(B2) On pourrait se dire, c’est une démission de plus dans l’entourage de Donald Trump, le président américain. Le départ de Jim Mattis, de son poste de Secrétaire (ministre) à la défense, annoncé jeudi (20 décembre), n’est pas anodin
James Mattis, dans ses adieux de chef du commandement allié de transformation (‘Supreme Allied Commander Transformation’) (crédit : OTAN / Archives B2 juillet 2009)L’ancien dirigeant des Marines a tout enduré sous Donald Trump : sa manière désinvolte de traiter l’OTAN comme ses insultes aux plus fidèles alliés, ses tentatives de dialogue direct avec Poutine qui ont tourné à la déroute, son absence de respect à certains vétérans ou familles des morts en opération, ses atermoiements dans les opérations…. Le départ décidé de Syrie, abandonnant les alliés kurdes et arabes à leur sort, face à la Turquie comme face à Daesh, a sans doute été la goutte qui a fait déborder le vase.
Il faut traiter les alliés avec respect
Dans une lettre du 20 décembre, révélée par plusieurs médias américains, et obtenue par B2, le ministre ne cache pas cette différence de vision : « Ma vision [est] de traiter les alliés avec respect et aussi d’avoir les yeux ouverts sur nos concurrents stratégiques et acteurs malins. […] Nous devons faire tout notre possible pour avancer vers un ordre international qui est le plus conduction pour notre sécurité, prospérité et valeurs. Et nous devons renforcer notre effort par la solidarité de nos alliances ». Mais vous avez le droit d’avoir un ministre qui partage mieux vos vues. »
Deux mois de préavis
Pour autant, il ne claque pas la porte, comme pourrait le faire un ministre français, du jour au lendemain. Il laisse un délai « suffisant », jusqu’au 28 février 2019, à Donald Trump pour lui trouver un successeur… Celui-ci devra composer avec un Sénat où il a fort à faire non seulement avec l’opposition démocrate, mais aussi certains élus républicains critiques de sa politique étrangère, comme l’a montré le refus de l’assistance militaire à l’Arabie Saoudite.
(NGV)
(B2) La surveillance aérienne de l’Océan indien est des vecteurs essentiels de l’opération anti-piraterie de l’Union européenne (EUNAVFOR Atalanta). La Bundeswehr a publié récemment un petit récit de la journée type de ses marins-aviateurs dont la principale qualité est la curiosité…. Le voici
Le P-3C Orion de la marine allemande qui répond à l’indicatif d’appel radio « Jester » était sur zone de septembre à fin novembre. 280 heures de vol à son actif pour surveiller une zone plus vaste que l’Europe. Il a été relayé sur place par un P-3M Orion espagnol, avant de revenir prendre le relais en mars (1). Ce témoignage, même venant d’un organe de communication officiel est intéressant, car il retrace en bonne partie le quotidien de ces hommes (et femmes) chargés de scruter la mer à la recherche du moindre indice de possibles pirates.
Il fait chaud
A cinq heures et demie du matin, le thermomètre pointe déjà à 30 degrés – et il ne va faire que monter. La chaleur et l’humidité à Djibouti constituent un défi pour les hommes, comme pour les matériels. Les techniciens de l’escadron d’aviation navale 3 de Nordholz se dirigent vers la base aérienne de l’armée de l’air française.
La mer se calme et le risque augmente
L’entre-saison commence ce jour-là. La mer au large de la Somalie se calme et la probabilité d’attaques de pirates augmente. Le long de la côte somalienne, l’une des routes commerciales les plus importantes au monde. Même si le risque d’attaques pirates a été réduit ces derniers temps, l’heure reste à la vigilance.
Le feu couvant de la piraterie
« La piraterie est comme un feu couvant ici. Il suffit d’un coup de vent et le feu est ravivé », explique le chef de quart Etienne Wilke. Âgé de 39 ans, il a déjà été affecté six fois au poste de capitaine de corvette à Djibouti. Les anciens pirates ont cessé leur activité « C’est devenu trop dangereux pour eux.
L’inspection pré-vol
Arrivés à la base, les soldats allemands commencent par l’inspection pré-vol, qui va durer trois heures. Le « centre d’assistance aux missions » (MSC), centre opérationnel de la participation allemande à Atalanta, est en feu. Les armoires de serveurs bourdonnent. Les ventilateurs refroidissent la pièce. Le premier maître Hagen Klein, assis dans un coin, feuillette un dossier. C’est l’évaluateur des images aériennes.
Préparer le travail d’après
Les capitaines (Kapitänleutnant) Timo Brasch * et Werner Rudolph * sont également devant leur moniteur dans le MSC, en train de dresser des listes et de définir les données. Les deux officiers chargés du renseignement et du ‘tasking‘ préparent le briefing de l’équipage. « Les missions sont préparées, accompagnées et suivies », explique Rudolph. « Quand l’appareil reviendra ce soir, le travail principal commencera pour nous. » Ensuite, des centaines de nouvelles photos et vidéos devront être repérées.
Douze camps à parcourir
Sept heures du matin : le briefing commence. Aujourd’hui, direction : la côte sud de la Somalie. Douze camps doivent être parcourus et explorés, tous d’anciens nids de pirates. Une demi-heure avant le départ, l’équipage se rassemble dans l’avion. Le navigateur explique l’itinéraire et explique les points à contrôler. Puis Jester décolle.
Deux heures de vol
Le vol vers la zone d’opération dure plus de deux heures. « Le champ de surveillance est énorme, les distances sont longues », explique le copilote Torsten Maler *. Pour les opérateurs, jusqu’à l’arrivée dans la zone cible, il y a peu à faire. Le navigateur principal Markus Bayer * se sert un café dans la petite cuisine de l’avion. Pour lui, c’est la troisième mission à Atalanta. « Nous nous relayons toujours aux différentes stations. Après un moment, il est très fatigant de se concentrer sur la caméra ou le radar. Même en tant qu’observateur aux fenêtres, vous ne pouvez pas regarder éternellement sur l’eau. »
Côte somalienne en vue
La côte somalienne est en vue, le Jester a atteint la zone opérationnelle. À mi-hauteur, le premier camp est survolé : « Il y a une maison en ruine et des bâches orange qui servaient autrefois de tentes. Pas de gens, pas de bateaux sur la plage. » Néanmoins, tout est photographié pour réactualiser les anciennes images du camp [qui sont dans la base de données]. L’avion continue jusqu’au prochain camp.
Tout est enregistré automatiquement
Bayer effectue un zoom avant avec la caméra haute résolution. Tout est enregistré automatiquement. Malgré la distance de plusieurs milles marins, sur l’écran, tout est net et suffisamment proche pour être touché. Dans le village, il y a des gens, des voitures et un troupeau de chameaux à reconnaître. Sur la plage se trouvent une poignée d’esquifs, des petits bateaux de pêche typiques de la région. Le camp est, à nouveau, survolé pour ne manquer aucun détail.
Un baleinier, pêcheur ou pirate ?
A la troisième approche, un baleinier. Concentrés, les soldats sont assis devant leurs consoles, prennent des photos et se connectent. Pêcheur ou pirate ? Le gros bateau de pêche suscite l’intérêt à bord du Jester. L’avion fait un nouveau passage pour vérifier. L’équipage du bateau regarde dans le ciel, puis retourne au travail. « Rien de brillant, probablement que des pêcheurs. Souvent, ils soulèvent leurs bâches pour montrer leur cargaison ou leurs filets. Ils savent pourquoi nous sommes ici », explique Bayer. Surveillance terminée, l’appareil revient à la base.
Retour à la base, paré au redécollage
Les techniciens attendent déjà sur la base. Immédiatement après l’atterrissage, l’appareil doit être prêt à redécoller. Dès que Jester atteint sa position de stationnement, l’avion est entouré de techniciens : les lignes d’alimentation électrique et de climatisation sont connectées, les volets des moteurs sur le fuselage ouverts, les niveaux de remplissage vérifiés, etc. « Chaque étape, chaque mouvement, tout le processus semble être une chorégraphie répétée. Tous ont un seul objectif : faire en sorte que Jester soit prêt à repartir le plus rapidement possible ». Pour l’équipage, la journée se termine après un bref compte rendu. Pour les trois militaires du MSC, la journée commence avec la rédaction du rapport de mission qui va prendre quelques heures.
(traduit et mis en page par NGV)
*noms modifiés
Le Fonds Lénaïc pour le Journalisme de Qualité http://lenaic.eu/ offre (pour la cinquième fois), une bourse et un placement de cinq mois à une jeune journaliste européenne, diplômée, dans un media européen, débutant à partir de mars 2019. Ne traînez pas ! La date limite de candidatures est le 31 décembre 2018.
Vous pouvez candidater si vous êtes : 1) une femme ; 2) diplômée d’un pays de l’Union européenne, 3) de moins de 28 ans, 4) qui souhaite se lancer dans une carrière de journaliste spécialisé dans les affaires européennes à Bruxelles.
Chaque personne sélectionnée bénéficie de :
NB : la bourse est réservée aux jeunes femmes.
Le fonds Lenaïc a été mis en place par la famille et les proches de notre jeune collègue, décédée d’une maladie foudroyante bien trop tôt (lire ici).
(NGV)
(B2) La salle de presse à Bruxelles a rendu hommage ce midi par une minute de silence au journaliste italien Antonio Megalizzi (28 ans) et son ami et collègue Barto (Bartek) Pedro Orent-Niedzielski (35 ans), Strasbourgeois d’origine polonaise, tous deux tués dans l’attentat de Strasbourg mardi (11 décembre), qui a fait trois autres décès et 11 blessés
« Antonio et Bartek, n’auraient jamais partagé les idées de ceux qui veulent fermer les frontières et transformer l’Europe dans une forteresse, on le voit quand on lit leur profil sur facebook » a tout d’abord indiqué au nom de l’association de la presse internationale, Renzo Consoli. Puis il a lu le message qu’avaient écrit les collègues de Europhonica.
« Antonio et Bartek, bien que très différents, étaient des gens très similaires. Bartek pouvait épouser n’importe quelle cause avec une passion qui susccite chez les gens l’intérêt, ou au moins la curiosité, sur ce qui se passait dans le monde. Antonio avait un talent naturel : expliquer de manière simple et claire l’une des choses les plus difficiles au monde, l’Union Européenne. Il avait une approche démocratiquement pop. Et il l’a utilisée aussi en défaisant avec patience et minutie toutes les fausses informations et les mythes négatifs sur les institutions européennes. »
« Ces deux-là étaient là, à chaque session plénière de Strasbourg, à faire leur travail, exactement comme vous tous. Et ils auraient voulu le faire toute leur vie. Parce que, comme Antonio nous disait toujours : c’est le plus beau travail du monde. »
« Antonio et Bartek avaient la compétence, la passion de parler pendant des heures de tout thème européen, de la façon de le communiquer et de le comprendre à fond. Bartek dénonçait les injustices du monde et Antonio pensait à la façon de résoudre concrètement les problèmes. En partant de deux visions différentes, ils sont arrivés à la même conclusion : comprendre, raconter, aimer l’Union Européenne. Et ils auraient voulu le faire, même aujourd’hui, ici avec vous tous. »
(propos recueillis par NGV avec Capucine Allais, st.)
(B2) Durant deux semaines, seize élève-officiers de la Marineschule Mürwik, l’école navale allemande, ont embarqué sur le le bâtiment de projection et de commandement BPC Mistral déployé dans le golfe de Guinée pour la mission Corymbe
La coopération franco-allemande ne date pas d’aujourd’hui. En 2016, officier allemand sur le BPC Dixmude (crédit : Marine allemande / archives B2)Le partage de la vie à bord
Ces élèves-officiers, âgés de 18 à 28 ans, partagent les conditions de vie des marins du bord et sont soumis au même régime de service. Entrés dans la Marine allemande au mois de juillet, pour la majorité d’entre eux, c’est leur première sortie à la mer. Ils prennent part chaque jour à des séances d’instruction et ou à des présentations organisées pour eux par les marins du bord. Pendant les jours à la mer, des binômes de cadets sont intégrés aux quarts en passerelle et au poste de commande propulsion.
Créer de la cohésion entre marin des deux pays
Ces quelques semaines « sont pour eux l’occasion de découvrir la vie embarquée, les différentes chaînes fonctionnelles d’un bâtiment militaire et les responsabilités d’un officier embarqué », précise la marine nationale dans Cols Bleus. « Cela contribue à créer de la cohésion entre les marins des deux pays ». De plus, chaque jour, deux cadets présentent aux marins français un exposé sur leur école, un bâtiment (« ship of the day ») ou un port de la Marine allemande, « ce qui contribue à améliorer leur connaissance mutuelle ».
Six ans avant d’être affectés comme officier
De retour à Toulon, les élèves officiers rejoindront leur Ecole navale en Allemagne. Ils doivent encore terminer leur année à l’école + quatre années de formation à l’université + une année de spécialisation avant d’être affectés comme officiers.
(NGV)