supérieure, dans une situation identique (crise financière + montée des marchés émergents et de la Chine comme concurrent mondial).

NB : cet élément fait partie d’un exposé plus large consacré à l’Europe de la défense aujourd’hui aux Entretiens de la Citadelle à Lille le 25 octobre 2018.

Categories: Défense

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