(B2) L’exécutif européen a choisi de ne communiquer qu’en anglais lors de la présentation (majeure) du pacte sur la migration et l’asile. Ce n’est pas un cas isolé. La section française de l’association des journalistes européens a officiellement protesté dans une lettre
Depuis l’arrivée de l’Allemande Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, le monolinguisme est de mise. Sous la Commission précédente, dirigée par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, un certain équilibre s’était fait. Aujourd’hui, le balancier est reparti en arrière. La très grande majorité des documents soumis à la Commission européenne ne le sont qu’en anglais. Ce que reflète la communication de l’exécutif européen, en contravention avec toutes les règles et usages européens qui veulent qu’au minimum trois langues de travail (français, anglais, allemand) soient utilisées.
Paris – Bruxelles, le 23 septembre 2020
Madame Ursula von der Leyen
présidente de la Commission européenne
Copie : Charles Michel
président du Conseil européen
Clément Beaune
Secrétaire d’État chargé des Affaires européennes
Madame la présidente,
Nous tenons à vous adresser nos plus vives remarques concernant la présentation ce mercredi du pacte pour les migrations et l’asile. Les documents (communiqué, mémo, communication, propositions législatives) n’ont été présentés à la presse – et au public – que dans une seule langue (en anglais). Aucune version dans une autre langue de travail (français ou allemand) n’était disponible, plus de deux heures après la communication officielle. En fin de journée, seul le communiqué de presse de deux pages était disponible en français. Ce qui est hors de proportion avec les contraintes de rapidité du métier de journaliste.
Cela nous semble d’autant plus inacceptable qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé, mais d’une pratique répétée, quasi systématique désormais, en particulier depuis votre arrivée à la tête de la Commission européenne. Nous le regrettons. Faut-il rappeler que l’usage de plusieurs langues est non seulement une obligation juridique des Traités, mais a aussi une portée politique et pratique précieuse.
Tout d’abord, le traité de l’UE a fixé comme règle une communication officielle dans toutes les langues parlées en Europe. Et la pratique a consacré l’usage simultané et égalitaire de trois langues de travail. Ces traductions ne sont pas une faculté pour les institutions européennes, mais une obligation. Obligation qui, si elle venait à ne pas être respectée, se traduirait par l’annulation des décisions prises. La jurisprudence de la Cour en matière de recrutement en témoigne.
Ensuite, les institutions européennes ne peuvent valablement continuer à vouloir lutter contre la désinformation si elles s’obstinent, de façon persistante, à ne communiquer que dans une seule langue. Le premier rôle d’un politique c’est de donner une meilleure information au public. Et comment le faire sans passer par le filtre linguistique ? Faut-il rappeler que des pays comme la Russie, la Chine ou les États-Unis mettent régulièrement la plupart de leurs décisions à disposition dans d’autres langues que leur langue officielle, notamment en français, en espagnol ou en allemand. Se priver de cet outil revient, de fait, pour l’UE à donner une prime à la désinformation.
Au passage, précisons en privilégiant une seule langue, vous donnez un avantage compétitif notable à la presse anglophone qui n’a pas besoin de traduire et peut reprendre des extraits d’un simple couper-coller. La presse francophone, et les autres, sont tenus de traduire, voire d’interpréter tous les propos ainsi que les termes techniques. Il y a là une nette distorsion de concurrence, contraire aux traités européens.
Enfin, comment vouloir « rebâtir la confiance » avec les citoyens, objectif fixé par vous-même, sans s’exprimer (a minima) dans les trois langues de travail. Ce qui permet à chacun d’avoir une langue de proximité.
En souhaitant que des inflexions décisives soient données rapidement pour retrouver un minimum d’équilibre linguistiques, nous vous prions, madame la Présidente, d’accepter l’expression de nos plus sincères salutations. Nous restons bien entendu à votre disposition pour évoquer cette question de façon plus détaillée.
Pour le Bureau de l’AJE France
(Nicolas Gros-Verheyde)
Pour télécharger la lettre
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(B2) Le temps de fermer des casernes est-il révolu. Du moins au plat pays, on pense qu’avoir des casernes non loin du lieu d’habitation des soldats est bon pour le moral… et donc pour recruter
Aux prises « depuis des années avec un problème de recrutement » en particulier, « dans les trois provinces les plus à l’ouest de la Belgique », comme elle le reconnait elle-même, la défense belge a décidé de prendre le taureau par les cornes et de réinvestir ses casernes.
Une des raisons identifiées de cette défaillance est en effet « l’insuffisance de casernes ». « L’attractivité » pour les personnes résidant dans ces provinces est « faible », car il implique de longues distances de déplacement, reconnait-on du côté du ministère de la Défense.
Trois provinces concernées
Le ministre Philippe Goffin (qui a en charge les deux départements de la Défense et des Affaires étrangères) a donc formellement approuvé, mercredi (23 septembre) après-midi, l’utilisation et/ou le réaménagement de casernes à Tournai (Hainaut), Lombardsijde – Middelkerke (Flandre occidentale près de la frontière française) et Gavere (Flandre orientale). Des soldats venus d’autres endroits devraient prendre leurs quartiers, dès l’année prochaine, dans les casernes réaménagées. Des repositionnements effectués de « façon volontaire » jure-t-on au cabinet.
Des compagnies de combat détachées en 2021
Concrètement, selon mon collègue de Belga, Gérard Gaudin (toujours bien informé), cela signifie qu’une compagnie (une centaine d’hommes environ à chaque fois) de trois bataillons de combat – le 1er/3e Lanciers de Marche-en-Famenne, les Carabiniers prince Léopold-Grenadiers (1C/1Gr) de Bourg-Léopold (Limbourg) et le 3e bataillon parachutiste de Tielen, en province d’Anvers – prendra ses quartiers respectivement à Tournai, Lombardsijde et Gavere-Semmerzake.
(NGV)
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(B2) Passée au grill de la commission d’enquête sur les conséquences du Covid-19, la ministre française des Armées a reconnu une petite inexactitude de taille
La ministre était interrogée mardi (22 septembre) dans le cadre des auditions de la commission d’enquête du sénat sur le Covid-19. Elle ne semblait pas très à l’aise, encore moins quand est venu le tour du sénateur de l’Oise
La base aérienne de Creil sur la sellette
La ministre a été mise à rude épreuve quand est venu le tour d’Olivier Paccaud, sénateur (apparenté LR) de l’Oise. « Maintenez-vous que ces personnels ont été testés et confinés. N’y-a-t-il pas eu négligence dans la façon dont ces militaires ont été traités à leur retour de Wuhan » s’est interrogé ce professeur d’histoire-géographie de formation, gaulliste de cœur, qui a été durant plusieurs années le directeur de cabinet (et le suppléant) d’Olivier Dassault. Selon lui, le confinement était relativement lâche. « Des militaires sont restés chez eux, en permission. On ne contrôlait pas les allées et venus, ni de leurs familles. Certains personnels logeaient sur la base, s’y déplaçaient et allaient au mess » assure-t-il citant l’ancien commandant de la base aérienne 110 de Creil auditionné peu avant (1). De plus, des matelots du BCR Somme, passés par la base de Creil, sont intervenus au lycée de Crépy-en-Valois, où ont été détectés un des premiers cas mortels en France (2).
Des équipages pas testés
« Ayant juré de dire toute la vérité, je me dois de vous dire que j’ai dit quelque chose d’inexact le 4 mars à France 2 » a reconnu Florence Parly. Elle avait dit alors que les 18 personnels de l’Esterel qui ont assuré le rapatriement « ont été testés. Ils n’étaient pas porteurs du virus. ».
Un raccourci…
Aujourd’hui, elle le reconnait : « C’était un raccourci. Ce qui s’est passé, c’est que les équipages qui rentraient de Wuhan (Chine) ont été soumis à un protocole sanitaire extrêmement strict, mais qui, en effet, ne comprenait pas à l’époque, de tests. […] N’étant pas médecin, je vous prie d’excuser le caractère un peu raccourci de ma formule ».
Le dogme : ne tester que les symptomatiques
Ce protocole sanitaire était « sévère », « avec surveillance biquotidienne, par les médecins du SSA (et prise de température), durant 14 jours ». « Et au terme de ces 14 jours, aucun n’a présenté de symptôme ». « Le dogme à ce moment-là n’était pas de tester tout le monde, mais de tester les patients symptomatiques » précise la générale Maryline Gygax, directrice générale du service de santé des armées.
Toutes les précautions prises lors du rapatriement
Au passage, la ministre dément toute défaillance envers les 18 personnels de l’Esterel, venant de la BA de Creil, qui ont assuré le 31 janvier 2020, le rapatriement des ressortissants français (lire : Coronavirus : le rapatriement des Européens s’organise). Cette hypothèse est « très peu probable » pour quatre raisons.
« (Premièrement) Les personnels partis de France ne sont pas descendus de l’appareil à Wuhan, et n’y sont restés que le temps d’embarquer les ressortissants. (Deuxièmement) ils portaient des équipements individuels (gants, masques, surblouses). (Troisièmement), ils respectaient les distances de sécurité avec les passagers. Aucun incident n’a nécessité de contact direct ou d’intervention auprès d’un des passagers. »
Enfin, « Avant le vol, la présence de fièvre ou de symptôme a été vérifiée auprès des rapatriés. Après le vol, les rapatriés ont été testés vis-à-vis du SARS Cov-2, et tous étaient négatifs. Aucun n’a présenté de symptôme. »
Pas de patient zéro à la base de Creil
La ministre a voulu aussi tordre le coup à une « rumeur » qui court dans l’Oise. Le patient zéro ne se trouvait « probablement pas » à la base de Creil (3). Tout simplement « car des cas sont survenus au lycée de Crépy-en-Valois avant de survenir à la base ». Pour la ministre, qui cite le rapport épidémiologique conjoint de Santé publique France et du Service de santé des armées, le premier cas détecté en France remonte bien avant : « Le 14 janvier 2020, soit bien avant le vol de rapatriement de Wuhan, ou bien le 1er février 2020, soit le lendemain du vol ». Un premier cas intervenu « chez une personne sans contact avec la base aérienne. Ce qui n’est pas en faveur d’une transmission par les personnels revenus de Wuhan ».
Quant aux matelots, intervenus au lycée de Crépy-en-Valois sur trois journées les 3-4-5 février, « aucun n’a eu de symptôme ». Conclusion de la ministre : « Non, définitivement non, la base de Creil n’est pas à l’origine du déclenchement d’un cluster dans l’Oise. »
Commentaires : de grosses imprécisions et le doute demeure
La franchise de Florence Parly est à remarquer. Et cela doit lui être porté à son crédit. Pourtant il reste encore trop d’imprécisions et d’incertitudes pour que ses propos soient tout à fait crédibles. Les antécédents ne plaident pas en faveur de la ministre dont la communication tout au long de la crise du coronavirus ont largement balbutié, notamment sur le porte-avions Charles-de-Gaulle (4).
Premièrement, la reconnaissance des faits n’est pas vraiment spontanée. Ce sont les propos de l’ancien commandant de la base de l’Oise (cf. note 1) qui ont révélé l’information. Et les excuses de la ministre — « je ne suis pas médecin » — pour ce qui est tout de même une ‘fausse information donnée en public’ sont assez légères. Chacun sait ce que veut dire le mot ‘test’. Et ce dès le début de la crise du coronavirus.
Ensuite, on note une grosse contradiction : le fameux « dogme » avancé par la directrice générale du service de santé des armées, n’était déjà pas respecté à l’époque, puisque les civils ont été testés (en absence de symptômes) et pas les militaires. Il y a donc bel et bien eu une négligence quelque part.
Enfin, on reste sur sa faim, en avançant certains éléments visant à dédouaner totalement la base de Creil du départ de l’infection, la ministre reste très évasive sur les différents faits qui semblent contradictoires avec les éléments publics à disposition (cf. note 2). Au final, cette intervention ne permet pas de dire avec « certitude » que l’hypothèse que la base aérienne de Creil ait été à l’origine d’une des premières contaminations au coronavirus en France puisse être écartée définitivement.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article Les personnels de retour de Wuhan n’ont pas été testés, avoue Florence Parly est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
Contrairement à ce qu'on pourrait frivolement penser, on a de la chance. Parce qu'en plus du reste, on pourrait avoir une ministre de la culture retorsement réservée, voire agile à botter en touche devant un choix à répercussion médiatique, ce ne serait pas une première. Or, merveille, Madame Bachelot est d'une franchise, d'une spontanéité rafraîchissante. À propos de la querelle qui divise ceux que le sujet intéresse, la demande de panthéonisation de « VerlaineetRimbaud », elle a un point de vue simple, direct, intrépide : « le fait de faire entrer ces deux poètes qui étaient amants, ensemble, au Panthéon, aurait une portée qui n'est pas seulement historique ou littéraire, mais profondément actuelle ! »
- Contrebande / Culture, France, Littérature, Personnalités, PolitiqueLe 6 juillet dernier, les 7 millions d'électeurs du Malawi, l'un des pays les plus pauvres du monde, élisaient M. Lazarus Chakwera, 65 ans, à l'occasion de la réorganisation de l'élection présidentielle annulée de mai 2019. Saisie par les partis de l'opposition au nom d'irrégularités constatées dans la tenue du premier scrutin, la Cour constitutionnelle de ce pays d'Afrique australe de 20,5 millions d'habitants, surnommé « The Warm Heart of Africa » (Le cœur chaleureux de l'Afrique) avait invalidé en février (...)
- Mots d'Afrique / Christianisme, Malawi, Religion, Élections, Parti politique, Politique(B2) Avec l’arrivée de la frégate grecque HS Limnos, Irini a atteint sa pleine capacité opérationnelle (FOC)
Concrètement, cela signifie que l’opération est « capable d’entreprendre toutes les actions nécessaires pour accomplir son mandat», notamment l’arraisonnement de personnes suspectes de violer l’embargo qui font preuve de comportements peu coopératifs ou opposés.
L’opération Irini dispose désormais de trois navires militaires : le Carlo Margottini (Italie), qui abrite le commandement de la force lire : changement de navire amiral à EUNAVFOR Med Irini), le Hamburg (Allemagne) et le Limnos (Grèce). Un navire français viendra s’ajouter, en relais, d’ici quelques semaines (lire : La frégate Latouche Tréville va arriver en renfort dans Irini. Il est temps !) Côté aérien, on a toujours quatre avions fournis par le Luxembourg (SW3 Merlin III), la Pologne (Antonov Bryza 28B1R), la France (Falcon 50) et la Grèce (Embraer 145) + un drone italien de type Predator. Des moyens aériens et navals français et italiens peuvent, au besoin, être mis à disposition. Ce qu’on appelle « des moyens associés ».
(NGV)
Lire aussi : Un navire soupçonné de violer l’embargo vers la Libye intercepté par l’opération Irini
Cet article L’opération Irini pleinement opérationnelle est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
Rafale, futur porte-avions, sous-marin Perle, Scaf, MGCS, EuroDrone... Ce n’est pas vraiment la relance attendue par les industriels et les militaires.
L’Opinion s’est entretenu avec le général Cousin, commandant de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA)
(B2) Le changement de cap « sans raison apparente » du tanker grec MT Aegian II a déclenché l’alerte au QG de l’opération maritime militaire de lutte contre la piraterie dans l’Océan Indien et le Golfe d’Aden (EUNAVFOR Atalanta).
Ce pétrolier chimiquier battant pavillon du Panama était en transit depuis Shajah aux Émirats arabes unis et à destination de Mogadiscio (Somalie). Mais un changement de route soudain a semé l’alerte. Une enquête rapide (survol et contact radio) a rapidement éliminé la piste d’une capture par les pirates. Mais les problèmes techniques apparents ont perduré.
Le Santa Maria en visuel
Le 20 août, des sources ouvertes ont rapporté qu’un navire aurait pu être détourné dans la même zone. La frégate espagnole ‘ESPS Santa Maria a alors été détaché pour « enquêter et exécuter les procédures de réponse à l’incident » avec le soutien d’un avion de la coalition multinationale CMF. Le Santa Maria s’est approché du MT Aegean II et a confirmé l’évaluation initiale selon laquelle les mouvements suspects signalés étaient dus à des dommages dans la coque causés par la mer agitée. NB : Selon l’expert maritime Jay Bahadur cité par Reuters, la police locale est montée à bord alors que le navire dérivait. Les Somaliens auraient alors volé l’équipage et désarmé l’équipe de sécurité privée qui était à bord.
Des incidents à bord
Contactée par le commandant de la force d’EUNAVFOR, le rear-admiral Villanueva, l’autorité portuaire de Bossaso a signalé que le MT Aegean II n’avait pas été détourné et que la police de Garadfoo avait été envoyée à bord pour inspecter le navire alors qu’il dérivait au large de Bereeda en attendant une assistance technique. Pendant que le Santa Maria recueillait des informations, le capitaine a avoué qu’il y avait bien eu certains incidents à bord du navire.
Une enquête en cours
Pour l’instant, l’événement ne « peut être classé comme un événement de sécurité maritime, mais une enquête plus détaillée est en cours » indique-t-on au QG de l’opération européenne anti-piraterie. Le tanker a levé l’ancre et reprise la route, étroitement surveillé par l’ESPS Santa Maria.
(crédit : Eunavfor Somalia)Cet article Le comportement d’un navire suspect dans l’Océan indien donne l’alerte à Rota. Le Santa Maria sur place est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
Une lettre de 1962 au ministre Pierre Messmer.
(B2) Le discours sur l’État de l’Union prononcé par Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, mercredi (16 septembre) devant le Parlement européen, était empli de belles réflexions. Mais il était plutôt faible côté propositions, et parsemé de certains oublis ou fausses informations
Un excellent discours sans trop de concret
Pour un premier discours en tant que présidente, alors que l’Europe vient de vivre une crise du Covid-19 particulièrement intense — crise qui est loin d’être terminée tant au niveau sanitaire qu’économique et politique —, on attendait un peu autre chose que de belles paroles. Ursula von der Leyen a dressé un bon constat des différents défis ou problèmes auxquels sont confrontés les Européens (lire : Ursula von der Leyen dessine les contours d’une Union plus audacieuse). Mais, bien souvent, elle n’en a pas tiré les conséquences, se contenant de mots là où il faudrait des actes. Une position qui semble être une constante chez la dirigeante européenne qui n’a pas montré lors du Covid-19 une propension très grande à l’action (lire : Crise du coronavirus. Ursula von der Leyen est-elle à la hauteur ?)
Biélorussie, Russie, Turquie, une géopolitique du verbe
En matière extérieure, on entend ainsi que l’Europe est du côté des manifestants en Biélorussie, que tisser des liens étroits avec la Russie n’est pas approprié ou que la Turquie doit respecter ses voisins. Mais aucune conséquence n’est tirée de ses propos que l’on pourrait presque qualifier ‘de comptoir’ s’ils n’étaient pas prononcés par le responsable d’une des plus puissantes institutions européennes. Que va-t-on faire des relations avec Moscou ? Faut-il stopper le gazoduc Nord Stream ? Établir de nouvelles sanctions ? Comment va-t-on venir en aide à l’opposition biélorusse ? Et avec Ankara, quel langage établit-on ? Stoppe-t-on le processus d’adhésion si les provocations turques continuent ? Ces questions légitimes ne trouvent pas de réponse.
Les principaux conflits et la défense passés sous silence
Rien non plus sur la Syrie et la Libye, les deux conflits majeurs aux portes de l’Europe. Et zéro mention du rôle de la défense, pourtant affiché comme un des projets prioritaires européens. Décidément, la ‘commission géopolitique’ a bien du mal à avancer ses marques. Il en va de même au niveau intérieur sur l’État de droit. Les valeurs européennes sont affichées en priorité. Mais que se passera-t-il quand elles seront violées ? Décidément on a du mal à dépasser le langage ‘sermon’ du repas de dimanche.
Une souveraineté numérique limitée
En matière industrielle, quelques propos sont intéressants notamment sur l’économie numérique. Mais on aurait aimé en savoir plus. L’Europe va investir 8 milliards dans des supercalculateurs. Mais pour quoi faire ? Fera-t-on un cloud européen ? Arrivera-t-on à créer des tuyaux européens (réseau social, système de livraison pour se dégager de l’emprise des GAFA (Google, Apple, Amazon, Facebook) ? On attend davantage à l’évocation de mots aussi engageants que « souveraineté numérique ».
Un langage peu modeste sur le rôle de l’UE dans le Covid-19
Enfin, au sujet de la crise du Covid-19, un peu de modestie et de retour d’expérience n’aurait pas été de trop. Plutôt que cette impression d’entendre un conte pour enfants. L’Europe a partout bien agi. Et si elle n’a pas pu, c’est de la faute des méchants États membres qui ne lui ont pas donné de compétences. Ce n’est pas tout à fait faux. Mais c’est en grande partie inexact. Et c’est là où le propos d’Ursula von der Leyen pêche largement.
Le bal des oublis ou informations inexactes
Le discours est truffé de quelques approximations, oublis, voire d’informations erronées. Ce qui est très gênant au moment où l’exécutif européen affirme en priorité vouloir lutter contre la désinformation. Rien que sur le passage de l’action européenne liée à la crise du Covid-19, j’ai relevé quatre exemples qui m’ont fait bondir.
Premier élément : un manque de compétences pour agir ? Ou un manque de volonté ?
La présidente dresse un bilan positif vantant l’action de la Commission durant le Covid-19, « tout cela sans disposer des pleines compétences ». Ce qui est légèrement faux : la Commission dispose de certaines compétences notables en matière de libre circulation des personnes, comme de marchandises, de santé et de protection civile (1). Une compétence renforcée sur ce dernier domaine depuis le Traité de Lisbonne. Et une compétence qu’elle n’a pas utilisée pleinement.
NB : C’est une vieille rengaine. Dès qu’elle pourrait se voir critiquée pour ne pas avoir agi, la Commission sort l’argument — je n’ai pas de compétences — et renvoie le bébé sur les États membres. Tout cela pour masquer (parfois) un manque de volonté et des erreurs en cascade. Comme cela a été sur la crise du coronavirus. Lire aussi : Face au Coronavirus, agir et être solidaire n’est pas une faculté, c’est une obligation. Dixit le traité.
Deuxième élément : six semaines pour envoyer une quinzaine de médecins en Italie
« Notre mécanisme de protection civile a permis à des médecins roumains de traiter des patients en Italie ou à la Lettonie d’envoyer des masques à ses voisins baltes » indique U. von der Leyen. Elle oublie un élément fondamental : les médecins roumains ne sont arrivés que le 7 avril en Italie. Soit plus de six semaines après l’appel à l’aide officiel de l’Italie à l’Europe. Une telle lenteur s’est rarement vue dans une crise humanitaire. Et la faute ne repose pas vraiment sur les 15 personnels roumains (11 médecins et 4 infirmières). Mais tient à la lenteur de décision de la Commission von der Leyen (et à l’absence de réponse des États membres qui ne se sont pas vraiment fait sonner les cloches). Un peu de mea culpa, et de retour d’expérience, pour donner des pistes pour l’avenir, aurait été plus intéressant.
Troisième élément : un faux chiffre sur les rapatriements
« Lorsque plus de 600.000 citoyens de l’Union ont été bloqués dans toutes les parties du monde, l’UE les a rapatriés » affirme Ursula von der Leyen. Ce n’est pas exact, voire totalement faux. L’essentiel des effectifs (près de 90%) a été rapatrié par les États membres ou par les intéressés eux-mêmes. L’Union a certes contribué de façon notable à cet effort, via le mécanisme européen de protection civile qui a financé ou coordonné certains vols. 82.064 citoyens de l’UE très exactement — et environ 10.000 autres citoyens non-UE (Royaume-Uni, Suisse, Norvège, Ukraine, Biélorussie, Turquie, Serbie, etc.) — ont ainsi été rapatriés avec le soutien du mécanisme européen de protection civile, selon le chiffre officiel (en date du 10 septembre). Autant dire que c’est beaucoup, mais très, très loin des ‘plus de 600.000’ vantés par la présidente. On n’est plus là dans l’approximation, mais dans la diffusion de fausses nouvelles.
Quatrième élément : l’oubli d’un dérapage
« Lorsque certains pays ont décrété des interdictions d’exportation pour des produits médicaux essentiels, nous y avons mis fin et nous avons veillé à ce que le matériel médical essentiel arrive là où il était nécessaire. Nous avons travaillé avec les industriels européens pour accroître la production de masques, de gants, de tests et de respirateurs. » C’est vrai. Mais là encore, la présidente de la Commission européenne esquive la vérité. La réaction désordonnée des pays européens en matière de blocage des frontières, le blocage de la libre circulation n’a entrainé que peu de réactions européennes. Et cet aspect est soigneusement biffé des propos présidentiels.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article Le premier discours sur l’état de l’Union de Von der Leyen. De bons mots, peu de concret et beaucoup d’approximations est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) La France va déployer la frégate Latouche-Tréville dans les prochaines semaines. Un renfort attendu
Un engagement français
La ministre française des armées Florence Parly vient de l’annoncer lors de son discours de rentrée, prononcé à Paris mercredi (16 septembre). « Nous avons décidé de renforcer notre contribution à l’opération de l’Union européenne Irini, en déployant la frégate Latouche-Tréville au cours des prochaines semaines ». NB : Celle-ci sera ainsi présente quand le commandement de la force navale sur zone sera assuré par les Grecs.
Une condition pour faire respecter l’embargo
Ces moyens navals sont essentiels pour faire respecter l’embargo sur les armes décidé par le Conseil de sécurité des Nations Unies. C’est une « condition essentielle d’une diminution des tensions et d’un processus politique vertueux en Libye » assure Florence Parly.
Davantage de moyens nécessaires
Ce renfort est salué au niveau européen, ainsi que me l’a confirmé Peter Stano, le porte-parole du Haut représentant, à qui j’ai posé la question lors du briefing de midi. « Nous sommes intéressés à voir davantage de moyens pour l’opération Irini ». Ce sera d’ailleurs le sujet de la prochaine conférence de génération de forces. « On a besoin d’avoir 100% des moyens pour avoir une opération totalement effective et efficace ».
Une spécialité anti-sous-marine
Le Latouche-Tréville, au numéro de coque D-646, n’est pas le bâtiment le plus récent de la Royale. Cette frégate anti-sous-marine (FASM), de type F-70 (donc conçue dans ces années là) est en effet en service depuis une bonne trentaine d’années (depuis 1990). Mais elle est équipée d’un système de navigation électronique Sigma 40, inertielle à gyrolaser, intégrant les différentes composantes de la navigation (cap, vitesse, position, etc.). Ce en temps réel. Elle dispose de plusieurs systèmes radar et armement (cf. ci-dessous) et surtout d’un « équipage bien entraîné, apte à faire face à toutes les situations » comme me l’a confié un marin.
Une puissance d’observation
Longue de 139 mètres, jaugeant 4910 tonnes qui peuvent être déplacées jusqu’à une vitesse maximale de 30 nœuds, cette frégate ASM dispose de plusieurs éléments de surveillance radar : deux pour la navigation, un pour la veille-air, un pour la veille surface-air, et un pour la conduite de tir (selon les éléments donnés par le Sirpa), tout comme un sonar de coque, un sonar remorqué (des outils utiles pour surveiller les fonds sous-marins).
Une surveillance par l’air
Tout un arsenal normalement utilisé dans l’accompagnement des sous-marins nucléaires, la protection de la force océanique stratégique (FOST) étant sa tâche habituelle. Elle a aussi la possibilité d’élargir sa zone de vision avec son hélicoptère de bord. D’ordinaire, c’est un (ou deux) Caïman Marine qui sont embarqués sur la frégate (les Lynx étant partis à la retraite). Mais pour ce type de missions, davantage de surveillance que de combat, ce pourrait être plutôt un hélicoptère de type Panther.
… et une puissance de feu
Enfin sa puissance de feu n’est pas négligeable : des missiles à courte portée Crotale ou à plus longue portée anti-navires MM 40 Exocet notamment, en passant par les torpilles MU90, le système d’autodéfense rapprochée antiaérien Simbad, deux canons de 20 mm, une tourelle de 100 mm et quatre mitrailleuses de 12,7mm. Avis aux amateurs ! (notamment turcs).
(Nicolas Gros-Verheyde)
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Hovnathan Avédikian remet inlassable sur le métier la pièce Europa qu'il a tirée de plusieurs textes du merveilleux Aziz Chouaki, dans une nouvelle version.
- Contrebande / Droits humains, Algérie, Frontières, MigrationsAprès l’Egypte, l’Inde et le Qatar, la Grèce est le quatrième client à l’export et le premier en Europe de l’avion de combat français.
« Le portrait de Che Guevara est en évidence dans le local de la confraternité de Verbicaro (province de Cosenza). Avant d'entamer leur sanglante promenade, les vattiente vont l'effleurer du doigt et font le signe de croix ». Voilà une tradition citée par le réalisateur et essayiste Alessi Dell' Umbria qui déroutera l'orthodoxe mais ravira le folkloriste. Ces flagellants, les vattiente (littéralement, les battants), s'administrent des coups avec du verre pilé et répandent le sang dans la cité calabraise, (...)
- Contrebande / Identité culturelle, Culture, Inégalités, Société, Politique(B2) Les navires militaires européens ont bloqué au large de la Libye un tanker norvégien affrété par les Émirats arabes unis, jeudi (10 septembre), pris en violation de l’embargo international
L’équipe d’abordage allemande prend pied sur le Royal Diamond 7 (crédit : EUNAVFOR Med Irini)C’est la première fois qu’un navire est arraisonné en pleine mer en violation de l’embargo (du moins par l’opération EUNAVFOR Med Irini). Et la première fois également que les Allemands effectuent une ‘action de force’ dans ce cadre. Cette opération vient parfaitement illustrer l’équidistance de la nouvelle opération européenne qui intervient sur les violations de l’embargo des deux côtés , à l’Ouest (camp Sarraj) comme à l’Est (camp Haftar) de la Libye
Une opération assurée par le Hamburg
L’opération s’est produite à « sept heures du matin dans les eaux internationales, à 150 km au nord de la ville libyenne de Derna (Cyrénaïque) ». Sur ordre de l’amiral italien Ettore Tocci, la frégate allemande Hamburg a alors bloqué « l’accès aux eaux territoriales libyennes » du Royal Diamond 7, indique l’opération EUNAVFOR Med Irini dans un communiqué. Une opération effectuée avec le soutien du navire-amiral italien ITS Carlo Margottini. NB : C’est l’équipe d’arraisonnement allemande, héliportée avec l’engin de bord du Hamburg, qui est montée à bord du tanker.
Les Émirats arabes unis dans la ligne de mire
Ce tanker — propriété norvégienne, battant pavillon des Iles Marshall (1), géré par une société singapourienne, mais affrété par les Émirats arabes unis —, est soupçonné d’avoir violé l’embargo des Nations unies sur les armes à destination de la Libye. Les Européens ont opéré « sur la base d’informations fournies par le groupe d’experts des Nations unies sur la Libye, qui ont mis en évidence la nature suspecte de cette cargaison ».
Du carburant d’aviation pour Haftar
Le Royal Diamond 7 avait quitté le port de Sharjah aux Émirats arabes unis et se dirigeait vers Benghazi en Libye, siège de l’armée nationale libyenne du maréchal Haftar. Il transportait « une cargaison de carburéacteur, susceptible d’être utilisée à des fins militaires ». Un carburant, considéré comme du ‘matériel militaire’ par les Nations unies et, par conséquent, soumis à l’embargo international, en vertu des résolutions 2292 (2016) et 2526 (2020) du Conseil de sécurité des Nations unies, précise-t-on au QG de l’opération Irini à Rome.
Détourné pour enquête dans un port européen
Le navire a été « détourné » vers un port de l’Union européenne, pour « une enquête plus approfondie ». Selon certaines informations, le port de destination pourrait être en Italie, voire à Marseille (Sud de la France), port désigné pour le contrôle de l’embargo sur les armes dans le plan d’opérations de EUNAVFOR Med Sophia.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Un pas significatif
Il s’agit d’un « événement hautement significatif » a indiqué Peter Stano, le porte-parole du haut représentante de l’UE répondant à une question de B2 ce vendredi midi. Cela « démontre la capacité d’Irini à recueillir des informations pertinentes concernant des violations potentielles de l’embargo des Nations unies et sa réponse rapide et efficace à une telle violation » Il démontre aussi « ce que nous disons depuis le début : que l’opération Irini est impartiale. C’est une démonstration concrète de l’engagement de l’UE dans le processus de Berlin et un instrument mis à la disposition de la communauté internationale […] pour mettre en œuvre l’embargo sur les armes et contribuer à mettre fin au conflit ». Et le porte-parole de la diplomatie européenne de rappeler « une fois de plus », une demande européenne : c’est « de la responsabilité de la communauté internationale dans son ensemble de mettre fin à l’ingérence étrangère qui alimente le conflit en Libye ».
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Jamais, nulle part, la bourgeoisie n'a rendu les clés de son propre et gracieux mouvement. Pourquoi le ferait-elle d'ailleurs ? Pourquoi laisserait-elle faire la destruction de la société capitaliste, puisque la société capitaliste est pour elle ? Aussi, sous toutes les latitudes, et à toutes les époques, la bourgeoisie a-t-elle le même visage distordu de haine, la même frénésie de faire tirer sur la foule, que cette rombière à brushing et lunettes de soleil saisie par la caméra de Patricio Guzman dans les rues de Santiago en 1973.
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