''Je suis heureux de publier un texte d'un jeune directeur pays au sein d'une grande société de Défense européenne et officier de réserve au sein des Armées, Romain Queïnnec. Mille mercis à lui. O. Kempf
Le directeur général de l'INCD (comparable à l'ANSSI en France) - Igal Unna - a passé en revue la posture Cyber d'Israël dans le contexte de la crise du COVID-19, à l'occasion du CyberTechLive d'avril 2020
La crise sanitaire mondiale et la course au vaccin que nous vivons actuellement fait naître une crise Cyber aux multiples facettes. D'une part, le contexte est particulièrement favorable aux agresseurs : explosion et déploiement anarchique du télétravail, sécurité affaiblie par la gestion à distance/délais de réactions/procédures non-maîtrisées, utilisateurs stressés moins vigilants, etc. Et, d'autre part, les mobiles d'agressions, quant à eux, sont nombreux et variés : rançons, hacktivisme, espionnage économique, pré-positionnement de dispositifs pour actions ultérieurs, etc.
L'INCD distingue 4 profils rencontrés par leurs équipes lors de la gestion de cette crise Cyber :
Les 7 missions de l'INCD durant la crise du COVID-19
Bien que déjà en posture d'alerte dans le contexte des élections israéliennes, l'INCD a cependant orienté spécifiquement une partie de ces missions dans le cadre de la crise sanitaire actuelle. Cette posture est doublement renforcée par la célébration par les juifs israéliens de "Pessah" début avril, période habituelle d'attaques Cyber importantes pour ce pays.
Les 7 missions principales que l'INCD a identifiées sont les suivantes :L'INCD a mis en place 8 mesures cyber :
L'ANSSI israélienne déclare également travailler sur le "day after" et a identifié 6 leçons qui peuvent déjà être retenues de l'expérience de la crise Cyber en cours :
La posture Cyber israélienne menée par l'INCD est irriguée par la tradition du pays à naviguer entre la gestion de crise et le "day-after", c'est à dire entre l'innovation de contrainte et l'innovation d'anticipation. Bien que temporellement situé au coeur de la crise, il y a un vrai challenge stratégique dans cette innovation d'anticipation, en ce qu'elle est une opportunité de prise de leadership pour demain. Le "chaos fertile" de Sun Tzu.
Pour renforcer et conclure mon propos, je ne peux pas m'empêcher de vous partager cette citation de Mike Rogers (ancien directeur de la NSA américaine) qui répondait à Nadav Zafrir (ancien général de l'unité 8200 - Renseignement militaire Israélien), tous deux participants au CyberTechLive, et liés par leurs activités au sein du think-tank Cyber Team8.
Nadav Zafrir de demander "Les gens sont en train de perdre leurs jobs, comment pouvons-nous penser au futur ?"
Et Mike Rogers de répondre : "Conduisez le changement, ne le subissez pas ! Conduire le changement, c'est sécuriser son futur. Tirez avantage de cette crise et saisissez l'opportunité de créer un monde meilleur".
Meilleur pour qui ?
ConclusionAu-delà de la pensée "américaine" de Mike Rogers, pour laquelle je laisse chacun avoir son avis, je me demande si effectivement en France et en Europe nous ne sommes pas dans un effet tunnel de gestion de la crise. Mobilisé (à juste titre) sur la continuité d'activité, ne manquons-nous pas des opportunités de conduire activement le changement à court terme ("prendre la main"), et donc des opportunités de prise de leadership à moyen-long terme face à nos challengers stratégiques Cyber ? La crise du COVID-19 n'est-elle pas une opportunité pour le déploiement offensif d'une souveraineté Cyber pour la France et l'Europe ?
Romain QUEINNEC
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Merci à Bernard Barbier, Jean-Noël de Galzain et Julien Provenzano pour leurs relectures et conseils.
Après la « near death experience », la « full death experience » ? Rattrapé de justesse par le « whatever it takes » de Mario Draghi en 2012, l'euro, passé à un cheveu, n'avait en réalité que gagné un peu de temps pour se reconstruire entièrement et se rendre capable d'encaisser le choc d'après. Dont il était certain qu'il allait venir. On le voyait plutôt arriver sous la forme d'une nouvelle crise financière géante puisque la déréglementation financière les ré-engendre comme le cycle des saisons les saisons, à plus forte raison quand aucun des problèmes fondamentaux de la sphère des marchés de capitaux n'avait été réglé — à la vérité il n'y a pas trente-six solutions pour supprimer les problèmes de la finance de marché, il n'y en a même qu'une : supprimer la finance de marché.
- La pompe à phynance / Europe, Monnaie, Économie, Finance, Politique, Union européenne, dette souveraine, Crise financière, DetteComment faire comprendre que, sans accompagnement, le confinement strict des personnes âgées seules ou leur isolement dans la chambre de leur Ehpad peuvent se révéler plus dangereux que le virus lui-même ? Chercheuse, spécialiste du système de santé chinois mais aussi membre du conseil scientifique de Santé Publique France, Carine Milcent a imaginé ce voyage dans la tête d'Agathe... et écrit cette nouvelle.
- Lettres de... / Démographie, France, Santé, Société(B2) Le chef d’état-major des Armées français, François Lecointre, a donné, dimanche (19 avril), sur France-Inter, des explications très intéressantes sur l’épidémie du coronavirus qui a atteint les marins du Charles-de-Gaulle. Avec une révélation : le groupe aéronaval devait être engagé en opération en Méditerranée
Les Rafale devaient partie en opération en Méditerranée. Opération interrompue pour cause d’épidémie (crédit : DICOD / EMA)Une épidémie qui a débordé du cadre prévisivbile
La cause ‘possible’ : l’escale de Brest
Tout d’abord le général met fin à un suspense : « On pense que cette contamination s’est produite à l’escale de Brest » reconnaît le chef d’état-major des Armées (CEMA), François Lecointre. Mais il faut rester prudent, a indiqué un officier marinier à B2. Il faut attendre les résultats des différentes enquêtes épidémiologiques pour être fixé. Hors des escales, il y a beaucoup de mouvements avec le porte-avions. Et il peut y avoir plusieurs foyers de contamination.
La question de l’escale posée
Courageusement, le CEMA endosse toutes les décisions, assumant toute l’ampleur de la décision (déchargeant ainsi le niveau politique d’une quelconque responsabilité). « On s’est posé la question à partir de début mars si on allait maintenir [la mission Foch]. La décision prise par le commandement — de la marine et moi-même — a été de la maintenir. Car elle correspond à une nécessité logistique d’un porte-avions en mission depuis deux mois. Et il fallait recompléter un certain nombre d’éléments dans le porte-avions pour qu’il poursuive cette mission. » L’escale a été maintenue avec des conditions de restriction : suppression des échanges internationaux, échanges limités avec les familles.
Des mesures de précaution pas suffisantes ?
Il y avait bien des cas à bord du Charles-de-Gaulle. Mais des cas jugés bénins apparemment. Et les mesures de précaution ont été levées. Trop tôt apparemment. « Après le 30 mars, à la fin de la quatorzaine, en l’état des connaissances à ce moment-là, a été décidée la levée de ces mesures barrières et des mesures contraignantes. Nous étions globalement à une dizaine de cas ORL, qui sont le stock constant qu’observaient les médecins sur ce type de bâtiment. C’est seulement à partir du 5 avril qu’ont été identifiés par le service médical de bord une dix-huitaine de cas symptomatiques. » (1)
Une opération en Méditerranée
Le porte-avions a appareillé après l’escale de Brest le 16 mars « en direction de la Méditerranée », indique le général François Lecointre (2). Pour lui, il fallait à tout prix que le porte-avions poursuive sa mission, pour deux raisons. L’une est connue : « Nous avions des exercices de qualification d’équipage en particulier des pilotes ». L’autre l’est moins : « nous avions des opérations à conduire en Méditerranée avant l’arrivée à Toulon ».
… non prévue au programme d’origine
Même si ce n’est « pas un secret défense », le général ne veut pas en dire plus. Il n’a pas non plus été interrogé sur ce point par nos confrères. Cette opération n’était cependant pas prévue, du moins dans le programme (public) établi au départ du groupe aéronaval. Celui-ci devait, une fois les deux exercices en mer du Nord (au large de l’Écosse et au large Pays-Bas-Danemark), avec une dernière séance de qualification au large du Portugal, rentrer à son port d’attache : Toulon. Ceci nous a bien été confirmé par un officier marine.
… en Méditerranée
Autre point : il ne s’agit pas d’un exercice, ou d’une démonstration d’amitié (type Passex), mais bel et bien d’une « opération ». Le mot employé (à deux reprises) par le CEMA qui est très précis dans l’emploi de ses mots, ne laisse aucun doute. Tout comme la zone géographique, précisément nommée : « Méditerranée ».
… au large de la Libye ?
À priori, il ne s’agit pas d’une opération au large de la Syrie, le délai de route n’était pas suffisant. Et le retour dans l’opération Chammal n’était pas prévu, selon nos sources. De fait, il pourrait fort bien prêter concours à la nouvelle opération de l’Union européenne (EUNAVFOR Irini), chargée du contrôle de l’embargo sur les armes vers la Libye, qui souffre aujourd’hui de ne pas démarrer, faute de moyens, dont des navires. Début avril, au moment de la génération de forces, on nous avait annoncé une « participation notable » de la France (Lire : L’opération EUNAVFOR Med Irini sans navires, pour l’instant. La génération de forces se poursuit). Participation qui s’est réduite, selon la réponse de l’état-major français à B2 (le 9.4) à « une frégate multi-missions en alerte ». On sait également que la France est très engagée dans cette zone libyenne, visant notamment à limiter l’emprise turque, comme russe, dans le pays.
Une connaissance de la zone
Pour le groupe aéronaval, cette présence au large de la Libye n’est pas une totale nouveauté. Au printemps 2011, en pleine intervention, le groupe aéronaval était parti pour assister les opérations de frappes aériennes (lire : Les moyens de l’opération « Civilian protection » en Libye en place). Début 2016, le Charles-de-Gaulle et son escorte avaient fait un passage au large, pour recueillir du renseignement.
Commentaire : un très discret démenti à la version officielle
On comprend donc que, au vu d’une opération, la continuité de la mission était nécessaire. Ce faisant le CEMA opère un double démenti, très discret, à la version officielle ministérielle. Le coronavirus a bien impacté les opérations. D’une part, la nécessité de maintenir la mission Foch était bien justifiée au regard de cette opération. D’autre part, l’interruption de la mission Foch et le retour anticipé du groupe aéronaval l’ont privé de cette « opération » en Méditerranée. Et la France est privée de porte-avions au moins jusqu’à fin juin. Le coronavirus — ou plutôt la non prise en compte rapide de l’épidémie (3) – a donc des conséquences très concrètes, opérationnelles sur la force française. Enfin, rappelons qu’en matière d’opération, ce n’est pas simplement un pacha de navire ou un commandant de task force 473 et même un CEMA qui prend la décision. Cette décision est politique.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire nos dossiers :
Le bilan de l’épidémie du coronavirus à bord du groupe aéronaval
Voici le dernier bilan recueilli directement par B2 de source officielle (au 20.4)
Trois cinquièmes des marins du porte-avions contaminés
2010 tests ont été effectués sur 2390 marins en tout du groupe d’action navale. 1080 tests sont positifs, en grande partie sur le porte-avions :
Deux marins en réanimation
24 marins sont hospitalisés (un est entré et l’autre est sorti lundi 20 avril). 9 sont sous oxygène et 2 sont en réanimation : un major et un maitre principal, tous les deux plutôt âgés, du moins dans la zone d’âge considérée comme critique pour le coronavirus (50+). Ils sont en état « stationnaire » comme disent les médecins. C’est ce qui inquiète particulièrement les autorités.
Côté étranger
(bilan établi au 8.4)
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Du Caire à Abidjan et de N'Djamena à Alger, à l'heure où les journalistes analysent la crise du coronavirus et évaluent sa gestion par les pouvoirs publics, les élites dirigeantes tentent de monopoliser l'information en durcissant le contrôle sur les médias.
- Mots d'Afrique / Médias, Presse, Côte d'Ivoire, Algérie, Censure, Information, Répression, Tanzanie, Afrique, SantéPour le musicien Jean-Michel Jarre, qui fut, paradoxalement, l'un de ses paroliers, Christophe était un « couturier du son », doté d'une « approche très instinctive ». Un peu mystérieux comme concept, vaguement condescendant. Ce n'est pas nouveau. Christophe a longtemps été considéré comme un chanteur de varièt', réduit à « Aline », un faiseur de tubes occasionnels mais persistants, un peu niaiseux, à qui il aurait été incongru d'accorder une quelconque légitimation artistique. Changement brusque à la fin des années (...)
- Contrebande / Musique, Personnalités, Culture, Protection sociale, ArtIl a suffi que des élections et une pandémie se croisent pour accuser un peu plus un mal démocratique pointé depuis longtemps mais minimisé par commodité et intérêts bien pensés. Le 16 avril dernier, une enquête de France Info comptait les morts parmi les maires et scrutateurs du premier tour des élections municipales. En maintenant le scrutin du 15 mars avant de reporter sine die le deuxième tour pour cause de confinement, le gouvernement français a ouvert une boite de Pandore. L'État du Wisconsin aux (...)
- Régime d'opinion / Démocratie, Élections, États-Unis, France, Santé, Citoyenneté, Droit(B2) Dans ce garage situé en sous-sol à Boulogne Billancourt, rue de l’Est, au numéro 14, nous en avons eu des illuminations, des projets, des actions. Dans ce siège de la Croix-rouge départementale des Hauts-de-Seine, nous nous retrouvions souvent pour travailler mais aussi, phosphorer, cogiter sur ce qu’on pourrait faire pour améliorer la gestion d’urgence, et agir.
Entre l’idée et la réalisation, il n’y avait pas souvent beaucoup de semaines qui s’écoulaient. Le temps de rassembler les volontaires, les moyens, on ne réfléchissait pas trop, on fonçait. C’est dans ces entrailles, entre l’huile des moteurs, la photocopieuse, et les bureaux situés aux étages, voire au point zéro de la Porte St Cloud, que sont nées l’informatique appliquées aux urgences, un des premiers serveurs d’information d’ONG (sur minitel à l’époque – internet n’existait pas), des rencontres européennes avec des jeunes venus de tous pays (y compris de l’autre côté de ce qui était à l’époque ‘le Mur’), et surtout une nouvelle doctrine de secours d’urgence et de secours de catastrophes.
Entre fonceurs et organisateurs Antoine avait choisi son camp, faire les deux : il encadrait ceux un peu trop enthousiastes, savait trouver le bon curseur pour organiser l’action, et organisait. Si la doctrine du secours de catastrophe dans les organisations de volontaires (notamment à la Croix-Rouge) a évolué, voire s’est mise en plac, c’est en partie grâce à lui. Dans la discrétion et dans l’efficacité, s’est monté ce qu’on dénommait ORISC, l’organe de recherche et d’intervention de la Croix-rouge française, une unité composée de volontaires dédiée à la recherche et sauvetage. Un premier ouvrage sur le secours de catastrophes s’est mis en place, préfacé par Haroun Tazieff. Sous la forme d’un numéro spécial de notre feuille de chou (Message), pour éviter de susciter les foudres du national, et avec la bénédiction tacite des instances internationales (CICR et FICROSS). Avec lui, nous avions aussi accueilli Bernard Kouchner tout juste promu secrétaire d’État à l’action humanitaire, pour notre seconde rencontre européenne de jeunes (Europa Meeting). Un moment émouvant. C’était un peu le relais entre les ‘anciens’ french docteurs et les nouveaux. Le courant passait car nous avions la même fibre, celle d’agir, et le désir de remuer une vieille dame, un peu trop sage à notre goût et engoncée dans son confort. Inutile de vous dire que recevoir celui qui avait dénoncé l’inaction de la Croix-rouge dans les années 1970 nous avait valu une algarade salée du National. Peu importe, on continuait. Et on se retrouvait alors à Paris ou en Savoie (du côté du centre de formation de Modane) pour refaire le monde et engager une autre action… ORISC a été ensuite reconnu et est parti sur plusieurs théâtres d’opération. C’est une autre histoire.
Antoine n’est plus, décédé d’une trop longue maladie vendredi. Adieu Antoine
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« Guerre ou pas guerre ? » : débat oiseux, puisqu'il y a urgence dans l'action, que nous sommes au minimum « comme en guerre » — avec ce cortège de souffrances et de victimes, l'inconnue quant aux moyens et au temps qu'il faudra pour en venir à bout —, et qu'on a déjà la certitude d'avoir du mal à s'en relever, même si certains ont l'air de supplier et de remercier par avance le coronavirus de faire accoucher quelque révolution. Mais peut-être vaut-il mieux, tout de même, s'entendre sur le vocabulaire. « Où est le (...)
- Défense en ligne / Communication, Défense, France, Idéologie, Politique, Sécurité(B2) Un agent de la délégation de l’UE à Sarajevo a été rapatrié manu militari dans son pays d’origine l’Allemagne. Atteint du coronavirus, il refusait d’être soigné sur place et avait fui l’hôpital
Les militaires de l’opération européenne EUFOR Althea présente en Bosnie-Herzégovine ont été appelés à la rescousse jeudi (16 avril) pour sécuriser et mettre sous bonne garde un employé de la délégation de l’UE en Bosnie-Herzégovine qui se baladait dans la nature.
Hospitalisé pour un Covid-19
Atteint du Covid-19, cet homme de nationalité allemande avait fui la clinique des maladies pulmonaires de Podhrastovi (à Sarajevo) où il était hospitalisé, selon Klix.ba, un média local. La police de Sarajevo l’a récupéré dans la municipalité de Stari Grad et a attendu l’ambulance pour le ramener à son point de départ (1). Point confirmé par la délégation de l’UE. « Nous pouvons confirmer que notre employé, positif au Covid-19, était sous la garde du personnel médical à Sarajevo et qu’il a quitté le district hospitalier aujourd’hui. Nous avons rapidement réagi en coordination avec les autorités, en veillant à ce que notre personnel rentre à l’hôpital. » Selon nos confrères bosniens, « un véritable drame se déroule actuellement dans le quartier d’isolement » de Podhrastovi.
Mis sous bonne garde au camp Butmir
Il a donc été ‘récupéré’, et transféré au camp Butmir le 16 avril au soir. « L‘individu a été reçu à la porte par le personnel médical et la police militaire, l’individu reste isolé, sous surveillance médicale et gardé sur le camp, jusqu’à ce que le rapatriement soit organisé » indique le porte-parole de l’opération. Et une demande de rapatriement dans son pays d’origine a été adressée. Le lendemain, vendredi, il a été rapatrié dans son pays, à bord d’un avion de rapatriement médical, qui a décollé de l’aéroport de Sarajevo à 20h ce vendredi, selon les militaires européens.
(NGV)
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Bien sûr il y a d'abord la souffrance physique (de ceux qui sont malades), la souffrance morale (des proches, des soignants), la souffrance psychique (du salariat chair à canon). Mais il y a aussi, pour bon nombre d'autres, la souffrance politique : assister à ce délire, et n'y rien pouvoir.
- La pompe à phynance / Mouvement de contestation, Protection sociale, Démocratie, État, France, Idées, Politique(B2) La situation sur le groupe aéronaval n’est pas du tout celle annoncée au départ. Plus de 50% des marins et aviateurs pourraient être contaminés par le coronavirus. La question de la responsabilité d’avoir maintenu l’exercice est désormais posée, y compris au niveau politique
668 cas ont déjà été détectés positifs au Covid-19 sur les militaires participants à la task-force 473 — groupe aéronaval formé autour du porte-avions Charles-de-Gaulle — indique le ministère français des Armées, dans un communiqué publié jeudi (16 avril) reprenant des chiffres datant d’il y a deux jours. Un résultat très provisoire. « Au 14 avril au soir, 30% de ces tests n’ont pas encore livré leurs résultats ».
Retour de la mission Foch des aviateurs de Hawheke basés à Lann-Bihoué (crédit : DICOD / EMA)Les marins du porte-avion principalement concernés
La « grande majorité de ces tests » concerne des marins du porte-avion Charles-de-Gaulle précise la communication officielle. Les autres concernés ne sont pas mentionnés. On sait seulement que la frégate anti-sous-marine La Motte Piquet — basée à Brest — qui accompagnait le ‘Charles’ n’a pas beaucoup de contaminés et a pu reprendre la mer. Et que des marins de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul comme le bâtiment de commandement de ravitaillement Somme, sont également atteints.
Analyse et commentaires
En l’état de la communication, volontairement lacunaire, des armées, les questions restent nombreuses.
Un taux de contamination supérieur à 50% ?
On est face à un cas beaucoup plus grave que voulait bien le dire la communication officielle (40 suspects). Si on se fie au chiffre indiqué, sur les 1767 militaires testés, seuls 70% (environ !) des tests sont connus, soit un nombre d’environ 1250. On arrive ainsi à un taux de contamination de 54% sur les militaires concernés et non de 30% comme on pouvait le penser. Le taux définitif reste donc à déterminer. Il devrait osciller entre 38% (version ultra optimiste et peu réaliste) et 70% (version pessimiste). De façon raisonnable, on peut estimer qu’il dépassera les 50%. (chiffre confirmé depuis, cf. encadré 1 et 2)
Le groupe aérien également touché ?
La communication officielle reste très discrète. Mais une des catégories touchées également serait le groupe aérien : avions de chasse Rafale (Landivisiau), hélicoptères (Hyères), avions de surveillance Hawkeye (Lann-Bihoué). Étant donné la relative tension en personnel des pilotes, mécanos et autres éléments de soutien au niveau aérien, c’est aussi grave, voire davantage que l’immobilisation du porte-avions.
Le pacha aurait demandé l’interruption de l’exercice
La question de la responsabilité politique va se poser rapidement. Selon un marin interrogé par France-Bleu, le pacha (commandant) du navire aurait proposé d’interrompre l’exercice dès connaissance des cas, après l’escale de Brest. Ce qui nous parait tout à fait logique connaissant le sens de responsabilité qui anime les marins, surtout au plus haut niveau. Le ministère a refusé. Il faudra déterminer qui a refusé. Les parapluies vont commencer à s’ouvrir un peu partout, pour rejeter la responsabilité sur le niveau inférieur… ou supérieur.
La question de la responsabilité politique
Ce qui est sûr c’est que concernant un porte-avions qui non seulement est à propulsion nucléaire, mais est un des éléments de la dissuasion nucléaire française (emportant des avions capables de porter la bombe nucléaire), cette décision n’est pas du ressort du seul pacha ni d’un simple commandant d’état-major. Une telle décision remonte immédiatement au cabinet de la ministre des Armées, Florence Parly, et à celui du président de la République.
Le premier tour des municipales a-t-il influencé ?
La poursuite de la mission Foch après l’escale de Brest est une vraie interrogation : sanitaire, militaire et politique. Il est vrai qu’interrompre un tel exercice est une décision politique d’envergure, un signal symbolique. On peut raisonnablement penser que l’exécutif qui était dans une posture de ‘vaillance’ vis-à-vis du coronavirus et voulait maintenir à tout prix le premier tour des municipales ne pouvait se permettre d’annuler le déplacement du Charles-de-Gaulle. Question de principe.
Une communication à la chinoise
On peut s’interroger, au final, sur la validité de la communication française militaire aujourd’hui. Celle-ci a retrouvé les bons vieux réflexe de la ‘Grande muette’. Au moment où le président français Emmanuel Macron met en cause les mensonges de la Chine sur l’épidémie du Coronavirus (2), la communication du ministère des Armées ne vaut pas mieux : nier tout problème, puis affirmer 40 cas suspects, qui deviennent 50 positifs puis passer à un chiffre multiplié par 13, en oubliant au passage un marin sur trois…. Cela fait beaucoup. Évidemment annoncer, du jour au lendemain, un taux de contamination sur plus de la moitié de l’équipage était délicat. Donc, par touches successives, on révèle une à une les informations, espérant qu’un autre évènement surviendra, faisant passer au second plan la réalité. Cette tactique utile à court terme est néfaste à moyen terme. Elle pourrait entamer, de façon notable, la crédibilité des armées. C’est dommage…
(Nicolas Gros-Verheyde)
(Mis à jour) 60% testés positifs (source SSA) sur près de 1600 marins
Interrogée par les sénateurs ce vendredi (17 avril), la directrice du service de santé des armées (SSA) a reconnu que la situation était bien plus grave que prévues. « Sur les 2300 marins du groupe aéronaval, « tous testés à leur retour à Toulon, 940 ont été testés positifs, 645 négatifs, les autres résultats de tests n’étant pas encore connus » affirme la générale Maryline Gygax Généro. Soit un taux avoisinant les 60% de contaminés sur près de 1600 marins (1585 exactement).
Sur le porte-avions lui-même, « 500 marins ont présenté des symptômes, 20 militaires sont hospitalisés, 8 sont sous oxygénothérapie et 1 est en réanimation ». Les marins testés négatifs sont tous en quatorzaine en enceinte militaire, et font l’objet d’un suivi biquotidien du service de santé des armées.
Et de commenter : « La contamination du porte-avions est un événement absolument majeur. Il y aura sans nul doute des conséquences à tirer à l’issue de cette crise, qu’il s’agisse des spécialités médicales du SSA, ou du matériel » a-t-elle indiqué selon le compte-rendu dressé par le Sénat. « Nous sommes et serons transparents ». Interdit de sourire …
54% sur 2010 tests
Devant l’assemblée nationale, le même jour (à 15h), la ministre française des Armées Florence Parly, complète ce chiffre par un autre qui va dans le même sens : « au 17 avril, sur 2010 tests effectués, 1081 marins sont positifs au Covid-19 ». Et, au total, « 545 marins présentent des symptômes de maladie ». On est donc bien sur un taux de contamination supérieur à 50% (53,8% exactement) (2). En sachant que ce chiffre n’est pas définitif : il reste encore 300 marins à tester. Autre élément intéressant de ce test, un marin sur deux ne présente aucun symptôme, mais est bien détecté positif (donc contaminant). Ce qui correspond aux statistiques ‘civiles’ d’une maladie extrêmement contaminante par des porteurs sains. Télécharger le discours de la ministre
Lire aussi :
Mis à jour avec les deux informations officielles provenant du service de santé des armées et de la ministre Florence Parly (qui confortent notre première analyse), voire même vont au-delà, ainsi que l’information du Marin.
Cet article Le groupe aéronaval français atteint au cœur. La situation minorée par les armées (v3) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) ‘Operation Irini’. Le nom de la toute nouvelle opération navale de l’UE est sur toutes les lèvres dans le monde de la défense européenne. Aura-t-elle plus de succès que sa prédécesseur Sophia dans le contrôle de l’embargo sur les armes en Libye ? Nous avons interrogé le général Claudio Graziano, président du comité militaire de l’Union européenne
Le général Graziano (crédit : EUMC)De l’opération Sophia, on retient surtout les sauvetages en mer. Elle n’a pas vraiment réussi à faire respecter l’embargo imposé par l’ONU sur les armes à destination de la Libye. C’est devenu la priorité pour Irini. Qu’est-ce qui change ?
— Grâce à des moyens aériens, navals et satellitaires dont elle disposera, l’opération Irini sera en mesure non seulement d’appliquer l’embargo sur les armes dans la zone d’opération assignée, mais aussi de surveiller les violations dans une zone plus large et dans différentes dimensions, en assurant au mieux de ses capacités une approche équilibrée et impartiale. Cela permettra à l’Union européenne de fournir aux Nations unies un tableau plus complet de l’éventuel trafic d’armes vers la Libye.
Irini aurait du débuter le 1er avril mais a finalement été retardée, puisque les États membres n’ont pas fourni les moyens nécessaires. Beaucoup de questions se posent. En tant que président du comité militaire, vous savez comment avancent les tractations. Êtes vous optimiste ?
— L’opération Irini est essentielle pour contrôler l’embargo sur les armes, pour la paix en Libye. C’est pourquoi elle doit disposer des moyens nécessaires pour mettre en oeuvre son mandat. L’opération a été conçue en un laps de temps relativement court, ce qui montre la capacité de réaction de l’UE en temps de crise. Nous faisons face maintenant à un défi nouveau : la complexe tache de passer, en douceur, d’une opération à l’autre.
Tout cela, sans oublier le défi inexploré que représente la pandémie actuelle de coronavirus, une des épreuves les plus difficiles que l’humanité tout entière ait jamais connues, depuis très longtemps. Je comprends que le Coronavirus puisse pour l’instant empêcher certains États membres de fournir des moyens. Cependant une déclaration claire, exprimant l’intention de soutenir Irini dès que les conditions le permettront, apportera de la crédibilité à une mission qui représente le fer de lance des activités de la PSDC.
La volonté des 27 est-elle suffisante, selon vous ?
— Avec ce mandat clair pour la surveillance de l’embargo sur les armes, l’opération Irini est une preuve supplémentaire que les États membres de l’UE peuvent, en fin de compte, faire preuve d’une unité d’intention, responsable, en particulier lorsqu’il s’agit de menaces et de défis sécuritaires d’intérêt commun. Cette décision souligne également la volonté de l’Union européenne de jouer son rôle de manière crédible, dans un domaine d’intérêt stratégique. C’est une contribution concrète à la mise en œuvre des conclusions de la conférence de Berlin sur la Libye, et qui a comme tâche essentielle de surveiller l’embargo sur les armes établi par les Nations unies.
(Propos recueillis par Aurélie Pugnet)
Entretien réalisé entre le lundi 6 et le samedi 11 avril, en anglais, par voie de mails
Lire aussi :
Cet article L’opération Irini doit disposer des moyens nécessaires pour réaliser son mandat (général Graziano) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.