(B2) Un an après le début de l’intervention militaire massive de la Russie en Ukraine (le 24 février 2022) et du soutien tout aussi massif des Européens à l’Ukraine, on peut légitimement se poser la question aujourd’hui. Éléments de réflexion.
Arrivée de véhicules donnés par les Européens en Ukraine (Photo : SEAE – Josep Borrell)Pour y voir clair… reprenons la définition de Clausewitz, le théoricien de la guerre moderne : « la guerre est 1. un acte de violence dont 2. l’objectif est de contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté (…) Pour atteindre cette fin avec certitude 3. nous devons désarmer l’ennemi ». La guerre conduit à monter « aux extrêmes », il s’agit d’avoir un emploi « illimité de la force », mais aussi d’avoir un « calcul des efforts » nécessaires et une « escalade mesurée ».
Ces éléments (objectif, moyens, tempo), sont-ils remplis ? Pour en avoir le cœur net, examinons les moyens mis en œuvre par les Européens (et plus généralement par les Alliés).
1. La volonté politique. La désignation de l’adversaire est très claire. La Russie, son gouvernement, sont désignés explicitement comme l’initiateur du conflit : « une guerre d’agression non provoquée et injustifiée menée par la Russie contre l’Ukraine », une « invasion » selon la terminologie consacrée. Elle est considérée comme responsable de la plupart des crimes de guerre, sur ordre, voire même d’un génocide. Et ses dirigeants doivent être jugés pour ses faits. D’où l’idée d’un tribunal international ou d’un tribunal spécial pour juger ses dirigeants.
L’objectif de contraindre l’adversaire à exécuter la volonté est aussi clair. Les Européens affirment régulièrement leur volonté d’ « augmenter la pression collective sur la Russie pour qu’elle mette fin à sa guerre et retire ses troupes ». Ils se disent tout aussi régulièrement aux côtés de l’Ukraine : « l’UE soutiendra l’Ukraine et le peuple ukrainien contre [cette] guerre […] aussi longtemps qu’il le faudra ».
Et le but de cette pression est aussi clair : la libération de tout le territoire dans « ses frontières internationalement reconnues ». Autrement dit : tout le Donbass, voire la Crimée. Les Européens rappelant leur « attachement indéfectible à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de [ces] frontières ». NB : les citations, tirées de la déclaration commune lors du sommet UE-Ukraine du 3 février seront reprises ce jeudi (9 février) lors du sommet européen à Bruxelles en présence du président ukrainien V. Zelensky.
2. La pression économique. Elle est très claire, forte et assumée. Avec près de dix paquets de sanctions (dont le dernier devrait être présenté si non approuvé d’ici le 24 février), l’objectif n’est pas juste d’adresser un signal politique. Il s’agit de mettre à bas une partie des ressources économiques et technologiques russes. Il s’agit de miner la capacité militaire de la Russie d’agir en Ukraine, ou au moins de ralentir ses efforts, en coupant tous les flux financiers et économiques européens. Bref de la « désarmer » au sens classique du terme, mais par des moyens « pacifiques », du soft power : l’économie, en lui coupant les vivres.
3. Le soutien militaire massif assumé. Ce soutien passe par une panoplie vaste d’équipements : des munitions aux pièces d’avions de chasse, en passant par les missiles portatifs, les chars, les soutiens d’artillerie, la défense aérienne, ou l’essence, … les Alliés ont de façon graduelle augmenté, et surtout assumé, cette assistance militaire.
Le montant aujourd’hui n’est négligeable. On atteint près de 12 milliards € du seul côté européen. Soit un milliard € par mois en moyenne. C’est grosso modo la moitié du budget d’équipement de l’armée française. Dont 3,6 milliards € sont financés en commun via la facilité européenne pour la paix (FEP).
La décision récente de Berlin et Washington de livrer des chars Leopard et Abrams (lire : Les Alliés vont équiper une brigade blindée ukrainienne. Le club des chars Leopard se met en route), et Londres les Challenger n’est pas en soi révolutionnaire. Elle s’inscrit dans un continuum qui a commencé dès le début par la livraison de chars lourds de fabrication soviétique (type T-72, plus de 400 livrés).
La nouveauté est ailleurs : elle se trouve plutôt dans la médiatisation et dans la volonté affirmée d’agir en coalition. Là où auparavant, chaque pays avait une politique variable de médiatisation — de la discrétion latine à l’outrance polono-britannique. Et où chacun prenait bien soin de préciser que c’étaient des décisions nationales.
4. Un soutien affirmé dans la formation de l’armée ukrainienne. Ce soutien n’est pas anecdotique. Européens et autres alliés (Royaume-Uni et USA) veulent former plusieurs brigades ukrainiennes pour les préparer dans un temps express (deux mois maximum par rotation) au combat.
Un effort massif inégalé dans l’époque moderne ! Côté européen, l’objectif de 15.000 (d’ici mai) au départ a été relevé à 30.000 hommes formés d’ici l’automne 2023. Idem côté britannique et côté américain. L’objectif est bien de doter les forces ukrainiennes des effectifs nécessaires pour faire face à une offensive russe comme de recompléter ses effectifs perdus au combat (environ 100.000 hommes décédés ou blessés hors de combat).
5. Un soutien en renseignement. La discrétion est de mise dans ce domaine. Mais elle est avérée. Les moyens satellitaires européens (français, allemand, britanniques) et américains sont utilisés pour fournir des renseignements précieux aux forces ukrainiennes.
C’est une partie de la puissance de renseignement alliée mise au service des Ukrainiens qui leur permet d’avoir une perception de la zone de combat complète, avec ses propres “capteurs” de terrain (renseignement humain notamment), assez efficaces (de la baba ukrainienne avec son téléphone portable qui renseigne les sources locales aux analystes). Le renseignement ukrainien bénéficie sur place d’analystes européens.
6. Placer l’Ukraine hors de portée de l’influence russe. Cette pression politique, militaire et économique sur la Russie se double d’une volonté politique et économique « d’arracher » l’Ukraine à la domination et l’influence russes. Une volonté commencée en douceur en 2014 avec la signature d’un accord d’association qui se double aujourd’hui d’une promesse d’adhésion à l’Union européenne. Un processus accéléré ! Avec la déclaration de la reconnaissance de pays candidat en quelques mois. Le tout accompagné d’un soutien financier net (environ 1,5 milliard € par mois en soutien budgétaire, 18 milliards pour 2023), en passant par l’association de l’Ukraine à vitesse accélérée aux instruments européens. On assiste ainsi à une réorientation en urgence des réseaux ukrainiens (train, électricité, route, etc.) aux réseaux européens, jusqu’à l’insertion de l’Ukraine dans l’espace de roaming téléphonique européen.
La guerre... ou la paix
Si on revient à la définition classique de la guerre donnée par Clausewitz, on voit que certains éléments sont bien là : le but de « contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté », la « recherche du renversement de l’adversaire », de le « désarmer », le « calcul des efforts nécessaires », etc. Mais il reste tout de même une absence notable : on ne peut pas dire qu’il y ait un acte de « violence » de la part des Européens envers la Russie ni de volonté « d’usage illimité de la force ».
Sans être belligérant — la notion de cobelligérant est très floue : on est belligérant ou pas —, les Européens sont donc bien à mi-chemin de la belligérance, aux cotés clairement d’une partie en guerre (Ukraine), en utilisant tous les instruments à leur disposition (sauf la force militaire) contre l’adversaire de celle-ci (Russie). Sans aucune ambiguïté. Mais ils restent prudemment sous la limite de la guerre, se cantonnant à la légitime défense.
L’objectif final recherché des Européens n’est pas le renversement du régime en Russie (cf. encadré), mais bien son retrait d’Ukraine. C’est donc une singulière différence par rapport à la définition de la guerre classique. Il s’agirait plutôt d’une guerre hybride : utiliser tous les moyens, en restant au-dessous de la limite de la guerre ouverte. De fait à la guerre ouverte déclenchée par les Russes, les Européens et Alliés réagissent par des moyens hybrides.
On remarquera cependant que dans l’histoire de l’Europe moderne, à ma connaissance, jamais les Européens ne se sont engagés aussi clairement et aussi massivement en faveur d’un pays contre un autre. Même du temps des guerres yougoslaves, même s’il y avait un soutien, il restait plus ou moins discret (notamment pour le soutien militaire). L’intervention militaire au Kosovo sous couvert de l’OTAN est une exception. Mais elle a été courte et limitée dans l’espace, et n’était pas empreinte de la confrontation avec un membre du Conseil de sécurité de l’ONU doté de la puissance nucléaire.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Des nuances sur l’objectif final recherché
Entre la réduction du pouvoir russe et un retour à une normalité des relations
Pour certains pays — les balto-polonais —, il faut en terminer avec une Russie agressive, qui n’en finit pas d’intervenir dans son voisinage, et lui couper, définitivement, les ailes. D’où leur dureté dans tous les aspects de la pression contre la Russie et dans le soutien à l’Ukraine (sanctions économiques maximales, soutien militaire maximal, adhésion rapide de l’Ukraine à l’UE comme à l’OTAN). Une position justifiable (cf. ci-dessous). Pour d’autres (France, Allemagne, Italie), il faut limiter les ambitions de la Russie, mais trouver un nouveau mode d’équilibre avec ce qui reste néanmoins un voisin. Un point de vue rejoint, peu ou prou par les USA, qui ont un autre impératif stratégique : éviter la constitution d’un bloc sino-russe et contrer la montée douce de l’impérialisme chinois.
La Russie intervient dans son voisinage
Quand on jette un regard en arrière sur la liste des interventions russes (et URSS), elle est frappante. Les troupes russes interviennent régulièrement dans leur voisinage. Deux interventions majeures durant la guerre froide : 1956 Hongrie, 1968 Tchécoslovaquie. Et cinq interventions depuis la chute du mur de Berlin : 1992 Moldavie (guerre de Transnistrie), 1992-1993 Géorgie pour l’Abkhazie (avec plus de 20.000 morts civils et militaires) et l’Ossétie du Sud, 2008 Géorgie de nouveau pour l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, 2014 Ukraine (Crimée et Donbass), 2022 Ukraine (toutes zones). Soit une intervention tous les dix ans en moyenne. Et une accélération nette depuis 2007 (tous les six-huit ans). D’où l’inquiétude des pays d’Europe de l’Est (Pologne, Baltes et Roumanie particulièrement), plutôt compréhensible.
Si on contrebalance cela par les interventions de l’OTAN dans le « voisinage » russe (ou ce qu’elle considère comme son voisinage), on peut comptabiliser trois interventions majeures visant à un changement de régime (regime change) : le Kosovo 1999, l’Afghanistan 2001, la Libye 2011. Ces deux dernières n’étant pas vraiment couronnées de succès. NB : l’intervention en Iraq 2003 comme en Syrie 2012 ne peuvent être considérées comme du voisinage, mais sont plutôt des zones d’adversité confrontationnelles.
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En politique, le formalisme juridique est l'asile de la bêtise. S'obstiner à penser la légitimité par la seule dévolution procédurale (du suffrage), c'est la certitude de ne rien comprendre à tout ce qui fait la politique en son sens le plus haut : les surgissements.
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- Contrebande / Femmes, Santé, ThéâtreLe stand-up français se porte bien, merci pour lui. En témoigne le succès croissant de « On m'appelle Marseille », le spectacle de Redouane Bougheraba, Français d'origine algérienne. Avec ce Marseillais qui adore « chambrer » les supporters du Paris Saint-Germain en mal de trophée européen, point de fioritures ni de précautions langagières. Le propos crû, les railleries et autres insultes franco-arabes fusent et rien n'échappe à sa verve dum-dum.
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- La pompe à phynance / France, Retraites, Politique(B2) La révélation de la corruption possible de plusieurs députés, ou anciens eurodéputés, et de leurs assistants parlementaires, par le Qatar ou le Maroc, révèle une démocratie qui fonctionne. À plus d’un titre.
Le siège du Parlement européen à Bruxelles, côté rue Wiertz (© NGV / B2)Les processus anti-ingérences ont fonctionné
Premièrement, on peut se réjouir d’une certaine efficacité des processus anti-corruption, y compris quand il s’agit d’ingérence étrangère. Certes il y a eu défaillance des processus internes de prévention au niveau politique. Ceci devra être réparé. Mais le dispositif de contrôle a posteriori, policier et judiciaire, notamment en Belgique et en Italie, a bien fonctionné (lire : [Actualité] Arrestations à Bruxelles pour corruption au Parlement européen. Le Qatar en ligne de mire). C’est finalement la logique même de la corruption, qui est avant tout un crime et doit être traité comme tel.
Une sphère d’influence internationale
Deuxièmement, il souligne le rôle non négligeable du Parlement européen, au niveau de la politique extérieure européenne. Si à l’intérieur du continent, ces textes plutôt anodins, passent souvent inaperçus, sont incompris, laissés de côté, voire méprisés, y compris par les plus avertis. À l’extérieur de l’UE, ce n’est pas du tout le cas. Ces prises de position sont jugées à la hauteur de leur importance : notable. Nombre de gouvernements suivent de près ces textes et tentent de les influencer dans le sens qui leur est favorable.
Le baromètre de la relation avec un pays tiers
Derrière les mots, il y a en effet un risque réputationnel certain, mais aussi et surtout un risque d’amoindrissement des relations politiques, économiques, sociales. Ces textes sont ainsi autant de baromètres posés sur la relation entre l’UE et un pays tiers. Ce sera pour l’un la libre circulation des visas, pour l’autre un accord de partenariat, ou des participations à des projets économiques. Dans tous les cas, un bon niveau de relation avec l’Union européenne est pour une grosse majorité des pays du globe sinon une nécessité, du moins un « Plus » utile. Tous les moyens d’influence habituels pour tenter de sauvegarder leurs intérêts sont donc employables : charme, diplomatie, conviction politique, sympathie intellectuelle ou géographique, etc. L’Europe doit en avoir conscience et « blinder » sa diplomatie.
Deux erreurs à ne pas commettre dans l’opération mains propres
Dans cette opération « mains propres » à l’Européenne, il ne faudrait cependant pas, sous prétexte de transparence et de sauvegarde des intérêts, se tromper de combat.
Considérer que ces prises de position sont toutes truquées ou ne servent à rien, serait dommageable. Ce serait ne plus permettre au Parlement européen de jouer tout son rôle dans la diplomatie « douce » qui est son domaine de prédilection, de prendre des positions plus déterminées parfois que les politiques européens en condamnant telle violation des droits de l’Homme.
Interdire tout contact entre parlementaires et les pays tiers serait une autre erreur. Au contraire, ils doivent être permis, voire même encouragés. Ce n’est pas en interdisant à tel diplomate de venir dans les couloirs du Parlement qu’on empêchera la corruption ou les jeux d’influence d’avoir lieu. Ces contacts auront lieu ailleurs, dans les bars entourant la place Lux’ ou le rond-point Schuman par exemple, dans les lieux bien discrets des ambassades ou à l’étranger.
En revanche, une réglementation plus stricte des cadeaux ou invitations en tout genre, une publicité plus claire et systématique de tous ces contacts serait très utile. Une tentative de pression, de contact, rendue publique, suffit en général à annihiler le demandeur et préserve le receveur de toute pression ultérieur. Dans ce domaine, le Parlement européen est plutôt en retard sur les autres institutions européennes (Lire : Le QatarGate au Parlement européen : un séisme qui révèle des défaillances).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire notre [Dossier n°96] L’affaire Qatargate et MarocGate éclate. Tempête sur le Parlement européen et [Actualité] Le Qatargate et le MarocGate : un véritable pacte d’influence !
Cet article [Editorial] Le Qatargate, une très bonne nouvelle finalement ? est apparu en premier sur B2 Le Blog de l'Europe géopolitique.
Plus d'un an que je n'avais publié sur ce blog. Il faut dire que l'Ukraine a pris bien de mon temps et que je consacre finalement mon analyse géopolitique à La Vigie. Dès lors, je vais réorienter ce blog vers d'autres aspects, notamment la BD.
Pour commencer, le dernier Blake et Mortimer, Huit heures à Berlin.
Désormais, il y a dans la série Blake et Mortimer plus d'albums publiés par les suiveurs (19) que par E.P. Jacobs (11). Dans l'ensemble, sauf de rares exceptions (Schuitten voire Ch. Caillaux), les auteurs restent fidèles au trait et à l'esprit du maître. Le comité éditorial est très vigilant à ces principes, ce qui évite les dérives que l'on peut apercevoir dans Spirou, ou de bonnes choses se perdent dans des délires peu intéressants. Chez Blake et Mortimer, la série est maîtrisée, avec un album par an, qui satisfait les Jacobsiens sans les désorienter.
Dans le cas présent, il faut admirer le travail exceptionnel du dessinateur, Antoine Aubin. Tout y est : le trait, les mouvements, les détails mais aussi les citations (telle cette voiture qui plonge dans le lac de Genève, référence à l'affaire Tournesol d'Hergé). C'est absolument bluffant et constitue une réussite exceptionnelle qu'il faut mettre en avant.
En face, le scénario est plaisant mais sans surprendre. Il y a des incohérences (imagine-t-on le chef du MI6 faire l'espion de terrain sans appui ? Comment fait Blake pour passer sans problème d'URSS à Berlin ?) mais cela fait après tout partie des licences d'un auteur. On a les ressorts classiques d'un roman d'espionage moderne, avec deux héros qui ont des aventures parallèles, trois pages à l'un, trois à l'autre, et qui se retrouvent à la fin. Mais précisément, c'est un peu banal.
Et puis surtout,q uelque chose me gêne beaucoup : jusqu'à présent, les B&M se passaient dans une période d'après-guerre indéterminée : datée mais sans référence à la vraie actualité. La situation politique était le plus souvent absente, malgré quelques citations ici ou là : par exemple, les savants atomiques. Mais finalement, on évitait les personnages historiques et en tout cas, ils ne formaient pas le coeur de l'intrigue. Là au contraire, tout le contexte est désigné : l'URSS et la guerre froide, avec en plus un personnage historique (pas n'importe lequel) qui tien tun rôle important, à savoir JF Kennedy lors de son passage à Berlin pour son discours "Ich bin ein Berliner". Et du coup, nous perdons toute la magie distanciée de B&M qui savait créer un univers en soi, plaqué sur une réalité datable et avec en même temps une dimension fictionnelle fondamentale. Elle a disparu dans cet album ce qui est très dommage. J'ose espérer que ce n'est qu'un ocup de doigt et que les scénaristes ne reprendront pas cette mauvaise méthode.
Pour conclure : un bon album avec un dessin sensationnel et un scénario un peu décevant.
O. Kempf
Un virus est une chose étrange, défiant les définitions habituelles de la vie. Pour se reproduire, en effet, il est obligé de s'introduire frauduleusement dans une cellule vivante. De pousser l'audace jusqu'à pénétrer dans le coffre-fort de cette cellule : son noyau détenant l'ADN, la singularité biologique d'un être, cet ADN dont la recombinaison de certaines portions permet aux cellules de ce corps de survivre. Or, ce sont précisément ces recombinaisons, ces réagencements de l'ADN que le virus manipulera (...)
- Contrebande / Idées, Politique, LangueSi vous n’avez pas encore lu notre article d’analyse sur les évolutions de ces derniers mois.. sur le Pro (article ouvert à tous) : Ces dix mois qui ont changé la défense européenne. A son insu de son plein gré
© NGV – campagne ukrainienne près de Tchernihiv – mai 2022En vous souhaitant une excellente année 2023
Cet article La défense européenne retrouve des couleurs en 2022… Bonne année 2023 est apparu en premier sur B2 Le Blog de l'Europe géopolitique.
Le parc Sarachane, à Istanbul, est un lieu symbolique de l'histoire politique turque. En 1998, condamné à la prison pour y avoir lu un poème faisant référence au djihad, Recep Tayyip Erdogan avait su utiliser cet épisode pour bâtir sa popularité. Ce jeudi 15 décembre, l'histoire se répète : M. Ekrem Imamoglu, le maire de la ville vient d'être condamné à deux ans et sept mois de prison pour avoir qualifié d'« idiote » l'annulation des élections municipales par le Haut conseil électoral.
- Lettres de... / Élections, Justice, Turquie