C'est beau ce qui se passe quand l'ordre commence à dérailler. Des choses petites mais inouïes, qui rompent l'enfermement résigné et l'atomisation dont les pouvoirs font leur pouvoir. Le vrai mouvement commence. D'ores et déjà nous pouvons dire que la situation est pré-révolutionnaire. À quelles perspectives fait-elle face ?
- La pompe à phynance / Politique, Retraites, PoliceIl y a 20 ans, le 20 mars 2003, par une nuit de pleine lune, les États-Unis d'Amérique, et leurs alliés, déclenchent l'invasion de l'Irak pour renverser le président Saddam Hussein et son régime. À Bagdad, alors que les bombes pleuvent, un couple parle d'argent, de lait et… de poésie. Bagdad est blême. Ses toits et terrasses sont couverts par un linceul d'albâtre qui s'unit à la nuit. Dans les eaux lourdes du Tigre, les carpes remontent à la surface, attirées par les faisceaux lumineux qui trouent le ciel et (...)
- Horizons arabes / Livre, Irak(B2) La guerre en Ukraine a été un signal d’alarme, salvateur pour nombre d’États. Ils ont enclenché la modernisation de leur armée… En bénéficiant de la solidarité européenne. Un retour sur investissement, à un moment donné, pourra être nécessaire. Le débat est ouvert.
Un geste de solidarité
Depuis février 2022, et le début de la deuxième intervention russe en Ukraine (la première étant en 2014), plusieurs pays, surtout à l’Est du continent, ont très vite envoyé à l’Ukraine leurs matériels d’origine soviétique. Un geste sous-tendu par une volonté politique réelle et un principe d’efficacité. Autant en effet équiper les Ukrainiens avec du matériel robuste, testé et immédiatement employable, plutôt qu’avec du matériel certes plus moderne, mais qui nécessite une certaine appropriation au niveau humain comme technologique (1).
Une belle opportunité pour certains
Pour nombre d’armées de l’Est, dotées d’un vieux matériel vieillissant et, en partie, obsolète, ces « dons » ont aussi été une excellente opportunité pour se débarrasser de certains vieux matériels (sans même avoir à se poser la question de leur recyclage) et renouveler les équipements nationaux. Avec un enjeu vital : moderniser leur armée et adopter un nouveau standard plus otanien de leurs équipements.
Ceux qui financent
Une démarche d’autant plus facile à accomplir que — outre d’être dicté par les circonstances —, une bonne partie de cet effort est financé par d’autres : Américains notamment, mais aussi Européens, en particulier par les plus gros contributeurs de l’Union européenne.
Le « quatuor » de l’UE (Allemagne, France, Italie, Espagne) fournit ainsi deux tiers du financement (64%) de la facilité européenne pour la paix, l’instrument privilégié de financement européen du soutien militaire (2). Soit 2,3 milliards d’euros, sur l’effort déjà engagé et près de 3,6 milliards au total si les projets actuels sont approuvés (3).
Tandis que les pays baltes participent de façon minime à cet effort de solidarité européen. À eux trois, Estonie, Lituanie, Lettonie contribuent pour 0,6% de l’effort global. Soit à peine 28 millions d’euros de contribution (sur les 3,6 milliards déjà engagés) ! Moins que la Grèce, par exemple (45 millions €).
Ceux qui bénéficient
La Pologne qui a entamé un rééquipement à vitesse Grand V avec du matériel hors UE en partie (chars Abrams US, chars sud-coréens K2 et obusiers K-9, avions F-35, etc.) est un des pays qui a fourni le plus d’assistance militaire (avec l’Allemagne, environ 2,43 milliards d’euros selon l’Institut Kiel) et sera le plus gros bénéficiaire de ce financement européen : ± 900 millions €, selon une première évaluation. Mais Varsovie tait soigneusement le chiffre
La Lituanie qui a fourni, en ratio de son PIB, un énorme effort de soutien à l’Ukraine — plus de 400 millions € selon le chiffre officiel — verra pris en charge une petite moitié de cet effort par les autres Européens. Le tout pour une contribution minime à l’effort général, une petite dizaine de millions d’euros. Si on met en relation la contribution mise au pot et le retour attendu : Vilnius reçoit environ vingt fois plus de la solidarité européenne !
La Slovaquie, de l’aveu de son premier ministre (lire : Pologne et Slovaquie équipent les forces ukrainiennes avec des Mig-29), doit recevoir environ 700 millions $ de compensation made in US et 900 millions € au total (soit environ 250 millions d’euros). C’est près de la moitié de son budget de défense pour 2022 ! (4).
Derrière les grands mots, des intérêts nationaux bien compris
La facilité européenne pour la paix — avec ses remboursements de vieux matériels (pris en charge en moyenne à 50-60% de la valeur déclarée) — est ainsi devenue un instrument clé de la modernisation des armées européennes. Ce sans aucune condition de préférence européenne.
Il n’est pas donc pas tout à fait anormal — comme le demandent la France, mais aussi la Belgique, la Grèce et d’autres pays —, que soient mises dans la balance certaines conditions de “retour sur investissement” pour l’industrie européenne. Ce que débattent depuis quelques jours les ambassadeurs afin de favoriser l’achat en commun de munitions (lire : [Confidentiel] Où en est le débat sur les munitions ? La discussion continue entre ambassadeurs). L’Allemagne et la France en particulier ne peuvent pas continuer à financer, sans conditions, la modernisation des armées sans retour.
Certains pays (Baltes et Polonais en particulier) souhaiteraient, en revanche, que le robinet de financement continue de couler sans conditions. Une question urgente, de vie et de mort pour l’Ukraine face à la Russie arguent-ils, avec force (5). Mais, ce qu’oublient de dire Vilnius, Tallinn ou Varsovie, c’est que le soutien militaire européen est devenu vital aussi pour leur propre budget militaire et leur politique de modernisation de l’armée.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article [Analyse] Sur fond de guerre en Ukraine, la solidarité européenne joue à plein. Les intérêts nationaux aussi ! est apparu en premier sur B2 Le Blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Les Alliés ont franchi le pas. Ils vont livrer des avions de chasse afin de permettre à l’Ukraine de reconstituer sa force aérienne détruite en partie au début de la guerre. Ce très rapidement.
Un Mig 29 aux couleurs slovaques (Photo : MOD Slovaquie / Archives B2)13 chasseurs Mig 29 slovaques
Bratislava livrera treize chasseurs MiG-29 de conception soviétique à l’Ukraine, a ainsi déclaré vendredi (17 mars) le Premier ministre, Eduard Heger. Une démarche “pleinement coordonnée avec la Pologne et l’Ukraine” a-t-il ajouté. Bratislava va aussi livrer à Kiev deux systèmes de défense anti-aérienne de type Koub.
D’ici quelques semaines
Le transport des avions “prendra quelques semaines”, a précisé, de son côté, le ministre de la Défense Jaroslav Nad. “Au moins trois appareils seront utilisés pour fournir des pièces détachées”, a ajouté le chef d’état-major des forces armées slovaques, le général Daniel Zmeko. Ces chasseurs ont été modernisés pour la dernière fois en 1996 et ne sont plus utilisés actuellement dans la chasse slovaque.
Quatre Mig 29 polonais également
La Pologne a annoncé jeudi (16 mars) livrer un premier lot de quatre chasseurs-bombardiers MiG-29 à l’Ukraine. “Dans les jours à venir, nous allons d’abord transférer (…) quatre avions entièrement opérationnels à l’Ukraine”, a ainsi déclaré le président polonais Andrzej Duda à la presse. D’autres appareils devraient suivre. ‘Ils sont actuellement remis en condition et seront probablement transférés successivement” a-t-il indiqué.
Une demande de Kiev
Cela répond à une demande récurrente de l’Ukraine qui a subi des pertes importantes dans son aviation, notamment dans les premiers jours de l’offensive russe en février 2022. Kiev a demandé à plusieurs reprises aux alliés de l’OTAN de lui envoyer des avions. En particulier des F-16.
Pas de livraison de F-16 prévus
Du côté américain, il n’y pas de livraison prévue. “Ce n’est pas sur la table”, a indiqué John Kirby, le porte-parole de la Maison blanche à des journalistes, rappelant que le président Joe Biden s’était opposé publiquement à la livraison d’avions de combat à l’Ukraine. Mais cette livraison semble bien avoir été totalement concertée et avoir reçu le feu vert de la Maison Blanche.
Une compensation US et européenne
Bratislava a ainsi annoncé recevoir une « compensation » américaine pour la livraison à l’Ukraine d’équipements militaires spécifiques, d’une valeur d’environ 700 millions$ qui « s’ajoute à la compensation au titre de la facilité européenne pour la paix ». Au total, l’indemnisation atteint ainsi « environ 900 millions € ».
D’autres fournisseurs d’ici 2024 ou 2025 ?
La France n’a pas exclu la livraison d’avions de chasse de type Mirage. La décision de passer au “Tout Rafale” de manière accélérée libère ainsi un certain nombre d’avions opérationnels. Le Royaume-Uni a commencé à former les pilotes ukrainiens. La Finlande, par la voie de sa première ministre Sanna Marin en visite à Kiev, la semaine dernière, avait indiqué qu’il fallait « réfléchir » à la livraison d’avions finlandais de type F-18 Hornet. Ceux-ci doivent commencer à être retirés du service dans les années 2025, pour être remplacés par des F-35.
(Nicolas Gros-Verheyde avec AFP)
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(B2) L’Europe est-elle en train de perdre la main ? A-t-elle encore un rôle à jouer, notamment en Afrique ou au Moyen-Orient ? Pourquoi une partie du Sud se détache ?
© NGV / B2Plusieurs pays dans le monde semblent préférer les Russes ou Chinois. L’Europe s’en étonne, s’en offusque, accusant l’entrisme des mercenaires de Wagner ou le cynisme chinois. Mais faut-il en être surpris ? Ce détachement de l’Europe d’une bonne partie des pays africains ou asiatiques trouve sans doute des racines dans l’histoire des non alignés (cf. encadré). Il s’explique par des raisons structurelles. Mais il tient aussi en bonne partie à la politique européenne, balançant entre repli sur soi, tentation du vide et double standard.
Des causes structurelles
La montée en puissance économique et démographique, de la Chine comme de plusieurs puissances régionales, aboutit mécaniquement à une moindre influence européenne (et même occidentale).
Il existe dans des pays du Sud une dynamique que les Européens n’ont pas voulu prendre en compte. Disposant d’une élite formée, d’une force économique humaine, et souvent de ressources notables (pétrole, gaz, minerais, matériaux rares), ils ne sont pas hostiles en soi, mais considèrent que leurs intérêts passent par la diversification des alliances, à la fois pour affirmer une certaine autonomie et se protéger de toute velléité d’intervention. La case Europe n’est plus le passage obligé de leur coopération internationale.
L’effacement lent et inéluctable de l’Europe tient aussi à une inflexion de la politique européenne. L’Europe a délaissé sa position de médiateur ou négociateur dans plusieurs conflits : Syrie, Israël-Palestine, Arabie Saoudite-Yémen, Libye, Soudan, Afghanistan, Soudan… Et en dernier lieu l’Ukraine. Les Émirats arabes unis, le Qatar, voire la Turquie et la Chine se sont engouffrés dans cette brèche. La réconciliation inédite entre les deux frères ennemis du Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite et l’Iran, sous l’égide de la Chine, est un signe notable.
Plusieurs erreurs notables
L’Europe a multiplié les erreurs ces dernières années.
L’intervention en Libye, en 2011, a laissé une trace ineffable (surtout en Afrique). C’est la résurgence d’une volonté colonialiste qu’on disait passée, d’aboutir à un changement de pouvoir par la force. Elle est d’autant plus forte en Afrique que la Libye, même autoritaire, aidait nombre de pays africains et que l’Europe a effacé cet épisode de se mémoire collective, refusant de se livrer à un « retour d’expérience ».
L’enfermement européen, refusant les flux migratoires, à partir de la crise migratoire de 2015, a été perçu par une bonne part du continent comme un refus de l’Europe d’assumer la part de la solidarité qu’elle demande à l’Afrique. Le tournant anti-migrations pris dans toute l’Europe depuis 2020, comme à l’inverse l’accueil massif des Ukrainiens confirment ce sentiment d’une position qui confine au racisme.
L’intervention française au Mali, demandée au départ par les Maliens, s’est transformée en une vaste opération anti-terroriste aux contours flous (1). Prolongée au-delà du strict nécessaire, elle a peu à peu été perçue comme une ingérence étrangère. Les propos français, et européens, pour la junte civilo-militaire au pouvoir ont rajouté à l’ire nationale (lire aussi : Libye, Mali, Algérie… les fâcheries s’accumulent. Barkhane s’enrhume). Bamako, soutenu par Moscou, a fini par obtenir le départ sans délai de l’opération Barkhane et de son avatar européen, la task force Takuba (2). Dans ce qui ressemble à une déroute politique qui laissera des traces.
Un double standard mal perçu
La volonté européenne de promouvoir ses valeurs se heurte aujourd’hui à la realpolitik. Ce qui produit un déséquilibre flagrant. Silence quasi complet sur les violations des droits de l’Homme dans les monarchies du Golfe (3) ou en Égypte, mansuétude sur le coup d’état au Tchad, faible dénonciation des violences israéliennes sur les palestiniens, etc. Mais les coups d’État au Mali ou au Burkina Faso sont en revanche dénoncés clairement. Vu du côté du Sud, ces positions sont incompréhensibles (4).
Même en Afrique centrale, où l’Europe a souvent été présente, sa lenteur et timidité à condamner l’action du Rwanda à l’Est du Congo n’est pas passée inaperçue. Dans ce pays pourtant classé dans un camp occidental, cette faiblesse est mise en regard avec la vigueur européenne pour dénoncer d’autres agressions, notamment de la Russie et l’Ukraine. Les échanges entre un Félix Tshisekedi et un Emmanuel Macron, le 4 mars dernier, pour avoir été sans doute surjoués (lire : Carnet 07.03.2023) , tiennent aussi d’une réalité existante dont il faudrait prendre conscience.
La politique de sanctions européenne, justifiable par certains points de vue en Europe, passe de plus en plus mal dans les pays du Sud. Elle est perçue comme la persistance de son arrogance et de la volonté d’imposer ses valeurs, de façon très orientée : aucune sanction sur Israël, l’Arabie saoudite, la Turquie, la Chine… Selon le bon vieux principe qu’il faut mieux être puissant que faible.
Le soutien massif, militaire et financier, apporté à l’Ukraine, sans aucune contrepartie, ni contrôle, n’a pas vraiment été compris, notamment en Afrique. Il souligne que si l’Europe veut, elle peut. Mais uniquement face à des « blancs, chrétiens » (5).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Le retour des non alignés. On assiste ainsi à la résurgence d'un bloc des Non alignés des années 1960-70. Même s'il n'en a pas la morphologie idéologique, spécifique à la guerre froide, il en partage certains atouts. L'attitude aux Nations unies en est un signe. Malgré tous les efforts européens, le rapport de forces n'a pas vraiment évolué en un an de guerre. Un bon quart des pays préférant s'abstenir ou s'absenter, un quart représentant tout de même plus de la moitié de la population mondiale (lire : [Actualité] L’assemblée générale de l’ONU vote pour la paix pour l’Ukraine. Le Sud s’abstient). Une position qui n'a rien d'extraordinaire si on regarde des votes sur d'autres sujets. [Analyse] Au Conseil de sécurité de l’ONU, l’Afrique se détache de l’EuropeA suivre sur B2 Pro : le lent effacement européen de la négociation mondiale
Cet article [Analyse] Le Global South se détache peu à peu. L’Europe déstabilisée ? est apparu en premier sur B2 Le Blog de l'Europe géopolitique.
Aprés avoir élu M. Bola Tinubu à la présidence, le pays le plus peuplé du continent africain se rend une nouvelle fois aux urnes, ce samedi, pour choisir les gouvernements locaux et 33 des 36 gouverneurs des États de la fédération, dont celui qui abrite la gigantesque capitale économique du pays. Au début des années 2000, on traversait toujours le pont d'Oshodi avec un peu de nervosité, que l'on soit Lagotien ou étranger en route vers l'aéroport international de la capitale économique du Nigeria, qui (...)
- Mots d'Afrique / Nigeria, ÉlectionsIl n'y a pas que les retraites : les échéances se bousculent pour l'exécutif français… L'armée tricolore expulsée du Burkina — après le Mali et la Centrafrique… Les rêves d'Europe de la défense remisés au profit d'une renaissance de l'Alliance atlantique… Les Américains, flanqués des Britanniques (et des Allemands), qui mènent le jeu avec les Ukrainiens… Le poids financier peut-être insoutenable d'une programmation militaire très « augmentée » — renouvellement de la dissuasion nucléaire et guerre en Ukraine (...)
- Défense en ligne / Armée, Défense, France, OTAN, Ukraine(B2) Parmi les enseignements tirés du conflit (artillerie, drones, effet de masse…), peu s’attardent sur l’organisation des armées. Or, c’est un point qui explique, aussi, la bonne résistance ukrainienne face à l’armada russe.
Démonstration de l’utilisation d’un drone tactique (Photo : MOD Ukraine)Une logistique largement décentralisée
Pour autant qu’on puisse le savoir, le fonctionnement des forces ukrainiennes est plutôt décentralisé. La logistique d’une unité des forces armées ukrainiennes est en partie assurée sur le terrain par les gouverneurs de province (ou les municipalités). Ce sont eux qui fournissent la logistique “vie” nécessaire : hébergement, nourriture, jusqu’aux services de soins. Cela permet à l’armée d’avoir un fonctionnement central plutôt léger, concentré sur le commandement opérationnel. À l’inverse du dispositif russe, plus lourd, moins mobile, plus centralisé.
Une logique de mouvement partisan
L’ organisation ukrainienne associe d’un côté une logique d’armée centralisée, avec un commandement du haut vers le bas, et une logique de la guerre de partisans issue de la Seconde guerre mondiale, avec une large autonomie des forces sur place. Une tactique qui est aussi issue d’une histoire plus récente. Au début de la guerre en 2014, l’inorganisation de l’armée ukrainienne face aux troupes séparatistes et russes aboutit à la création de bataillons de volontaires. Des bataillons — soutenus par la population qui les ravitaillait, leur envoyait des vêtements, ou leur achetait des équipements (1).
Une maintenance et technologie confiée aux civils
Idem du côté de la maintenance ou de l’innovation technologique. On fait appel aux structures civiles. Des centaines d’ateliers se sont développés dans tout le pays pour transformer les drones avec l’aide de volontaires (2). L’entretien primaire des canons Caesar français — ce que les militaires appellent le « MCO terrain » — est ainsi assuré par des entreprises agricoles. « Car quand on fait de l’hydraulique agricole, on peut faire de la maintenance Caesar » comme le confirme à B2 un responsable militaire français.
Du renseignement humain puisé dans la population
Quant au renseignement, s’il dispose de capteurs modernes type drones, du renseignement satellite et de l’analyse fournis par les Alliés de l’OTAN, il puise aussi ses ressorts dans un système à l’ancienne : le réseau des “babas”, ces grands-mères ou papis inoffensifs, qui peuvent renseigner l’armée ukrainienne sur tous les mouvements. Une technique héritée là encore de l’histoire de l’Ukraine.
Assez peu mis en valeur
Tous ces enseignements ne se trouvent souvent peu mis en avant par les états-majors, du moins publiquement. Le récent rapport du Sénat sur les enseignements à tirer du conflit en Ukraine (3), en témoigne. Documenté, mais décevant dans son approche, il concentre son analyse sur quelques points assez conformistes : la haute intensité, l’effet de masse, la dissuasion nucléaire, les drones, etc. Un point de vue davantage destiné semble-t-il à justifier des inflexions déjà prises dans les états-majors qu’à vraiment envisager l’avenir.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article [Réflexion] Une autre leçon du conflit en Ukraine pour les armées européennes est apparu en premier sur B2 Le Blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Un total de 1087,5 kg de différents stupéfiants ont été saisis sur deux boutres, qui n’arboraient aucun pavillon national.
L’équipe de visite du Dixmude perquisitionne un boutre suspect (Photo : Etat-major des armées)Cette première opération anti-stupéfiants de l’opération européenne EUNAVFOR Atalanta en 2023, a été menée en deux actions distinctes : la première par la frégate La Fayette (F-710) et, peu après, la seconde par le porte-hélicoptères Dixmude (L-9015).
Au total, « 573 kg de résine de cannabis, 305 kg d’héroïne et 210 kg de méthamphétamine » ont été saisis, signale l’opération maritime de l’UE. La valeur marchande de ces saisies est estimée à 36,8 millions d’euros. Ces deux actions font suite aux huit menées en 2022 qui ont permis de saisir « plus de 12,7 tonnes de stupéfiants au total ».
Les deux bâtiments français, qui font partie de la mission « Jeanne d’Arc 23 » ont été mis à disposition le temps du passage dans la zone d’opération de l’opération européenne : ce qu’on appelle le soutien direct.
L’opération Atalanta est actuellement commandée par le captain (capitaine de vaisseau) Juan María Ibáñez Martín. Elle dispose de deux navires : la frégate espagnole Reina Sofia (F-84), qui sert de navire-amiral, et la frégate italienne Carlo Bergamini (F-590).
(NGV)
Cet article [En bref] Une patrouille d’Atalanta saisit une tonne de stupéfiants dans l’Océan indien est apparu en premier sur B2 Le Blog de l'Europe géopolitique.
De Johannesburg à Dakar, l'Afrique est en proie à une frénésie immobilière. Si la question de l'« accaparement des terres » mobilise médias et associations, les transactions désordonnées sur le foncier périurbain des grandes métropoles suscitent nettement moins de débats. Entre bidonvilles et zones résidentielles sécurisées, la ville africaine de demain reste pourtant le miroir grossissant des inégalités sociales. Depuis le milieu des années 1990, sous l'expression anglo-saxonne de Land grabbing, l'« (...)
- Mots d'Afrique / Afrique, Logement, Urbanisme, VilleQue pensent les habitants du monde arabe de la démocratie, de la religion ou de la corruption ? Depuis plusieurs années, un centre de recherche basée au Qatar interroge plusieurs milliers de personnes. Les conclusions de la dernière enquête démontrent que l'idéal démocratique, fut-il accompagné de réserves, n'a pas disparu de cette région du monde. Que n'a-t-on écrit sur la « rue arabe », cette expression méprisante si souvent utilisée par les grands médias ? La nouvelle enquête de l'Arab Center for Research (...)
- Horizons arabes / Monde arabe, Sondage d'opinion, Démocratie, Religion(B2) Depuis un an, la guerre russe en Ukraine a déjà bouleversé la politique européenne. Une évolution qui va continuer ces prochaines années et pourrait aboutir à transformer l’Union actuelle, de façon majeure et structurelle. Quelques éléments de réflexion.
Kiev © NGV / B2Une question dans tous les domaines
Le sujet « Ukraine » est systématiquement porté à l’agenda des réunions des ministres des Affaires étrangères comme des Chefs d’États et de gouvernement. Mais la question est transversale. Aujourd’hui, au Conseil de l’UE, il n’y pas un seul secteur, un seul des quelques 150 groupes de travail, même les plus éloignés de la politique extérieure, qui n’ait pas la question Ukraine à son agenda. Que ce soit les télécoms (avec l’extension du roaming aux ukrainiens), la culture (avec la question du patrimoine culturel ou des artistes en danger), l’économie et les finances (pour les questions de prêts macro-financiers) ou les transports (avec l’extension des réseaux transeuropéens en Ukraine et Moldavie), tous les experts européens doivent traiter la question Ukraine qu’il s’agisse d’une action sur place ou en relation avec la guerre ou des conséquences sur le plan intérieur de celle-ci.
La défense politique européenne
La défense devient, de gré ou de force, une politique européenne mixte (à la fois communautaire et intergouvernemental). Sans un changement de ligne du traité. Ce qui est, en soi, peu anodin dans l’histoire européenne. Même la question d’établir au niveau européen une centrale d’achats et un financement pour l’envoi de munitions en Ukraine, de façon massive, et le recomplètement des stocks de munitions, est aujourd’hui abordée de front (lire : [Confidentiel] Munitions. À la recherche d’une solution pratique et concrète d’ici fin mars ?).
Aucune question n’est plus taboue
Le principe n’est plus de s’abriter derrière une impossibilité juridique ou financière (comme dans les années 2010 où tous les arguments étaient bons pour ne pas intervenir). Le principe devient : comment faire, en contournant les obstacles existants, pour faire quand même. L’heure est au « pragmatisme » résumait récemment un ambassadeur. Avec raison. Les termes de « souveraineté européenne » ou « autonomie stratégique » qui suscitaient auparavant des batailles épiques sont acceptées. La question devient : comment on applique ces termes concrètement.
Une convergence idéologique
Même si quelques rivalités de personnes peuvent surgir, entre le Belge libéral Charles Michel le président du Conseil européen, l’Allemande chrétienne-démocrate Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, le Français libéral Thierry Breton, le commissaire chargé de l’industrie et de la défense, et le socialiste espagnol Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, le « cœur » de l’Europe converge sur un point : la défense est primordiale, l’autonomie stratégique et la souveraineté européennes doivent être renforcées. Au niveau des États membres, les divergences sont plus profondes, mais cet objectif est assez partagé. Les nuances se font surtout sur la mise en pratique.
Un budget à 2%
La défense, considérée auparavant comme une “non politique” européenne, représente environ 2% du budget européen (25 milliards €) sur la période pluri-annuelle 2021-2027 selon nos calculs (1). Soit tout simplement l’objectif défini par l’OTAN pour les dépenses de ses États membres (lire : Quel objectif de dépense pour les Alliés de l’OTAN. Le débat est lancé ). Et si vous ajoutez les autres tâches régaliennes (politique étrangère, élargissement, sécurité, frontières, migrations, etc.), cela représente 13% du budget européen (près de 160 milliards euros) (2).
… en croissance exponentielle
Et ce budget est en croissance. Sans grande difficulté (quelques mois de débat à l’échelle européenne ne sont pas si importantes), les 27 ont décidé en décembre de rajouter deux milliards tout de suite à la facilité européenne pour la paix, et 3,5 autres milliards potentiels. La Commission européenne a raclé les fonds de tiroir pour affecter 500 millions d’euros de plus à un nouveau fonds de défense (destiné aux acquisitions en commun, EDIRPA). Et un nouveau fonds (EDIP) doit voir le jour qui n’est pas encore financé. Pour le prochain cadre budgétaire 2028-2035, ces sommes ne vont pas baisser a priori, mais plutôt augmenter. Cela veut dire que les autres politiques (agricole ou régionale) seront ponctionnées. Sauf à trouver de nouvelles ressources.
Une Europe en transformation
Le statut de pays candidat octroyé à l’Ukraine (et la Moldavie) en un temps record ne doit pas faire illusion non plus. Même s’il s’agit d’une gestuelle très politique — montrer la solidarité européenne —, la mécanique d’élargissement de l’Union européenne a repris de façon rapide. Kiev et Chisinau, les deux capitales concernées, ont pris le problème à bras le corps. Et avec l’enthousiasme des néophytes, ils se jettent à corps perdus dans la mise en conformité de leur législation aux normes européennes. En plein conflit, le gouvernement ukrainien et la Rada (le parlement national) adoptent donc loi sur loi. Y compris sur des sujets très éloignés du conflit (ex. sur la reconnaissance des jugements civils et commerciaux). A tel point que l’objectif fixé par le président ukrainien V. Zelensky de voir s’ouvrir les négociations d’adhésion d’ici la fin 2023 (lire : [Récit] Zelenksy à Bruxelles : un one-man show réussi ?), ou début 2024, n’est plus tout à fait théorique.
… vers une Europe à 35 ou 36 membres ?
Des négociations discrètes sont en cours entre Belgrade et Pristina, visant à normaliser les relations entre les deux capitales, et donc entre les deux pays (lire : [Exclusif] Les dix points clés de l’accord de normalisation entre Belgrade et Pristina présenté aux 27). Si elles aboutissent, la voie vers l’adhésion de la Serbie n’a plus d’obstacle politique majeur. Neuf pays sont dans la salle d’attente européenne. Et certains sont bien décidés à y rentrer. L’Europe à 35-36 n’est donc plus une théorie. Mais une possibilité à laquelle les « vieux » pays européens doivent se préparer. L’Union européenne change de nature et donc de fonctionnement.
Conclusion : une Europe en transformation
Pour la deuxième fois de sa courte histoire, l’intégration européenne ne sait pas trop bien où elle va. Mais elle y va. Comme l’Europe de 2004 (après le big bang de l’élargissement à l’Est) ne ressemblait plus tout à fait à l’Europe de 1989, l’Union de 2035 ne sera donc pas tout à fait celle de 2020. Nous en faisons le pari : la transformation européenne en cours n’est ni mineure ni conjoncturelle. Toutes les politiques seront impactées demain par ces changements.
Le monde aussi évolue à grande vitesse, avec la reconstitution d’un bloc des Non Alignés (le Global South), un multilatéralisme remis en question. « On entre dans un nouveau monde » me confiait un ambassadeur récemment.
Celui ou celle qui prétend suivre les affaires européennes aujourd’hui, sans jeter un coup d’œil sur ces évolutions majeures de la défense et de la diplomatie, commet une singulière erreur. C’est comme naviguer en pleine tempête, sans sextant ou GPS et sans s’assurer de gilets de sauvetage… Conçu pour donner des clés de lecture, des outils d’information, B2 va continuer d’accompagner cette évolution. En évoluant aussi et se transformant à sa façon.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : [Analyse] Ces dix mois qui ont changé la défense européenne. À son insu, de son plein gré
Cet article [Éditorial] Un an de guerre en Ukraine. Un changement de paradigme pour l’Europe est apparu en premier sur B2 Le Blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Le groupe de Liverpool nous avait habitué à une musique plus dance. Cette fois, ils ont choisi une musique toute douce. Un air lancinant. Quelques accords. L’intérêt est aussi un texte en forme de dénonciation d’un des hommes les plus puissants. Écoutez Living in the past
V. Poutine en plein sacre de la personnalité © Pet Shop Boys – extrait B2The past isn’t even past
Cette chanson qui vient d’être publiée sur le site de Pet Shop boys (alias PSB), formé par Neil Tennant et Chris Lowe, vaut le détour. Elle se veut une réaction, à chaud, à la célébration par Vladimir Poutine début février à Volgograd (ex Stalingrad) des 80 ans de la victoire de la Seconde Guerre mondiale, dévoilant un nouveau buste de Staline. Un évènement qui avait troublé le groupe au point de susciter un virulent commentaire : « Stalin is back » sur leur site.
Je veux que les hommes meurent avec mon nom sur leurs lèvres
On est loin ainsi du rythme syncopé, très dance de Go West des Villages People repris par PSB deux ans après la chute de l’URSS ou de Always on my mind. Fabriqué à la maison, comme une démo, et diffusé pour l’instant sur You Tube, le ton est moins enthousiaste aussi. Il fait référence à une autre actualité, plus tragique, la sanglante offensive russe en Ukraine commencée il y a presque un an, le 24 février 2022.
Il est trop tard pour perdre
Le duo de Liverpool, n’a jamais renié à la critique, sociale dans West End Girls ou sur l’éducation catholique, comme dans It’s the sin. Mais, là, il s’attaque à plus haut, au niveau international. Il se livre à une critique acerbe de la psychologie politique de Poutine : un être sans cœur, poursuivi par un désir personnel de prendre sa revanche, mû par une volonté de redonner à la Russie ce qu’était l’URSS hier.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Traduction maison des paroles en anglais
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(B2) Le séisme en Turquie a pris à revers l’Alliance atlantique. L’organisation qui déroule habituellement son action, de façon linéaire, planifiée, s’est trouvée en fait bien dépourvue face à ce tremblement de terre qui nécessite d’envoyer rapidement hommes et matériels. Elle a bien essayé de prouver l’efficacité de son dispositif de réaction rapide (EADRCC). Au prix d’un artifice frôlant le mensonge.
Equipe de sauvetage bulgare à l’œuvre autour d’un bâtiment détruit par le séisme en Turquie (photo : ECHO – Protection civile bulgare)Que dit l’Alliance ?
« Plus de 1400 membres du personnel d’intervention d’urgence de plus de vingt pays alliés et partenaires de l’OTAN – dont la Finlande et la Suède – sont déployés en Turquie pour aider à répondre aux tremblements de terre du 6 février » indique-t-elle dans un communiqué publié mardi. C’est vrai en effet. Il y a « plus de 1400 sauveteurs et 100 chiens de recherche » envoyés sur place dès le début.
Ce qu’omet de dire l’Alliance… c’est que cette aide a été principalement fournie dans le cadre du mécanisme européen de protection civile de la Commission européenne (1). En fait, selon nos informations, seuls deux pays (Islande et Azerbaidjan) ont répondu par l’intermédiaire du centre de l’OTAN. Tous les autres pays européens qui ont envoyé des secours — 26 pays de l’UE, + trois pays tiers (Albanie, Monténégro et Serbie) — ont préféré passer par le mécanisme européen de protection civile.
Une réalité d’autant plus difficile à admettre du côté de l’Alliance, que la Turquie — pourtant non membre de l’UE, mais participante au mécanisme européen de protection civile — a déclenché le mécanisme européen en premier. Car elle en connait son efficacité pour l’avoir tester à plusieurs reprises. Ce n’est que six heures après qu’elle a déclenché le mécanisme de l’OTAN.
Le pieux mensonge de l’OTAN
Quand l’OTAN affirme ainsi que le « soutien est fourni par l’intermédiaire du Centre euro-atlantique de coordination des réactions en cas de catastrophe (EADRCC) de l’OTAN, le principal mécanisme civil d’intervention d’urgence de l’Alliance dans la zone euro-atlantique », on passe ainsi du pieux mensonge par omission, à l’affirmation mensongère. Surtout quand l’Alliance omet de dire un seul mot sur l’action de la Commission européenne (2). Un oubli d’autant plus étrange que les deux organisations se sont jurées, à travers les déclarations successives UE-OTAN, de coopérer, notamment dans des domaines civils.
La carte des interventions des équipes de sauvetage européenes source ECHO / B2Pourquoi l’UE et pas l’OTAN ?
C’est simple, le mécanisme de protection civile de l’UE a plusieurs atouts. A commencer par son expérience, son étendue d’action… et son budget !
30 ans d’expérience
Accolé à l’office européen d’aide humanitaire, créé il y a trente ans, en pleine guerre de Yougoslavie en 1992, ce mécanisme créé en 2001, est aujourd’hui particulièrement rôdé. Il regroupe au-delà des seuls membres de l’Union européenne, huit pays du voisinage européen, dont la Turquie. Selon un principe assez simple : « tu m’aides un jour, je t’aide le lendemain ».
Un fonctionnement très civil
Il fonctionne de façon assez souple : une bourse d’échange entre le pays demandeur et les pays qui envoient hommes et matériels. Et selon un principe : la « neutralité » d’action. Son intervention se veut « apolitique », « civile » et est surtout « inodore ». Chaque pays peut ainsi revendiquer l’aide envoyée comme nationale et purement civile (même si elle est souvent assurée par des militaires). À travers l’OTAN, l’aide apparait immédiatement comme très politique et très militaire. Logique le rôle de l’OTAN reste une organisation politico-miltaire, à la différence de l’UE, organisation politico-civile.
Une salle de crise rôdée aux catastrophes de tous genres
Sa salle de commandement 24 h / 24 (alias ERCC) gère régulièrement toute une série d’urgences : des feux de forêt l’été aux séismes ou catastrophes technologiques, telles l’explosion du port de Beyrouth (lire dossier N°86. L’Europe face à la crise du Liban après l’explosion du 4 août 2020), en passant par la crise du Covid-19 ou les guerres (lire : Aide humanitaire, protection civile et Medevac. Le plan de l’aide européenne pour l’Ukraine).
Un puissant atout financier
Le mécanisme de l’UE a surtout un argument sacrément efficace : argent et organisation. Doté d’un budget conséquent (3), il permet de financer une bonne partie des coûts : 75% des coûts de déploiement opérationnel (notamment transport des matériels et des équipes) sont pris en charge dans le cas de la Turquie, a confirmé à B2 un responsable du sauvetage. Autant dire une sacrée incitation. Car le reste des coûts (salaires des personnels, etc.) est de toute façon à charge des États.
Une administration dédiée à la réponse de crises
Le dispositif est aussi très rôdé. En 2021, il a ainsi été déclenché à 114 reprises. Autrement dit, une fois tous les trois jours. Géré par une direction générale de la Commission (la DG ECHO), il anticipe les crises, en passant des contrats cadres soit avec des ONG (pour l’aide humanitaire), soit avec des fournisseurs. Ajouté à cela, le dispositif de réserve d’urgence (RescUE) mis en place depuis 2019 et renforcé après la crise du Covid-19, permettant de disposer de plusieurs stocks ou services spécialisés pour répondre à certaines urgences (feux de forêts, médical, NRBC).
Commentaire : un jeu bien puéril
On peut comprendre pourquoi un État, même membre de l’Alliance, préfère passer par le dispositif UE que par le dispositif OTAN. Celui-ci ne disposant ni de cette organisation ni de ce budget. Entre les deux, c’est un peu la comparaison entre un club de football professionnel et un club amateur des copains du dimanche. Il n’y a pas photo. Plutôt que de faire abstraction de l’Union européenne, de manière assez puérile, l’OTAN aurait tout intérêt à la mettre en avant pour vanter la bonne coopération qui règne (même si elle existe peu en l’espèce) entre les deux organisations. Au lieu de cela, on est dans une espèce de « marquage à la culotte », particulièrement pitoyable, d’autant plus grave en pleine période de tension Russie-Occident, où la désinformation fait rage. L’Alliance ne voudrait pas donner pièce à la Russie qui accuse régulièrement l’OTAN de mentir sur la guerre en Ukraine, qu’elle ne s’y prendrait pas autrement…
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire nos fiches (réservées aux adhérents) :
— RescEU. La réserve en renfort pour les urgences civiles (fiche)
— Le mécanisme de protection civile. Une petite révolution. Capacités et porte-monnaie
Dans la salle de crise de la Commission européenne, à l’heure du CoronavirusMis à jour 12.2 23h50 – nombre de pays européens intervenants + la carte d’intervention
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Le deuxième tome du Sang des cerises est paru en novembre 2022, clotûrant le dernier épisode de la saga des Passagers du vents. J'en ressors avec un sentiment mitigé.
Nous parlons quand même de François Bourgeon, l'auteur des Passagers du vent. Pour les jeunes lecteurs, l'irruption de cette série dans les années 1980 (aux éditions Glénat, nouvel acteur de l'édition de BD à l'époque) avait donné sinon un coup de fouet, du moins un coup d'accélérateur à la BD de qualité, la sortant défintivement des rayons enfantins. Dargaud avait suivi en lançant la série XIII... Je collectionne des BD sérieusment depuis cette époque...
Revenons à Bourgeon : les Passagers du vent mêlaient un beau dessin, minutieux dans les détails, réaliste dans les attitudes, empreint de poésie grâce aux vieux gréments et à la mer, un scénario original, des personnages attachants et finalement à la mentalité très contemporaine. Autrement dit, une réinvention de la BD historique qui fit florès. Bourgeon poursuivit avec deux autres séries : Les compagnons du crépuscule, sensationnelle plongée dans le Moyen-âge, et le cycle de Cyann, à dominante de science-fiction fantasy (à laquelle j'ai moins accroché). Il reprit ensuite la série des passagers du vent avec "La petite fille bois Caïman" puis avec cette troisième et dernière saison, "Le sang des cerises", dont le tome 1 est paru en 2018 et dont voici le tome 2.
L'action se passe au temps de la Commune. On suit les lentes prérégrinations de Zabo la communarde qui raconte (à la fin des années 1880) à un jeune bretonne un peu perdue, Klervi, son expérience de la Commune, de la défaite, de l'emprisonnement à Versailes jusqu'au transfert à Rochefort, puis le voyage de déportation vers la Nouvelle Calédonie, le temps passé là-bas, le retour et l'ultime voyage en Bretagne.
Disons les choses simplement : malgré les artifices du scénario pour relancer la "conversation", le gigantesque flash-back de Zabo paraît artificiel, verbeux et pour tout dire, ennuyeux. Ce qui était léger dans les volumes précédents est ici lourd, discursif, pesant. Et du coup, on se perd. J'ai mis du temps à m'attacher aux personnages... quant à la chute, elle peine à convaincre...
Le trait reste toujours de très bonne qualité mais là encore, avec quelques pesanteurs disgracieuses, sans les illuminations ni les chocs visuels qu'on avait eus lors des premiers opus.
Bref, un album que l'on conserve par amitié mais sans être réellement convaincu.
O. Kempf
Jean-Marie Straub est mort le 20 novembre dernier, seize ans après sa compagne et coréalisatrice Danièle Huillet, deux mois après Jean-Luc Godard, décédé dans la même petite ville de Rolle, en Suisse. On n'a pas suffisamment reconnu que Jean-Marie Straub a fait, comme ce dernier, partie de la Nouvelle Vague : il rencontra André Bazin des Cahiers du cinéma, écrivit plusieurs textes pour la revue (qu'elle ne publia finalement pas), mais surtout il fut l'ami, dès les années 1950, de Jacques Rivette et (...)
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