(B2) Établi entre la Marine et des armateurs français, le contrôle naval volontaire (CNV) repose sur un principe assez simple : l’échange
Le contrôle naval volontaire est divisé en quatre zones. Ici la zone Atlantique-Méditerranée (© NGV / B2)Une fois inscrit au MICA Center, le capitaine du navire (ou son équipage) peut recevoir des informations sécuritaires sur les zones où le protocole s’applique et des recommandations sur la conduite à adopter.
Une seule inscription, trois raisons
En pratique, le contrôle naval volontaire comprend :
• le report des intentions et mouvements des navires par leur capitaine auprès du centre de suivi national et des commandants de zone maritime (CZM) lorsqu’ils transitent dans des zones à risques de piraterie ou de terrorisme ;
• la diffusion aux officiers de sécurité des compagnies et aux capitaines des navires d’informations relatives à la situation nautique et militaire dans leur zone, et des recommandations de routes à suivre et de comportement à adopter ;
• les navires marchands sont invités à reporter tout évènement ou activité en mer ou en escale, qui paraît suspect et pourrait être lié au crime transnational et aux activités illicites. Cela permet à la Marine d’avoir une connaissance plus fine des différentes zones à risques et des activités qui s’y déroulent.
Actuellement, quatre zones de contrôle naval ont été définies : le Golfe de Guinée, la Méditerranée et l’Atlantique, l’Océan Indien et l’Asie du Sud-Est.
L’objectif : la protection du trafic maritime
Le contrôle naval volontaire « contribue ainsi à la protection du trafic maritime, en permettant de suivre des navires et au besoin de les orienter » souligne-t-on à la préfecture maritime de Brest. En cas de difficulté, ce suivi « permet d’être en mesure de leur porter assistance dans les meilleurs délais ».
Une fiche sur chaque navire
« On a une fiche sur chaque navire. Dès qu’ils rentrent dans la zone. Ils donnent les informations de base, le téléphone du navire, du mess, le contact du CSO (company security officer). » Ce qui permet ensuite aux officiers de quart de pouvoir réagir plus vite en cas d’incident.
En cas d’alerte
Quel que soit le centre, la procédure est sensiblement la même en cas d’alerte. L’opérateur décroche 24h/24 7 jours sur 7 365 jours par an. Il prend l’ensemble des informations. Une fiche type permet de noter toutes les informations : la position, la liste de l’équipage, le numéro de téléphone de la citadelle, etc. Il peut y avoir du stress. « Parfois, l’officier de permanence entendait les bruits de lutte en fond dans le téléphone. » Autant donc ne rien oublier. Pour pallier à ce stress, certains bâtiments ont des messages préenregistrés permettant de donner l’alerte.
Le relais passé à l’opérationnel
L’officier de permanence prévient ensuite l’ensemble des acteurs. Par exemple un des centres opérationnels basés dans un des pays riverains du Golfe de Guinée ou le quartier général de Rota (en Espagne) — si l’incident se passe dans le Golfe d’Aden ou dans l’Océan indien au large de la Somalie ou du Kenya. Brest passe alors la main pour tout l’aspect opérationnel : l’envoi et l’intervention des navires et des avions.
Des convois organisés dans la Golfe d’Aden IRTC
Les navires s’inscrivent sur une liste et un créneau est organisé pour le passage. C’est devenu l’exception aujourd’hui, alors que durant la phase aigüe de piraterie, c’était devenu un mode régulier de traversée. Mais certains navires préfèrent encore ce mode opératoire, un peu complexe. En général, ce sont des navires qui pourraient constituer des proies trop sensibles (navires plus lents, avec faible tirant d’eau, etc.). « Nous essayons de les rassembler, et d’avoir une escorte plus serrée, pour les accompagner dans la progression vers l’Océan indien et la Mer rouge » explique un officier du MSCHOA.
(Nicolas Gros-Verheyde)
La citadelle, pièce maitresse anti-pirates
C’est devenu une pièce maitresse de la sécurité de l’équipage face à une attaque pirates. Souvent placées au cœur du bateau, elle n’apparait normalement pas dans le plan du navire et est prévue pour durer, avec de la nourriture et des communications. Dans les constructions modernes, le réseau de télécommunications est intégré. Tout l’équipage se met dedans. Et laisse le navire à l’arrêt.
« Au bout d’un moment, les pirates savent qu’ils ne peuvent plus rester longtemps. A partir du moment où ils voient des moyens arriver, qu’il y a une réponse, ils ne vont pas insister », précise un officier. L’objectif est davantage le vol que de prendre des otages pour les rançons. Contrairement à la piraterie somalienne, la piraterie dans le Golfe de Guinée n’a pas vraiment de lieu où se réfugier.
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“North Macedonia is now part of the NATO family, a family of 30 nations and almost 1 billion people. A family based on the certainty that, no matter what challenges we face, we are all stronger and safer together," NATO Secretary General Jens Stoltenberg said in a statement. Macedonian President Stevo Pendarovski said: "We cannot rejoice and mark the event as it should [be marked] … But, this is a historic success that after three decades of independence, finally confirms Macedonian security and guarantees our future. Congratulations to all of you! We deserve it!”
Pendarovski signed the so-called instrument of accession after Spain earlier in the week became the last alliance member to ratify the former Yugoslav republic’s membership.
Since gaining independence, one of the strategic goals of the country was to join NATO, as was stated in 1993, and the relationship with Alliance was always marked by close cooperation. North Macedonia joined NATO’s Partnership for Peace (PfP) in 1995, and in 1999 the country submitted its first Membership Action Plan. Furthermore, North Macedonia deployed troops in support of the NATO-led International Security Assistance Force in Afghanistan from 2002 to end 2014 and is currently supporting the follow-on Resolute Support mission to train, advise and assist the Afghan security forces. Before that, the country was a key partner in supporting NATO-led operations in Kosovo in 1999, as well as to provide logistical support to the Kosovo Force (KFOR) mission.
The 20th NATO Summit in Bucharest in 2008 was more than symbolic, as it was expected that Albania, Croatia and (then) Macedonia would receive an invitation to join NATO. However, although Albania and Croatia did receive the invitation and became members a year later.
It marks the end of a long quest for the former Yugoslav republic. Joining NATO and the European Union has been a priority for its leaders, but a dispute with neighboring Greece over the country’s name stalled progress for more than two decades. North Macedonia previously was known as FYROM (Former Yugoslav Republic of Macedonia), a name it shared with a Greek province. Under a 2017 deal with Athens, the country changed its name and Greece agreed to drop objections to its NATO and eventual EU membership.
On the other hand, Kržalovski thinks that until now the participation of North Macedonia in NATO mission was symbolic.
“We have also increased defense part of the budget, though we are not at the level of 2% of the GDP yet. As a small country, both the requirements and expectations from other members are not so high, and our participation so far in NATO missions were rather symbolic, although we have participated with a relatively high number of soldiers in proportion to the overall size of the Army”, explains Kržalovski.
The budget increase that he mentions is DEN 10,133,000,000 for 2020, or about 1.4% of North Macedonia’s total GDP, which is an increase over 2019 when it was about 1.19% of total GDP. Interestingly, this is a third year of the defense budget increase, but it is still far from the prescribed 2% of BDP. However, this is not a major problem, as many current NATO members have not fulfilled this provision.
(B2 à Brest) Dans les tréfonds de la préfecture maritime Atlantique, ne se trouvent pas uniquement le commandement des forces nucléaires françaises, mais aussi hub de surveillance maritime
© NGV / B2Trois salles d’opération, un même objectif : surveillance contre la piraterie
Au sein du MICA Center (Maritime Information Cooperation and Awareness Center), trois structures fonctionnent côte-à-côte dans des formats légèrement différents : une partie est directement gérée par la marine nationale, puis deux unités spéciales internationales, l’une dédiée au Golfe de Guinée (MDAT-GOG), l’autre à l’Océan indien et le Golfe d’Aden (MSCHOA). Ensemble, ils forment un hub, un centre d’expertise maritime dédié aux navires, contre la piraterie. « Pour faire de la diffusion des informations, cela ne fera pas tout seul dans son coin » remarque un officier.
Le MICA Center proprement dit
Six opérateurs en tout font du recueil de l’information. Ils suivent quotidiennement 200 navires, qui ont signé un protocole d’accord de suivi volontaire avec la marine nationale française. C’est cela qui leur permet d’avoir accès des infos sur la zone qui les intéresse, et d’avoir un point de situation hebdomadaire. Les officiers des navires reportent par mail, par téléphone, via un site dédié FMS. 3000 mails par mois sont ainsi traités.
Un vrai hub d’information
C’est un vrai hub, un réseau d’information. Le centre fournit aux navires et armateurs des informations dont ils ont besoin, un cliché quotidien, des alertes en cas d’attaques, des informations périodiques, des synthèses périodiques, et des publication à plus long terme (tel le bilan piraterie).
Du sous-sol à l’entresol, en attendant la grande salle
Au fil du temps, et au gré des besoins, le MICA a grossi. Il regroupe aujourd’hui en tout une trentaine de personnes. Cette montée en puissance se reconnait à un signe. À ses débuts, le Mica était au sous-sol de la préfecture. Aujourd’hui, il est remonté d’un étage vers l’entresol…
Financé par l’État
Il est financé pour l’essentiel par la marine nationale (française), sauf le MSCHOA qui bénéficie d’un financement européen solidaire (via le mécanisme Athéna). Pour les navires, le service ne coûte rien. C’est un service qui est fourni gratuitement de façon régalienne. Les armateurs ne mettent pas d’argent. Et ils n’ont aucunement l’intention d’en mettre (1).
Dans une petite salle à côté, se trouve le MSCHOA
C’est le dernier né de la panoplie du MICA Center. Élément essentiel du commandement européen anti-piraterie (basé à Rota, en Espagne), il assure le suivi de l’opération européenne anti-piraterie EUNAVFOR Atalanta, et ainsi le lien nécessaire entre les militaires et la marine marchande.
La carte de la Somalie accrochée dans le MSCHOA avec ses différentes zones d’intervention (© NGV / B2)Dans une petite pièce de 20 m2, cinq à six opérateurs travaillent en permanence, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sur le même principe que ‘ceux d’en face’ (la nuit est coupée en deux quarts 20h à 2h et 2h à 8h). Ici, 120 navires sont suivis par jour. Le corpus est plus international avec un officier espagnol, un autre belge.
Le suivi se fait plus précis dans le ‘couloir de transit recommandé sur le plan international’ (IRTC dans le jargon maritime) qu’empruntent chaque jour des dizaines de navires de toute nationalité et de tous types, pour aller de la mer rouge après le canal de Suez au détroit d’Ormuz ou Golfe d’Oman (et retour).
Le dispositif Mercury permettant de relier tous les navires engagés dans la lutte anti-piraterie pour les informations courantes (non classifiées) © NGV / B2La surveillance du Golfe de Guinée
Le MDAT GOG (Maritime Domain Awareness for Trade-Gulf of Guinea) surveille la situation dans le Golfe de Guinée en vertu d’un accord franco-britannique. Il fonctionne depuis 2016, c’est le plus ancien de ces trois dispositifs en fait.
L’accès à ce service est ouvert à tous les navires présents dans le Golfe de Guinée, peu importe leur pavillon ou leur nationalité. Il y a environ 950 navires inscrits. Et un peu plus de 400 navires suivis par jours.
Le matériel est fourni par les Britanniques. Les Français apportent le personnel et le bâtiment. Un centre miroir est installé à Portsmouth au Royaume-Uni. Le chat est ouvert en permanence. La boite mail est partagée. « On se répartit les tâches en même temps. » On sort de rivalités et concurrence ancestrales avec un partage d’informations.
Un principe : le partage de l’information
Objectif : assurer une surveillance de ce qui se passe en mer dans les différents points du globe. Ce qu’on appelle dans le jargon maritime, le contrôle naval volontaire (ou CNV).
« Une partie de la solution réside dans la circulation de l’information. Elle doit être la plus fluide possible afin de permettre aux acteurs de l’industrie maritime nationale de s’affranchir des dangers présents dans les zones » qu’ils traversent expliquait en 2016, le capitaine de frégate Franck Musique, le numéro 2 du commandement de Brest.
La meilleure des préventions, alerter
Ce principe reste le même aujourd’hui. « En donnant l’alerte, on prévient d’autres attaques. En effet, en général, une attaque qui échoue est suivie d’autres. L’information à temps permet à d’autres navires de réagir et d’éviter de se faire pirater », affirme le contre-amiral Nicolas Vaujour, en charge des opérations de la marine nationale.
En lien avec d’autres centres
Le Mica Center est relié à d’autres centres civils : le CRFIM de Madagascar, l’IRC de Singapour … cinq centres en tout. Dans chacun d’entre eux, il y a des officiers français insérés. Ce dispositif est en passe de se compléter. Un centre est ainsi en création en Inde, à New Delhi, un autre en passe de se créer dans le Pacifique. « Chacun ressent le besoin de faire la fusion de ses informations en matière maritime » poursuit le contre-amiral.
Du personnel expérimenté
Une trentaine de marins travaillent ici. Tous ont navigué. Ils ont au moins deux galons, avec des qualifications bien diverses. On trouve ainsi des navigateurs, des détecteurs guetteurs sémaphoriques, des navigateurs timoniers. « Nous avons besoin de gens qui ont vécu des opérations — précise le capitaine de corvette Gilles Chehab, commandant le MICA Center —, ont vécu en mer, savent de quoi il s’agit. »
(Nicolas Gros-Verheyde)
Pour les armateurs pas question de payer
Le président d’Armateurs de France, Jean-Marc Roué, l’a redit à Brest devant la presse : « payer le service, je ne sais pas si c’est vraiment nécessaire. […] Un état souverain comme la France, qui est leader en Europe, n’a pas le choix que d’être super équipé. » Et les compagnies maritimes investissent déjà beaucoup pour leur propre sécurité. « Il n’y a pas une compagnie [sérieuse] qui va aller naviguer dans une zone à risque sans avoir prévu des mesures de sécurité, telle une citadelle. » « Lever un impôt supplémentaire n’est donc pas la question. »
A suivre :
Lire aussi :
Sur la partie du reportage à Rota (Espagne) :
Reportage réalisé en octobre à Rota (en solo) et fin novembre à Brest
Cet article Au cœur du MICA Center. 1. La surveillance de toutes les mers du globe est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
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Des opérations entamées avec le confinement décidé par la Chine
Les opérations de rapatriement ont, en fait, commencé depuis plus d’un mois et demi, avec les premiers rapatriés de Chine. Mais leur rythme s’accélère, surtout depuis que l’Union européenne a décidé de mettre en œuvre des restrictions aux frontières extérieures de l’espace Schengen. « Environ 80.000 personnes » résidant dans l’Union européenne se trouvent actuellement hors du territoire européen, estime Peter Stano, porte-parole du service diplomatique de l’UE, mercredi (18 mars).
Une première activation par la France
Fin janvier, la France est la première à activer le mécanisme de protection civile en relation au Covid-19. Trois avions (deux français et un allemand), cofinancés par l’Union européenne, rapatrient ainsi 558 personnes depuis Wuhan, en Chine. Du côté français, le 31 janvier, c’est un A340 de l’escadron de transport 3/60 ‘Esterel‘ de l’armée de l’air, habituellement stationné à Creil (base aérienne BA 110), qui effectue la rotation. Il est suivi, 48 heures après, par un A380 affrété spécialement. Le 9 février, c’est au tour du Royaume-Uni de rapatrier 95 citoyens européens depuis Wuhan. La Commission européenne cofinance les frais de retour pour les citoyens depuis le Royaume-Uni jusqu’à leur pays d’origine.
Une multiplication d’opérations
Le 19 février, deux avions italiens, cofinancés par l’UE, partent en direction du Japon pour rapatrier les citoyens européens bloqués sur le navire de croisière Diamond Princess. Le 9 mars, Londres active, à son tour, le mécanisme de protection civile, pour rapatrier des citoyens britanniques et européens bloqués sur un autre navire de croisière, Grand Princess (1). Deux jours plus tard, un avion britannique quitte Oakland aux États-Unis avec 168 personnes à bord, direction Birmingham.
L’Autriche, dernière en date
Suite à l’activation par l’Autriche du mécanisme de protection civile, un avion se pose, le 17 mars, à Vienne en provenance du Maroc avec « environ 290 citoyens européens à son bord », explique le jour-même le porte-parole en chef de la Commission européenne, Éric Mamer, en salle de presse. « Un second vol autrichien a permis à 315 autres citoyens de l’Union européenne de quitter le Maroc » informe la Commission européenne le lendemain.
Prochaines opérations en discussion
De prochaines opérations sont déjà en discussion. L’Allemagne, notamment, active le mécanisme jeudi (19 mars). Elle demande de l’aide pour coordonner treize vols de rapatriements de citoyens européens bloqués, entre autres, en Égypte, au Maroc, aux Philippines, en Tunisie et en Argentine. Le jour précédent, la République tchèque convient d’envoyer un avion pour rapatrier des citoyens européens coincés au Vietnam. Vendredi (20 mars), la Commission annonce l’activation du mécanisme par la Belgique afin de rapatrier des citoyens européens depuis la Tunisie.
Plus de 1400 citoyens rapatriés
Au 19 mars au soir, le mécanisme de protection civile a permis le rapatriement de plus de 1400 citoyens de l’Union européenne vers l’Europe depuis le début de l’épidémie du Coronavirus. Rien que cette semaine, 619 citoyens européens ont bénéficié de ce soutien.
(Clara Gantelet, st.)
Un mécanisme de soutien aux États
Si l’assistance consulaire est principalement la responsabilité des États membres, dans une crise, l’Union européenne aide à coordonner celle-ci. Le service diplomatique européen (SEAE) a ainsi une unité de coordination consulaire. Du côté des opérations conjointes, elles sont cofinancées (jusqu’à 75% par le budget de l’Union européenne) et coordonnées via le mécanisme européen de protection civile établi au sein de la Commission européenne. Les États membres mettent les moyens à disposition. Dans ce cas-ci, des avions. La DG ECHO (Protection civile et opération d’aide humanitaire) de la Commission se charge de compiler les informations, de les redistribuer et de coordonner les opérations, notamment via son centre de coordination de la réaction d’urgence (lire : Dans la salle de crise de la Commission européenne, à l’heure du Coronavirus).
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Formateur du 4 Riffles (flux images : MOD UK / sélections B2)Une mesure de précaution
La cause n’est pas politique cette fois, même si les Britanniques ont eu un mort parmi les leurs il y a quelques jours (lire : Regain de tensions en Iraq entre Américains et milices chiites soutenues par l’Iran). C’est une « mesure de précaution du fait de la pandémie mondiale » explique le quartier général des opérations britanniques, qui est un des premiers à avoir communiqué sur le sujet. Londres a d’ailleurs décidé de réagir vite.
Plus de la moitié du contingent rentre au pays
Une partie du personnel déployé en Iraq va être « redéployée au Royaume-Uni ». Ces troupes resteront « prêtes pour toute une série de déploiements potentiels dans le monde entier, tout en ayant la possibilité de soutenir leurs proches confrontés aux défis du virus » précise le QG britannique. Selon nos confrères outre-manche, notamment Deborah Haynes, de Skynews, plus de la moitié des 400 militaires britanniques rentreraient ainsi au pays.
Une mission de formation ralentie depuis plusieurs mois
Les tensions début janvier en Iraq et avec l’Iran ont entraîné une suspension des activités qui n’a jamais vraiment repris (lire : L’OTAN et la Coalition contre Daech suspendent leurs activités en Irak. Trop dangereux). Ce, malgré les commentaires plus optimistes. « Au cours des derniers mois, le rythme de l’entraînement a considérablement diminué. Ce qui signifie que je suis en mesure de ramener les unités chargés de la formation » reconnait le ministre de la Défense, Ben Wallace.
Une empreinte minimale conservée
Le Royaume-Uni conservera « le personnel militaire clé dans tout le pays pour s’assurer que le gouvernement irakien, la Coalition mondiale et les intérêts nationaux du Royaume-Uni sont correctement soutenus » assure le ministre de la défense (1). Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, qui vient de tenir une conférence de presse ce jeudi (19 mars), en vidéo, n’a à aucun moment mentionné cette suspension des activités. Petit cachottier…
(Nicolas Gros-Verheyde, avec AP pour l’OTAN)
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(B2) Depuis une semaine, l’Iraq est de nouveau le théâtre d’une remontée de tensions entre les Américains et les chiites irakiens soutenus par l’Iran. Une escalade qui a débuté avec la mort de trois militaires de la coalition en Irak la semaine dernière
Une attaque sur le camp Taji fait trois morts
Une « trentaine de roquettes ont été lancées depuis un camion contre la base d’entraînement irakienne » sur le camp Taji, près de Kirkouk, qui abrite des forces de la Coalition internationale contre Daech, mercredi (11 mars), a en effet indiqué le ministre de la Défense américain, Mark Esper. L’attaque a fait cinq morts.
Deux Américains …
Fidèles à leur tradition de transparence, les Américains ont assez vite confirmé l’identité des victimes. Le premier (Juan Miguel Mendez Covarrubias, âgé de 27 ans) appartient au 227e régiment d’aviation de la 1ère brigade aérienne de la cavalerie (1st Air Cavalry Brigade, 1st Cavalry Division), élevé à titre posthume au rang de Army Specialist (caporal). Le second (Sgt. Marshal D. Roberts, âgé de 28 ans) est un homme du génie, de la force aérienne de la garde nationale de l’Oklahoma (Engineering Installation Squadron.
… et une Britannique
La Britannique (Brodie Gillon, 26 ans) était Lance Corporal du Scottish and North Irish Yeomanry, un régiment de réserve de la cavalerie légère. Thérapeute du sport, elle a rejoint les forces armées en septembre 2015 comme réserviste dans sa spécialité, technicienne médicale de combat. Elle s’était portée volontaire pour faire partie du déploiement en Iraq du groupement tactique Irish Guards, le régiment d’élite nord-irlandais, comme l’a précisé le ministère britannique de la défense.
Plusieurs blessés
Quatorze militaires ont été blessés (Américains, Britanniques, Polonais et contractants). Du côté polonais, on est moins disert. Tout ce qu’on sait c’est que « la vie [du soldat blessé] n’est pas en danger » comme l’a confirmé le commandement opérationnel polonais. « Les soldats polonais sont en sécurité et la situation dans la base est sous contrôle constant » a ajouté le ministre de la défense Mariusz Błaszczak via twitter.
L’Iran mis en accusation
C’est la milice à majorité chiite et pro-iranienne qui opère en Iraq, Kataeb Hezbollah, qui « a mené l’attaque », affirme le Pentagone. En plus, selon les Américains, la milice et par extension l’Iran, « a été impliquée dans 12 attaques à la roquette contre les forces de la coalition au cours des six derniers mois ».
Une réponse « défensive » des Américains
Les États-Unis ne tardent pas à répliquer. Dès le lendemain, jeudi (12 mars), ils annoncent « des frappes défensives, proportionnelles et en réponse directe à la menace posée par les milices chiites soutenues par l’Iran », justifie le ministère US de la défense. Leur objectif : « cinq installations de stockage d’armes [du Kataeb Hezbollah], afin de dégrader considérablement leur capacité à mener de futures attaques contre les forces de la Coalition ». L’affrontement aurait pu s’arrêter ici. Mais apparemment les milices continuent de frapper.
… mais condamnée par l’Iraq
L’Iraq « condamne l’action [des États-Unis] comme une violation de la souveraineté nationale », a déclaré la présidence via twitter. « Cette attaque a entraîné le martyre et les blessures d’un certain nombre de membres des forces de sécurité irakiennes ainsi que de civils irakiens innocents », dont trois soldats, deux policiers et un civil rapporte la BBC le lendemain.
Bientôt une nouvelle escalade ?
Samedi (14 mars), à 10h51 (heure d’Irak), « au moins 25 roquettes de 107 mm » touchent encore une fois le camp Taji, affirme le porte-parole de la Coalition contre Daech, le colonel Myles B. Caggins III via twitter. Trois militaires de la coalition sont blessés ainsi que deux irakiens. Lundi (16 mars), une nouvelle attaque frappe une base d’entraînement au Sud de Bagdad, où les troupes de la coalition et les formateurs de l’OTAN sont présents. Cette fois-ci, sans victimes. Les USA ne répliquent pas, du moins, de façon apparente. Dernière attaque en date : mardi (17 mars), des roquettes frappent la ‘zone verte’ de Bagdad, atterrissant à 2km de l’ambassade américaine.
Commentaire : regain de tension et stoïcisme
La zone avait été plutôt ‘calme’ depuis les escarmouches qui avait suivi la mort du contractant américain de la Coalition en décembre dernier. Il avait été tué dans l’attaque sur une base militaire irakienne près de Kirkouk. Déjà à cette époque, les US accusaient le Kataeb Hezbollah. Une action qui avait justifié, notamment, la frappe des Américains sur le général iranien Qassem Soleimani en janvier. S’en était suivie l’escalade des tensions entre l’Iran et les US pendant deux semaines, avant que la situation se calme enfin.
Un stoïcisme étonnant
Contrairement à cette période, cette fois, les Américains endurent sans vraiment (sur)réagir, du moins par la manière forte immédiate. Ce qui semble étonnant quand on connait l’hyper-sensibilité outre-Atlantique aux menaces iraniennes et du moins totalement différent de l’escalade qu’on avait connu en janvier (1). La raison de ce stoïcisme doit sans doute être recherchée ailleurs. Les forces de la coalition ne veulent pas tomber dans le jeu de la provocation et de l’escalade. Ce qui semble être le but recherché. Une réplique trop forte pourrai justifier une nouvelle action, plus politique celle-là, visant à ne pas renouveler ‘le bail’ des troupes occidentales en Iraq. Il faudra voir combien de temps… ce stoïcisme demeurera.
(Aurélie Pugnet, avec NGV)
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Comme à l'habitude, la Toile a vite pris feu : video et photos à l'appui, on voyait à Charenton et Montreuil des convois de blindés convergeant vers le centre de la capitale. On imaginait, avant même les annonces présidentielles du lundi soir, un couvre-feu, des barrages militaires. Bref, l'état d'urgence allait être instauré contre le coronavirus, avec déploiement de l'armée. Pour l'heure il n'en est rien.
- Défense en ligne / Armée, Défense, France, Santé(B2) La crise du Coronavirus est grave et impose des mesures d’exception. Mais nous ne sommes pas en guerre. Prétendre le contraire pourrait être une erreur, historique, politique et sémantique
La répétition à outrance, dans un discours public — comme l’a fait le président français Emmanuel Macron lundi (16 mars) de façon très appuyée — est pour le moins troublante.
La banalisation d’un mot
Il y a cinq ans, nous étions en guerre contre le terrorisme. Aujourd’hui c’est contre le coronavirus. Demain contre quoi ? Cette absence d’inventivité dans la terminologie de crise prête pour le moins à interrogation. Quel mot utiliserons-nous quand nous serons réellement en guerre, avec mobilisation générale de la population, engagement au front, bombardements et tueries, etc ? Si un journaliste, un écrivain peut employer cette terminologie dans un langage de tous les jours, ou que les hôpitaux sont sur le pied de guerre, on peut s’interroger si c’est bien le rôle d’un chef d’État, également chef des armées, de proclamer cet état de guerre, sans pour autant déclencher la guerre.
Une terminologie contradictoire avec l’objectif
Tout d’abord, cette évocation prête à confusion. Elle est contradictoire avec le mot d’ordre ‘ne vous affolez pas’, ‘réfléchissez’, penser autrement. Au lieu de rassurer, ce discours contribue à l’anxiété générale. Le rôle d’un président n’est-il pas plutôt d’être là, de prévoir, de décider, de donner des orientations, des consignes ou des ordres ? Il n’est pas de générer et entretenir les peurs. En revanche, il peut reconnaître des erreurs. Avoir convoqué la population à un premier tour des élections était ainsi d’une inconséquence notable (1).
Une erreur de définition
Ensuite, si on prend la définition de Carl (von Clausewitz), un des penseurs ‘de la guerre’, il y a une erreur lexicale. Certes le « but premier » de la guerre est de « terrasser l’adversaire afin de le mettre hors d’état de résister ». Mais il ne faut pas en rester à ce premier élément, c’est la suite qu’il faut lire. La guerre est « un acte de violence dont l’objet est de contraindre l’adversaire à se plier à notre volonté ». Or, jusqu’à nouvel ordre, le virus n’a pas vraiment de volonté à imposer ni de régime précis qu’il entend mettre en place. C’est comme un incendie contre lequel on doit résister en mettant en vigueur les meilleurs pare-feux. Nous ne sommes pas en guerre.
Un manque de respect par rapport aux victimes de guerre
Utiliser ce mot dans ce contexte parait ressembler comme un exécutoire d’une génération (la nôtre) qui n’a pas vraiment connu la guerre. C’est un certain manque de respect par rapport aux générations qui ont vraiment connu les affres de la guerre (celle de nos parents ou grands-parents) ou vis-à-vis des populations qui la subissent encore (Syrie, Somalie, Yémen) ou l’ont connu récemment (Balkans, RD Congo, Algérie, etc). On ne peut pas comparer nos souffrances, même graves, avec un état de guerre. On ne peut pas ainsi comparer les ravages de la grippe espagnole en 1918-1919, aux traumatismes de la guerre 1914-1918, même si le rythme de mortalité a pu être identique.
Un état d’esprit différent
Rester chez soi confiné est certes astreignant, oblige à des changements de mentalité, d’organisation et de fonctionnement. Mais l’alimentation, l’eau, l’électricité et le chauffage tout comme le téléphone, restent fournis. Nous continuons d’être libres de dire ce que nous pensons partout. Nos enfants, nos amis, nos jeunes ne sont pas mobilisés pour aller risquer leur vie sur le front. Personne n’est soumis à la torture, etc. Rester ainsi confiné même de longs mois est sûrement moins ennuyeux que d’être contraint de vivre dans un camp de personnes déplacés dans les environs d’Idlib sous les bombardements russo-syriens. Les personnes mobilisées, comme le personnel sanitaire, sont soumis à rude épreuve et exposés au risque de maladie. Mais ils n’opèrent tout de même pas dans des souterrains, sous la contrainte ou dans l’angle de viseurs de snippers, comme en ex-Yougoslavie il y a quelques dizaines d’années ou en Syrie encore aujourd’hui…
Non, résolument non, nous ne sommes pas en guerre. Et heureusement…
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Mis en place avec tambours et trompettes après la crise épidémique d’Ebola, le corps médical européen reste inemployé.
Lors de la crise d’Ebola, nettoyage des bottes au Sierra Leone (crédit : ONU – Archives B2)Le corps médical européen peut « uniquement être activé sur demande d’un pays affecté » a précisé Stefan De Keersmaecker, porte-parole à la ‘Santé’ de la Commission européenne, répondant à une question de B2, lors du point de presse quotidien, mardi (17 mars). « À ce stade, il n’y aucune indication qu’une demande sera faite » .
« Actuellement, une équipe médicale d’urgence, trois postes médicaux avancés et deux laboratoires mobiles pourraient être considérés comme apte au déploiement en relation avec l’épidémie de Covid-19. »
Cependant, au vu de la situation « toute disponibilité de personnel à déployer par le biais de ce corps médical dépendra des capacités nationales ».
(Nicolas Gros-Verheyde avec CG, st.)
Lire : Épidémies, catastrophes… Le corps médical européen pourra désormais répondre
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(B2) La mission de l’UE auprès des forces de sécurité intérieure maliennes (EUCAP Sahel Mali) recrute 21 personnels en détachement et 7 contractuels (renseignements). Tandis que la nouvelle mission de conseil de l’UE aux forces centrafricaines (EUAM RCA) recrute 10 personnels en détachement et 13 en contrat (renseignements). Délai (dans les deux cas) : mardi 24 mars 2020 à 17h. À vos CV…
(CG, st.)
NB : Pour réviser, un seul conseil, le Manuel sur la PeSDC. La mise à jour est en cours d’écriture, sortie avril 2020 (inclus dans le prix de l’ouvrage).
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(B2) Entre Ankara et Bruxelles le torchon brûle dès qu’on parle gros sous. Chacun a une interprétation différente de l’accord conclu en mars 2016 afin de soutenir l’effort (réel) de la Turquie pour accueillir (et retenir) les réfugiés syriens chez elle. Les faits, les chiffres
L’accord entre l’Union européenne et la Turquie, conclu au sommet en mars 2016, prévoit un double financement : trois milliards d’euros tout de suite, trois autres milliards d’ici 2018 (cf. encadré). Soit six milliards en tout…
Combien d’argent a été engagé ?
La Commission européenne le reconnait : aujourd’hui seuls 4,7 milliards d’euros (sur 6 milliards €) ont été engagés. Seuls deux tiers de cet argent (3,2 milliards d’euros) ont réellement été déboursés et engagés sur le terrain. Concrètement, de la première tranche de 3 milliards €, près de 2,5 milliards € ont été payés. Et pour la seconde tranche de 3 milliards, on atteint juste 760 millions d’€.
Quand l’argent restant arrivera-t-il ?
La Commission européenne assure que la barre des 4 milliards € déboursés sera atteinte d’ici fin 2020. Mais pour les 2 milliards € restant, ce sera petit à petit. Pour chaque projet, la Commission européenne paye, en effet, une partie en avance au partenaire avec qui le contrat a été signé. Ce qui doit permettre de lancer le projet. Mais ensuite, les paiements se font au fur et à mesure que le projet avance. Or, certains projets vont continuer jusqu’en 2025.
L’engagement est-il tenu ?
Non, disent les Turcs. Oui, les Européens. Du côté de la Commission, on répète à qui veut l’entendre que les engagements et le calendrier sont tenus. Les six milliards promis sont actuellement tous « engagés » assure-t-on. Autrement dit « l’argent est réservé », puisque des projets ont déjà été choisis pour l’ensemble des six milliards. Dans la pratique, les contrats ont été signés avec les partenaires pour un total de de 4,7 milliards. Pour les 1,3 restants, correspondant principalement à la seconde tranche, les contrats devraient être conclus d’ici l’été.
L’argent ne devait-il pas être versé avant 2018 ?
Le timing est le point clé du désaccord entre Européens et Turcs. L’accord de 2016 n’entrant pas dans le détail, chacun interprète de manière différente. La Turquie considère que l’engagement était que l’argent devrait arriver au cours de la période mentionnée. À savoir : 3 milliards en 2016 et 3 milliards avant la fin 2018. Pour les Européens, c’est une tout autre interprétation. Certes, il est prévu que la Facilité pour les réfugiés en Turquie dispose d’un budget de 3 milliards d’euros pour 2016-2017 et 3 milliards d’euros pour 2018-2019. Mais l’engagement était que « les projets opérationnels doivent être engagés au plus tard le 31 décembre 2019 et faire l’objet de contrats au plus tard le 31 décembre 2020. »
Pourquoi est-ce si lent ?
Quand on pose la question à la Commission européenne, il faut vraiment tendre l’oreille pour entendre la réponse. Souvent on entend un gazouillis à peine murmuré : il faut conclure les contrats. La réalité est plus crue, comme nous l’a confirmé un expert sur la question : « c’est lent ! ». Il faut choisir l’organisme, signer un contrat, que celui-ci passe des appels d’offre, vérifier que tout est conforme, s’assurer que les dépenses sont bien éligibles, etc. Tout cela prend du temps. D’autant que les agences de l’ONU ne brillent pas non plus par leur rapidité. Les deux administrations additionnées produisent souvent un net allongement des délais. « Le miracle de la bureaucratie européenne » ironise une de nos sources.
Pour quels projets est utilisé l’argent communautaire ?
Aide de première nécessité, santé, éducation et intégration socio-économique sont au coeur de la Facilité pour les réfugiés en Turquie. Un des projets phare est le plan d’aide sociale d’urgence, mené sur le terrain par le Programme alimentaire mondial (PAM). Il a permis de distribuer une allocation mensuelle fixe (environ 30 euros par personne/mois) à plus de 1,3 millions de réfugiés, en leur distribuant des cartes de débit (à puce). Ce qui leur permet de retirer cet argent ou de payer directement dans les magasins. Très utiles
Nombre de projets, spécialement dans la seconde tranche, ont vocation à renforcer les infrastructures turques face à leur sur-utilisation. C’est surtout au niveau municipal que les projets sont menés, pour la construction de centres éducatifs ou médicaux, la contractualisation de personnel additionnel, ou encore la construction et réhabilitation des systèmes d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées.
On retrouve aussi des projets visant à « renforcer les capacités opérationnelles des garde-côtes turcs dans la gestion des flux migratoires en mer Méditerranée », sous la houlette de l’Organisation mondiale de la migration (OIM).
NB : voir la liste complète de projets financés par la Facilité pour la Turquie (février 2020).
Par qui transite l’argent communautaire ?
Dans une grande majorité des cas, les destinataires de la Facilité sont des agences de l’ONU ou des États membres, ainsi que des ONG. Le Programme alimentaire mondial a reçu un total de 1,4 milliard pour différents projets. L’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) a été choisie pour quatre projets, d’une valeur totale d’environ 90 millions d’euros. Médecins du Monde a, elle, des contrats pour 19 millions d’euros. Quant à l’Agence française de développement (AFD), elle travaille sur les systèmes d’approvisionnement en eau, avec un budget de prêt de 160 millions d’euros.
Dans trois cas, surtout dans les domaines de l’éducation ou de la santé, les projets financés sont menés par les ministres turcs. Ainsi, deux contrats ont été signés avec le ministère de l’Éducation, dans la première puis dans la seconde tranche, pour 300 puis 400 millions d’euros. Avec le ministère de la santé, un seul contrat de 300 millions a été signé (dans la première tranche), pour permettre l’accès à des soins mentaux pour 1 millions de réfugiés.
En proportion, les sommes qui passent directement par les caisses de l’état turc sont dérisoires. Or (c’est un point de discorde réel), Ankara espérait recevoir plus ou moins directement les 6 milliards d’euros pour compenser le coût des réfugiés. Pourtant, du côté européen on entendait passer par les opérateurs habituels de l’Union européenne en matière humanitaire, et pas vraiment par des opérateurs turcs. « Ce n’est pas un soutien budgétaire direct », précise à B2 un expert du dossier.
(Leonor Hubaut, avec Nicolas Gros-Verheyde)
Déclaration commune entre UE et Turquie, du 18 mars 2016 – point 6
« L’UE, en étroite coopération avec la Turquie, accélérera encore le décaissement des 3 milliards d’euros initialement alloués au titre de la facilité pour les réfugiés en Turquie et assurera le financement de nouveaux projets en faveur des personnes sous protection temporaire identifiés avec une contribution rapide de la Turquie avant la fin du mois de mars. Une première liste de projets concrets en faveur des réfugiés, notamment dans le domaine de la santé, de l’éducation, des infrastructures, de l’alimentation et des autres coûts de la vie, qui peuvent être rapidement financés par la facilité, sera établie conjointement dans un délai d’une semaine. Une fois que ces ressources seront sur le point d’être pleinement utilisées, et pour autant que les engagements ci-dessus soient respectés, l’UE mobilisera un financement supplémentaire de 3 milliards d’euros pour la facilité jusqu’à la fin de 2018. »
Lire aussi :
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