(B2) La routine ou presque pour les équipes à terre, en mer ou en vol : exercices conjoints, entraînement de forces étrangères, ou formation pour lutter contre la corruption policière
Djibouti. Amitiés japonaises
Octobre rime avec exercices conjoints entre les forces européennes de l’opération Atalanta et la Force d’autodéfense maritime du Japon (JMSDF). L’occasion aussi d’un défilé naval, dans les eaux territoriales djiboutiennes, avant un débrief, à terre, sur la coopération en matière de lutte contre la piraterie dans l’océan indien. Détails ici
Défilé de frégates japonaise, italienne et espagnoles au large de Djibouti (crédit : EUNAVFOR Atalanta)Birni N Konni (Niger). Le pied à l’étrier pour une nouvelle compagnie
Depuis quelques semaines, une nouvelle Compagnie Mobile de Contrôle de Frontières (CMCF), la deuxième de la Police Nationale, travaille à la sécurisation de la zone frontière avec le Nigeria. Ses 252 policiers (dont 7 femmes) ont suivi une formation intensive de six mois par la mission de soutien aux forces de sécurité intérieure et de la stabilisation du Niger (EUCAP Sahel Niger). Détails ici
(crédit : EUCAP Sahel Niger)Koulikoro (Mali). Formation aux premiers secours
Réagir face à une hémorragie massive, des blessures au thorax ou encore une morsure d’animal, c’est ce qu’ont appris huit stagiaires de différents bataillons d’infanterie maliens. Cette éducation médicale spécialisée fait partie du pilier éducation-formation de la mission de formation de l’armée malienne (EUTM Mali). L’objectif est, qu’en cas de besoin, ils puissent stabiliser une victime blessée, et éviter les décès au combat. Détails ici
(crédit : EUTM Mali)Donetsk (Ukraine). Déjouer le risque de corruption policière
La police de la circulation est très exposée aux risques de corruption. Tandis que la corruption au sein de la police criminelle se révèle très difficile à détecter. C’est pourquoi la mission de conseil aux forces de sécurité intérieure ukrainiennes (EUAM Ukraine) a organisé un séminaire pour réfléchir avec les autorités sur les tactiques à mettre en place pour y remédier. Exemples à l’appui, comme celui de la Roumanie et de sa direction générale anti-corruption (ACGP). Détails ici
Ramallah (Territoires palestiniens). Une expertise sollicitée
EUPOL COPPS intervient comme conseiller technique au nouveau groupe de travail sur l’intégrité, la transparence et la lutte contre la corruption. Lancé mi-octobre par le premier ministre palestinien, ce groupe de travail est présidé par la Commission palestinienne de lutte contre la corruption (PACC). Détails ici
Berbera (Somalie – Somaliland). Équiper les équipes de terrain
À Berbera, la garde-côtière somalienne va pouvoir mieux réagir à la criminalité en mer, grâce à l’installation d’une nouvelle station-service par la mission de renforcement des capacités des forces de l’ordre civiles maritimes en Somalie (EUCAP Somalia). Les garde-côtes sont également maintenant équipés d’un système de vidéoconférence et du matériel de bureau pour faciliter la communication en ligne, obligatoire par temps de Covid-19.
(crédit : capture d’écran compte Twitter EUCAP Somalia)Butnir (Bosnie-Herzégovine). Pro pace unum
Pro pace unum en latin signifie Unis pour la paix. C’est le message gravé sur les médailles de déploiement remises aux plus de 250 soldats, aviateurs et marins de 12 nationalités différentes, basés au quartier général de l’opération de stabilisation en Bosnie Herzégovine (EUFOR Althea). Une cérémonie présidée par le général Reinhard Trischak. Détails (et galerie de photos) ici
(crédit : EUFOR Althea)(informations recueillies par Emmanuelle Stroesser)
NB : Pour tout connaitre ou réviser, n’hésitez pas à vous procurer notre ouvrage sur la PSDC
Lire aussi sur le B2 Pro (parus en octobre) :
Sur le blog (opération Irini) :
Lire aussi
Et tous les articles de notre rubrique missions UE (PSDC)
Cet article Dernières nouvelles des missions et opérations de l’UE – PSDC (octobre 2020) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Un journaliste néerlandais a réussi à s’introduire sans vraiment de difficulté à la réunion des ministres de la Défense ce vendredi (20.11). Une bonne partie de rigolade… mais pas pour tout le monde
Le journaliste de RTL, Daniel Verlaan, (en haut à droite) fait coucou aux ministres de la défense de l’UE réunis (crédit : RTLNieuws/Daniel Verlaan)Une bourde de la ministre néerlandaise
Tout commence avec une bourde monumentale. Sur son compte twitter, la ministre néerlandaise de la Défense Anlk Bijleveld — ou un membre de son équipe selon le gouvernement néerlandais — publie une photo où l’on peut voir 5 des 6 chiffres du code PIN permettant d’entrer dans la réunion Zoom. Un « accident » assure le ministère de la Défense. La photo a d’ailleurs été retirée entre temps. Mais Daniël Verlan, journaliste spécialisé dans le ‘tech’ pour le média néerlandais RTL News, a eu le temps de voir l’info…
… suivie d’une défaillance de sécurité
Le journaliste fait une copie écran et devine rapidement le chiffre manquant. D’autant que le code d’utilisateur n’est pas bien sorcier. Un simple ‘admin’ fonctionne. Et, tout simplement, il débarque en pleine réunion, alors que la discussion entre les ministres bat son plein.
Un petit coucou magistral en réunion
Suit alors, entre le journaliste et le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qui mène la réunion, un dialogue digne d’un film de Buñuel.
— « Quelqu’un est entré dans le système. Il faut stopper la réunion… nous travaillons sur la scène publique là », alerte Josep Borrell, qui tente de s’adresser directement à l’intrus.
« Comment allez-vous ? », l’interroge-t-il, d’un ton badin, réprimant mal un sourire. On entend quelques éclats de rire dans la réunion.
— « Bonjour. Merci ça va bien », répond, hilare, Daniël Verlan.
— « Qui êtes vous ? Vous savez que vous être entré dans une réunion secrète des ministres de la Défense ? Vous savez, c’est un délit hein ! » (Josep Borrell)
— « Oui je sais. Je suis un journaliste des Pays-Bas. Je suis désolé d’avoir dérangé votre réunion. Merci de… Je vais m’en aller ! » (Daniël Verlan)
— « Oui, ce serait mieux de partir rapidement, avant que la police arrive hein », conclu Josep Borrell, sur un ton paternel, réprimant mal un sourire envers ce ‘jeunot’ impétueux qui pourrait être son petit fils.
Une intrusion éclair…
Le journaliste assure n’être resté que quelques minutes dans la réunion, et avoir immédiatement allumé sa caméra et son micro pour que l’on puisse détecter sa présence… Mais le résultat est étonnant. « J’ai moi-même été un peu choqué que cela fonctionne. Je ne m’attendais pas à ce qu’il n’y ait pas d’autre forme de sécurité ou de validation », affirme le journaliste sur twitter.
Avec une conséquence majeure
La suite ? Le journaliste ne la raconte pas. Mais B2 l’a appris de bonne source. La réunion a été stoppée. Et la conférence de presse du Haut représentant de l’UE a été avancée d’une petite demi-heure sur l’horaire prévue. « Cela s’est traduit par la coupure immédiate des travaux », a confirmé à B2 un participant à la réunion. Sans vraiment créer de dommage, selon lui. L’essentiel avait été dit. « La réunion se terminait. » Quoi qu’il en soit, notre collègue néerlandais a mis le doigt sur un point sensible.
Un vrai problème posé
Dans les milieux européens, l’heure n’est en effet pas à la franche rigolade. Et l’embarras face à une telle intrusion est net. « Cela montre à quel point il faut être prudent avec ce genre de réunion. Une réunion des ministres de la Défense n’est jamais innocente », a ainsi concédé à RTL Nieuws le premier ministre néerlandais Mark Rutte, avant d’essayer de se rassurer devant la (grosse) boulette de sa ministre. « Le seul effet secondaire (positif), que A. Bijleveld a fait remarquer aux autres ministres, est à quel point il faut être prudent. »
Renforcer la sécurité des communications
« Nous avons besoin d’un renforcement très net de la sécurité des communications », a indiqué à B2 un diplomate. Le travail « est lancé », précise-t-on d’ailleurs. Cette question de la sécurisation des communications internes avait d’ailleurs été abordée au plus haut niveau lors d’un Conseil européen, l’année dernière. Les chefs d’État et de gouvernement des 28 d’alors demandant aux institutions européennes de plancher sur le sujet pour renforcer la sécurité. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell n’a pas dit mieux lors de la réunion, s’adressant au président du comité militaire, le général Claudio Graziano : « Général, vous avez raison. Il faut investir dans des systèmes de communication ».
En vidéoconférence, prière de ne pas évoquer de sujets top secrets
Par précaution d’ailleurs, lors de cette réunion (comme lors des autres réunions par vidéoconférence), plusieurs ministres ont jugé bon de ne pas aborder des sujets jugés trop confidentiels. « Les lignes n’étaient pas sécurisées », confirme notre interlocuteur. On évite de parler de sujets trop confidentiels. Ainsi « on n’a pas parlé précisément de l’analyse des menaces », un document ‘classifié’ des services de renseignement européens.
L’aubaine du Covid-19 pour les espions en tout genre
Chacun sait en effet que dans le cas des vidéoconférences qui se sont généralisées avec la crise du coronavirus, les possibilités de piratage ou d’écoutes sont multipliées. Les vidéoconférences sont « une aubaine », nous confiait ainsi il y a quelques mois, un spécialiste du domaine, pour tout ce que Bruxelles compte d’espions en tout genre (Chinois, Russes…).
(Leonor Hubaut, avec Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article Un intrus s’invite à la réunion des ministres de la Défense de l’UE. Rigolade et embarras garantis est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
Encore un chef djihadiste « neutralisé » ou « éliminé » au Sahel : la ministre française des armées ne cesse de « saluer » ces victoires successives — félicitant ses soldats « ainsi que tous ceux qui y ont contribué en matière de renseignement », pour ces « succès majeurs qui nous rendent forts et fiers ». Mais jusqu'où, et jusqu'à quand ?
- Défense en ligne / Armée, Sahel, Défense, France« Ensauvagement » : mot-diagnostic censé dénoncer et caractériser la violence urbaine en général, ici livré par le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin à l'occasion d'une agression de policiers. On ne doute pas un instant qu'il est délibéré et même pensé. On n'est pas sûr qu'il ait été bien choisi, quelle que soit la réalité de la montée de la violence physique et verbale depuis quelques décennies. Nommer n'est pas neutre, spécialement en politique. Cela est source de bien des conflits, de méprises et d'accusations. (...)
- Régime d'opinion / France, Répression, Violence, Langue, CriminalitéPlus d’un tiers de l’électorat de droite pourrait se retrouver sur une candidature de l’ancien chef d’état-major, qui n’a pas - publiquement - exclu cette éventualité.
(B2) C’est confirmé. Le Haut représentant de l’UE vient de l’annoncer. L’opération Irini pourra faire escale à Marseille en cas de saisie de matériel suspect
Un port de déroutement… enfin
La France a « confirmé, aujourd’hui (jeudi 19.11), la disponibilité du port civil de Marseille » pour le débarquement des équipements et matériels qui pourraient être saisis par les militaires européens dans le cadre de la vérification de l’embargo international sur les armes et le pétrole (vers ou en provenance) de la Libye. Josep Borrell, le Haut représentant de l’UE, vient de l’annoncer, tout juste sorti de la réunion des ministres des Affaires étrangères, lors de la conférence de presse finale (par vidéoconférence), à laquelle B2 a assisté.
Déroutement des navires suspects et réception des matériaux
Les navires interceptés par l’opération maritime de l’UE (EUNAVFOR Med Irini) pourront donc être déroutés vers le port du sud de la France. Ce qui n’est pas une nouveauté. Cette solution avait déjà été mise en place dans le cadre de l’opération Sophia. Mais elle n’avait été utilisée qu’à une seule occasion (lire : Des armes à bord d’un navire libyen. Une première saisie pour Sophia). La contrebande d’armes n’était alors pas la priorité de cette opération.
Une difficulté lancinante depuis plusieurs mois
Pour l’opération Irini qui lui a succédé depuis avril, aucune solution de repli n’avait en revanche pu être trouvée. Cette absence avait provoqué un couac en septembre, quand un navire émirati soupçonné de faire du trafic de carburant militaire (pour avions) avait été intercepté par les navires européens. Il avait fallu quelques temps, plusieurs coups de fil entre les capitales, et une discussion entre ambassadeurs pour trouver une solution. Le navire faisait, lui, des ronds dans l’eau en attendant. C’est finalement la Grèce qui avait fini par accepter de recevoir le navire suspect (lire : Un navire soupçonné de violer l’embargo vers la Libye intercepté par l’opération Irini).
Un problème résolu
Le « problème est donc résolu », comme s’en réjouit Josep Borrell. « Nous avons maintenant un port clair pour le faire »… Quoique, peut-être pas tout à fait. La logique voudrait en effet que l’on ait « plusieurs ports, certains proches de la zone, d’autres plus éloignés », indique un expert consulté par B2. Ce « pour conserver l’efficacité opérationnelle » (1).
… mais d’autres ports nécessaires
De fait, Marseille n’est pas vraiment le port le plus proche de la zone opérationnelle (en Méditerranée centrale). La logique opérationnelle voudrait que l’on dispose d’un port en Grèce, côté oriental, d’un autre en Italie, au plus proche de la Libye, avec, en arrière-plan, un troisième port, celui de Marseille. Quoi qu’il en soit, côté français, on estime avoir « fait le job ». La disponibilité de ce port emporte aussi derrière tout un cadre juridique. Concrètement, c’est la France (et le procureur de Marseille) qui pourrait se retrouver en première ligne en cas de mise sous séquestre, voire de poursuite ou d’incarcération.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Les moyens français engagés
La conférence de génération de forces a aussi été l’occasion pour la France de préciser son offre.
Une frégate dans la prochaine période
Côté opérationnel, la frégate Latouche Tréville a achevé le 7 novembre dernier sa rotation. Elle n’a « pas été relevée pour l’instant » nous a confirmé un officier. Mais la France a promis de fournir un nouveau navire à l’opération. Sans doute pour l’année prochaine. La conférence de génération de forces de l’opération vient de se tenir aujourd’hui.
Des moyens aériens (Marine, Air) en appui
En attendant, Paris fournit des moyens en appui. C’est-à-dire non intégrés de façon permanente à l’opération, mais pouvant intervenir au besoin. Ainsi un « avion de surveillance maritime Atlantique 2 (ATL2) a été déployé et a effectué deux vols au profit d’Irini » la semaine précédente, selon l’état-major français des armées, interrogé par B2. La frégate Aconit était, jusqu’à il y a quelques jours, en soutien associé à l’opération. De façon ponctuelle un avion de surveillance de la marine nationale Falcon 50 ou un Awacs E3-F de l’armée de l’air viennent prêter main forte à l’opération pour effectuer quelques vols de reconnaissance (Falcon 50) ou un appui plus large (Awacs).
Cet article Le port de Marseille, port de déroutement pour Irini. Un nouveau navire prochainement est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
Tout est parti de Surabaya. Dans cette ville indonésienne de l'est javanais, quarante-trois étudiants papous sont violemment harcelés par des extrémistes le 16 août 2019. Les forces spéciales d'intervention prennent d'assaut le dortoir des étudiants. En quelques minutes, les Papous se retrouvent gazés, molestés, menottés. En un mot : condamnés, sans autres explications que les injures, pierres et crachats que la foule leur lance tandis qu'ils sont poussés dans les fourgons cellulaires. Pour les forces d'intervention, la culpabilité des étudiants ne fait aucun doute.
- Planète Asie / Papouasie - Nouvelle Guinée, Racisme, Répression, Politique(B2) Ces troisièmes ‘Entretiens’ témoignent d’une Europe à la croisée des chemins. Prête à tout, à condition de le vouloir et d’être en capacité de passer de la rhétorique à la pratique…
Covid-19 oblige, les troisièmes Entretiens de la défense se sont tenus cette année à distance, concentrés sur une demi journée, mercredi (4.11), et assurés de main de maître par les différentes animateurs (Stéphane Rodriguez, Federico Santopinto, Frédéric Mauro), en direct de la salle ‘Walster Hallstein’ du Berlaymont, qui sert aux réunions de la Commission européenne. Une journée découpée en quatre temps forts.
Les ambitions du commissaire Breton
Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur (et ayant en charge l’Espace et la Défense), a ouvert les débats en présentant son plan pour doter l’Europe d’un ‘hard power’. Un plan en douze étapes, bâti autour de la Défense, d’investissements, où l’on parle aussi cyber et espace.
Un contexte favorable, à condition d’oser
Le premier panel d’experts en géopolitique, réunis autour d’une question – « Quelle géopolitique pour l’Union européenne » – est catégorique : l’Europe doit hausser le ton. C’est le seul moyen pour que l’Union européenne et ses États membres se fassent entendre dans le remous mondial.
Des défis immédiats à relever
Les experts ‘défense’ du second panel sont affirmatifs : si l’Union représente l’ultime espoir pour la défense européenne, les avancées sont beaucoup trop timides.
Il manque, notamment, une bonne planification de défense, comme le détaille Jean-Paul Palomeros (ancien chef d’état-major de l’armée de l’air française et chef de l’ACT, le commandement pour la transformation de l’OTAN).
L’Europe de la défense se cherche encore. La conclusion coule de source. Elle est signée de la présidente de la sous-commission défense du Parlement européen, et ancienne ministre des Affaires européennes, Nathalie Loiseau (LREM/Renew).
L’envolée utopique de Jolyon Howorth
Comment ne pas oublier, dans le rôle du grand témoin, le Britannique Jolyon Howorth, de la Harvard Kennedy School, qui a agité la marmite comme on l’espérait. S’il croit en l’autonomie stratégique, cela oblige au préalable les Européens à reconnaitre l’impasse actuelle de la PSDC comme du fonctionnement de l’OTAN. Il ne restera alors plus qu’à refonder une ‘Nouvelle Alliance !
(ES et la rédaction de B2)
(crédits photos : Thierry Breton / Commission européenne ; Jolyon Howorth / Sorbonne / IREDIES ; Jean-Paul Palomeros / Def12 )
Les textes ont été publiés soit sur le blog soit sur notre édition B2 Pro réservée aux adhérents/abonnés. Mais de façon à les rendre accessibles, ils sont en format ‘ouverts’ à tous.
Cet article Entretiens de la défense européenne – 3e édition : entre utopie et défis est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Pour Jolyon Howorth, l’Union européenne atteindra l’autonomie stratégique. C’est inévitable…à terme. Mais les Européens doivent sortir des sentiers battus, reconnaitre l’impasse actuelle de la PSDC comme du fonctionnement de l’OTAN, et refonder une ‘Nouvelle Alliance’
Le chercheur britannique d’origine, francophile au point d’avoir acquis la nationalité tricolore, a jeté un pavé dans la mare lors des troisièmes entretiens de la défense européenne, le 4 novembre dernier, dont il était le ‘grand témoin’.
Une autonomie stratégique structurelle
« Une autonomie stratégique est à terme inévitable. Ce n’est pas une prédiction de Nostradamus. Ce constat est déterminé par l’histoire et par la géographie. L’histoire nous enseigne qu’entre les États-Unis et l’Europe, depuis bientôt 250 ans, les rapports stratégiques ont évolué constamment. Et la géographie nous dit, suivant Vidal de la Blache, que les intérêts de deux blocs continentaux qui ne partagent nullement le même espace territorial, ne peuvent être communs, encore moins identiques. L’autonomie ? Quoi de plus naturel alors.
Une communauté transatlantique fondée sur une différence d’intérêts
« Le discours atlantiste selon lequel Américains et Européens seraient liés dans ‘une communauté de destin’ est trompeur. Au 19ème siècle, les intérêts ‘étrangers’ américains furent essentiellement asiatiques et latino-américains. Ce ne fut qu’en 1941 que les États-Unis se sont impliqués de façon sérieuse dans les affaires européennes. Sans la menace soviétique, ils s’en seraient retirés en moins d’une décennie. L’Alliance Atlantique fut, à l’origine, conçue essentiellement comme une béquille temporaire, le temps que le Vieux Continent se ressaisisse après la saignée de 1939-45. Nous savons ce qu’il en est advenu.
La PSDC marque le pas
« La PSDC reste toujours bien en-deça des promesses de Saint-Malo (NB : le sommet franco-britannique de décembre 1998 qui lance le projet d’une politique européenne de sécurité et de défense).
Loin de l’autonomie stratégique
« Déjà, vers 2010, celles-ci se caractérisaient bien davantage par des objectifs purement ‘civils’ que par des ambitions un brin musclées. Je n’ai rien contre des missions civiles. Mais ne nous berçons pas d’illusions. Elles n’ont rien à voir avec l’autonomie stratégique. L’UE assure actuellement six missions classées ‘militaires’, dont trois ne sont que des missions d’entraînement de forces africaines. Encore, je n’ai rien contre. C’est très important. Mais ce n’est pas par ce biais que l’UE atteindra l’autonomie stratégique.
Une faiblesse face aux défis environnants
« Certes, les deux missions militaires significatives (les opérations navales en Méditerranée et dans le Golfe) pourraient être considérées comme ‘stratégiques’. Mais, compte tenu des défis véritablement géostratégiques qui entourent l’Europe, de l’Arctique à la Mer Noire et du Bosphore à l’Atlantique, c’est peu, c’est vraiment très peu. Depuis 2014, seuls cinq nouvelles missions ont été entreprises, dont trois en Afrique. Si la PSDC est ce qu’elle fait, je suis désolé, mais ce n’est guère impressionnant.
Et le Covid-19 ne va pas arranger les choses
« La plupart des études qui commencent à traiter de l’impact du Covid sur la défense européenne font état des nombreux défis supplémentaires que fait surgir le virus. Défis supplémentaires mais moyens plus limités. La crise du Covid aggrave l’affaiblissement, déjà perceptible, des institutions multilatérales de la gouvernance globale. Elle exacerbe un environnement déstabilisé dans lequel des puissances comme la Chine et la Russie tiennent de meilleures cartes.
Une solution : la fusion entre PSDC et OTAN
« Je persiste à penser que ce sera plutôt par la coopération, voire par la fusion entre la PSDC et l’OTAN — plutôt que par la différentiation entre ces deux entités— que l’Union Européenne atteindra l’autonomie. Je suis convaincu que la PSDC, à elle seule, n’est pas l’instrument adéquat pour forger l’autonomie. Deux avenirs sont possibles pour l’Alliance, dans le contexte d’une victoire du [démocrate] Joe Biden.
Première option, l’OTAN continue à fonctionner comme elle a toujours fonctionné
« Les Européens seraient moins nerveux quant à la crédibilité de l’article 5 [du traité de l’Alliance atlantique]. L’inertie redeviendrait la règle. Les Américains ne voudront pas céder le leadership, et les Européens n’oseront pas risquer de pousser trop loin leurs ambitions autonomistes. Dans le contexte de Covid, compte tenu d’une crise budgétaire gravissime pour les pays de l’Union, la PSDC repassera à l’arrière-plan (plan qu’elle n’a d’ailleurs jamais vraiment quitté).
Deuxième option, l’européanisation de l’OTAN
« Cela suppose un sursaut considérable de l’imaginaire géostratégique — tant chez les Européens que chez les Américains. [Et trois conditions.] Premièrement, les Américains ne souhaitent plus assumer des responsabilités majeures en Europe puisque la rivalité avec la Chine devient leur priorité absolue. Deuxièmement, les Européens se rendent compte que la PSDC seule ne leur fournira jamais la garantie de leur sécurité régionale (surtout tant que l’OTAN existe) et qu’il ne sert à rien de multiplier les acteurs militaires européens. Troisièmement, il y a une ‘convergence analytique’. Les Américains n’arrêtent pas de demander aux Européens des efforts accrus, de les encourager à assumer le leadership stratégique dans leur voisinage, de prendre leur propre défense au sérieux. Les Européens cessent d’envisager ce rôle par le truchement de la PSDC et acceptent de jouer à fond la refonte de l’OTAN.
Une nouvelle Alliance qui va dans le sens de l’histoire
« L’objectif, à terme, devrait être le retour au scénario initial conçu par Acheson et Eisenhower : une Alliance en rééquilibrage, dans laquelle les Européens prendraient progressivement la part du lion et les Américains joueraient, pendant encore deux décennies, plutôt un rôle de facilitateurs. Il est dans l’intérêt des deux parties de forger une nouvelle Alliance, nullement structurée par la dépendance, encore moins par la servitude, mais par un vrai partenariat équilibré dans lequel les Européens atteindraient, avec l’appui et l’encouragement des Américains, l’autonomie stratégique.
Sortir des sentiers battus
« Le premier scénario respecte le statu quo, ne demande pas de grands efforts et est infiniment plus confortable pour les acteurs actuels. Mais il continuerait à renvoyer aux calendes grecques toute avancée de la part des Européens vers l’autonomie…. [jusqu’à l’arrivée d’un nouveau Donald Trump] qui forcerait à passer au second scénario. Ce second scénario va dans le sens de l’histoire et de la géographie, mais il est extrêmement exigeant et suppose de sortir totalement des sentiers battus. »
(Jolyon Howorth)
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J'ai oublié de vous le dire : j'ai fondé l'institut de cybersécurité et de résilience des territoires (INCRT) après une réflexion de quelques mois et en association avec plusieurs amis et partenaires. Je salue notamment le Général (2S) Marc Watin-Augouard, qui a accepté de présider ce nouvel institut, dont vous pouvez trouver les détails à l'adresse : www.cyberterritoires.fr. Outre quelques articles ou études publiés ici ou là (notamment une étude publiée à la FRS, voir ici), j'ai répondu aux questions de l'institut, parmi d'autres (ici). Voici l'article ci-dessous
Mon Général, vous êtes une référence de la cyberstratégie en France. Vous avez publié votre premier livre sur le sujet en 2011, vous dirigez la collection cyberstratégie chez Economica, vous êtes chercheur associé à la FRS et membre du Conseil scientifique du FIC, vous êtes régulièrement consulté sur la question : Qu’est-ce qui pousse un homme de votre expérience à créer et vice-présider un Institut consacré à la cybersécurité et la résilience des Territoires ?
Une observation et une expérience.
L’observation que le dispositif français de cybersécurité s’est mis en place au niveau national depuis une dizaine d’années : création de l’ANSSI, renforcement des moyens au travers des diverses LPM, création de l’OG Cyber, mise en place du Pôle d’Excellence cyber, développement du FIC, croissance d’entreprises de toutes tailles qui bénéficient d’un marché lui-même en forte croissance… Tout ceci est parfait mais encore très centralisé, très parisien, très « grands comptes ». De même, l’UE s’est saisie du problème (Directive SRI, RGPD, définition des OSE). Mais là encore, on ne s’adresse qu’aux gros.
Ici vient l’expérience, qui est double. Les aléas de la vie m’ont conduit à plus pratiquer la « province », ce mot qu’on ose à peine prononcer mais auquel je trouve encore beaucoup de charme. Je l’ai fait pour des raisons privées mais aussi professionnelles. Aussi n’ai-je pas trop été surpris quand la pandémie est survenue et que tout le monde a dû passer d’un coup au télétravail. La Covid a plus fait pour la transformation numérique que toutes les initiatives que j’avais pu lancer dans mes précédentes fonctions. Tant mieux, mais ce faisant les territoires ont énormément augmenté leur surface de risque, d’autant plus qu’ils ont le plus souvent une culture très réduite de la cybersécurité.
Aussi m’a-t-il paru nécessaire de m’intéresser à ces territoires, en partant du bas, du terrain : de ce point de vue, le pragmatisme militaire qui fait partie de ma culture m’y aide beaucoup.
Quels sont les objectifs qu’un homme de votre expérience assigne à ce nouvel outil au service des territoires, quelles sont les valeurs que vous voulez y voir appliquées ?
Le premier principe est de partir du terrain, des besoins. Trop souvent, des vendeurs de solution viennent et débitent leur argumentaire, sans vraiment écouter ce que leurs interlocuteurs ont à dire. Or, chaque territoire est particulier. Une ville moyenne qui s’est spécialisée dans le tourisme n’aura pas le même besoin qu’une autre dans une région viticole ou une troisième qui a encore un gros tissu industriel menacé par la crise économique. Si la cybersécurité est une, s’il y a forcément des points communs, les besoins sont différents et il faut donc d’abord écouter et dresser des diagnostics ensemble, au vu des forces et faiblesses du territoire, avant de proposer des actions. Le deuxième principe est celui de la bienveillance : trop souvent, les victimes voient venir des spécialistes qui leur disent « mais vous n’auriez jamais dû faire ceci ou cela, ce n’est pas bien ». De fait, souvent on blâme la victime, comme si c’était sa faute. Je pense au contraire qu’il faut accompagner les victimes et les futures victimes pour les aider à progresser.
Le dernier principe va de soi mais il convient de le rappeler : il s’agit d’œuvrer pour le bien commun et la cohésion nationale et territoriale. Une fois encore, il faut compléter par le bas ce qui se fait bien au niveau central.
Selon vous, qu’est ce qui explique le retard pris par les territoires et leurs composantes dans la prise conscience de la cybercriminalité et la mise en place de mesure et d’outils de Cybersécurité ?
Le sentiment qu’ils sont trop petits pour être visés (sentiment partagé aussi bien par les CT que par les PME PMI). Accessoirement, une question de ressources disponibles : il y a tellement de besoins par rapport à des moyens limités qu’on ne prend pas les mesures minimales de cybersécurité. On « prend le risque » car on estime qu’il y a d’autres urgences. Celles-ci sont bien sûr légitimes mais il faut désormais faire uen petite place à la cybersécurité. On ne peut plus la négliger.
Le problème, c’est que désormais, tout le monde est visé, la cybermenace ne vise plus seulement les gros. On a connu une vague incroyable de fraudes au président ces dernières années, puis de rançonnages contre des collectivités publiques au cours des 15 derniers mois. Elle dure encore et ne cesse d’enfler. Accessoirement, la pandémie a forcé tout le monde à passer au télétravail, ce qui a ouvert de gigantesques portes aux agresseurs…
La cyber menace ne peut plus être ignorée. Y répondre fait partie désormais des facteurs d’attractivité d’un territoire.
Que propose l’INCRT pour accompagner les territoires dans ce défi, désormais presque quotidien ?
Tout d’abord, une veille et un éveil. Il convient de parler aux territoires mais aussi de les écouter. De ce point de vue, l’institut sera une plateforme qui permettra à chacun de suivre et de rencontrer.
Ensuite, nous irons dans les territoires à la demande des CT afin de présenter et sensibiliser, mais aussi de montrer que des solutions simples existent. Nous agirons bien sûr avec nos partenaires comme cybermalveillance ou la Gendarmerie nationale. Enfin, s’il y a des demandes plus précises, nous voulons aussi être un « do tank » et mobiliserons notre réseau d’experts pour répondre aux besoins exprimés.
Olivier Kempf
(B2) Comment l’Europe s’approprie le hard power ? Comment travaille un correspondant de presse à Bruxelles ? Pourquoi faut-il continuer à s’exprimer en français ? Et pourquoi le basculement dans le monolinguisme tout anglais des institutions européennes est une faute géopolitique de premier ordre ? Toutes ces questions, je les évoque avec Ulrich Huygevelde de Euradio. La radio européenne qui vient d’établir son studio à Bruxelles, dans le quartier des Marolles en bas du palais de Justice.
euradio · Rencontre Avec Un Correspondant – Nicolas Gros VerheydeCet article Un entretien avec Euradio est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
J'ai participé vendredi 1A3 novembre à la table ronde du Medays 2020, organisée sur les réactions à la pandémie, notamment du point de vue numérique.
Vous trouverez un bref compte-rendu de cette table ronde ici.
J'en extrait ceci : Selon Olivier Kempf, directeur de La Vigie, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique et directeur de la Collection Cyberstratégie chez Economica, la crise sanitaire a contribué au renforcement des inégalités dans l’utilisation des outils numériques et a augmenté le risque de cyberattaques, appelant ainsi à investir beaucoup plus dans ce domaine en vue de garantir la sécurité des systèmes d’information. Il a dans ce sens mis en exergue l’intérêt de l’Afrique et l’Europe à œuvrer ensemble et mobiliser leurs efforts, à travers un partenariat liant les deux continents et visant à tirer profit de cette révolution numérique. M. Kempf a ajouté que ce partenariat permet aux deux parties d’intégrer un marché potentiel de près de 2 milliards de personnes et de pouvoir ainsi concurrencer la Chine et les États-Unis.
OK
(B2) L’état-major français des armées a confirmé ce vendredi (13.11 matin) avoir ‘neutralisé’ (= tué) un des principaux responsables du GSIM, le colonel Bamoussa Diara
Ce fait d’armes était déjà apparu dans la presse malienne depuis au moins 24 heures. L‘indépendant de Bamako mentionnait notamment un raid opéré par les forces françaises mardi 10 novembre, vers 18 heures, contre un véhicule pick-up de type Hilux, à près de 7 kilomètres, à l’Est de Tadamakat, localité relevant du cercle de Tidarmene, région de Ménaka.
Une opération commando héliportée
Ayant « repéré un pickup suspect », l’action a été menée par « les commandos de l’opération Barkhane » en début de soirée vers 18h au crépuscule, a confirmé un officier de l’état-major des armées ce vendredi à quelques journalistes (dont B2). Quinze hommes des commandos de l’opération Barkhane y ont participé, amenés par hélicoptère. Quatre hélicoptères, en tout, ont été engagés : « deux hélicoptères de manœuvre, appuyés par deux hélicoptères de reconnaissance et d’attaque ». Des drones Reaper ont aussi été engagés, en reconnaissance.
Une action de 15 minutes
Le combat a été assez violent, avec utilisation de différentes armes « du canon de 30 [des hélicoptères] au petit calibre ». L’action a duré quinze minutes environ. Les cinq occupants du pickup « qui sont sortis du véhicule au moment des tirs de sommation et d’arrêt » sont tous morts, dont le colonel Bamoussa Diara, le lieutenant d’Iyad Ag Ghali. Aucun blessé n’est à déplorer du côté français, du moins « aucun n’ayant nécessité de prise en charge médicale » (cela signifie qu’il y a eu des blessés mais légers). Les commandos sont restés « plusieurs heures sur place », ensuite « Le temps d’exploitation sur place ». NB : en général, une prise de photographies, d’empreintes ou d’ADN est effectuée afin de confirmer l’identité des personnes visées.
Une volonté de reprendre la zone des trois frontières
Cette action s’inscrit dans une volonté des Français de Barkhane de reprendre le contrôle de la zone des trois frontières. Plusieurs opérations ont eu lieu — le 30 octobre et le 6 novembre notamment —, conduisant à la ‘neutralisation’ de plusieurs dizaines de ‘terroristes’. Cela s’ajoute à des combats fratricides entre les groupements terroristes de l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) et le GSIM, se disputant le contrôle de certaines zones, notamment à Boulikessi. Une lutte confirmée par l’armée française. Nous avons « documenté des affrontements des zones de prédation le 6 novembre par exemple » indique un officier.
Un rebelle historique
Ancien militaire des forces armées maliennes, le colonel Bamoussa Diara (alias Abou Charia), a déserté à deux reprises les FAMA. La seconde fois, en 2012, il rejoint le mouvement Ansar Dine dirigé par Iyad Ag Ghali, devenu ensuite le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM en arabe). Il est accusé d’avoir mené plusieurs attaques contre les FAMA, en 2012 à Ménaka, à Aguelhok, à Tessalit ainsi qu’à Kidal en 2012, ou plus récemment à Djoura en mars 2019 ou à Bouka Weré dans le cercle de Niono en 2020, selon Mahamane Touré de Nouvel Horizon.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) La Force multinationale d’observateurs (MFO) chargée de veiller à la bonne application des accords de paix entre Égypte et Israël dans le Sinai, vient de subir un accident mortel. Un officier français est décédé
Huit militaires à bord
Un hélicoptère US Black Hawk qui effectuait un vol de routine et transportait huit militaires s’est crashé dans la péninsule du Sinai près de l’ile de Tiran en Mer rouge.
Sept militaires sont décédés, dont un Français (le lieutenant-colonel Sébastien Botta venant du CDAOA le commandement de défense aérienne et des opérations aériennes), un Tchèque (le sergent-major Michaela Tichá 27 ans) et cinq Américains.
Un Américain, a pu être récupéré après le crash, selon la MFO. Il est dans un état critique.
Enquête en cours
La cause de l’accident doit encore être déterminée. Une enquête est en cours. Selon l’armée tchèque, il pourrait s’agir d’un « défaut technique ».
Le chef d’état-major français François Lecointre a adressé ses condoléances.
[#CEMA] Toutes mes pensées accompagnent la famille, les proches et les frères d’armes du lieutenant-colonel Sébastien Botta mort en opération au service de la France ce jour, lors de l’accident d’un hélicoptère de la Force Multinationale d’Observateur au Sinaï. pic.twitter.com/V1TLEXGn5P
— État-Major Armées (@EtatMajorFR) November 12, 2020
Tout comme les principales autorités concernées comme le président français Emmanuel Macron ou le président américain élu Joe Biden.
I extend my deep condolences to the loved ones of the peacekeepers, including 6 American service members, who died on Tiran Island, and wish a speedy recovery to the surviving American. I join all Americans in honoring their sacrifice, as I keep their loved ones in my prayers.
— Joe Biden (@JoeBiden) November 12, 2020
Une force multinationale établie en 1982
La Force multinationale sur les observateurs (MFO) a été créée après l’accord de paix de Camp David entre l’Égypte et Israël de 1978, par un protocole d’accord entre les deux pays en août 1981, après la restitution du Sinai à l’Égypte, et est opérationnelle depuis avril 1982. Le blocage au sein du Conseil de sécurité de l’ONU de l’époque (par l’URSS notamment) de valider une mission de casques bleus avait nécessité d’avoir une solution « alternative », avec une force d’observation multinationale.
Veiller aux accords de paix
Elle utilise deux bases dans la région du Sinaï : la base sud de Charm el-Cheikh, où se trouve le quartier général de la mission, et la base avancée nord à El Gorah, non loin de Gaza. Elle a pour objectif à partir de points de contrôle, d’activités de patrouille et d’observation le long des frontières de l’Égypte et d’Israël et sur le territoire du Sinaï, de veiller au maintien de la paix dans les quatre zones de l’accord de paix comme d’assurer la libre navigation à travers le détroit de Tiran.
Un contingent venu de trois pays
Elle est composée (selon le dernier comptage de la MFO) d’un peu plus de 1100 militaires provenant de 13 pays, essentiellement américains : 452 USA, 275 Colombiens, 55 Canadiens, 41 Uruguayens. On trouve également 78 Italiens, 18 Tchèques, 3 Norvégiens, 2 Britanniques et 1 Français, ainsi que 170 militaires de Fidji, 30 Néo-Zélandais, 27 Australiens, 2 Japonais.
(Nicolas Gros-Verheyde)
NB : les noms des militaires tués sont indiqués en fonction de l’information officielle.
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(B2) La France vient de déployer en Méditerranée orientale (MEDOR) plusieurs moyens maritimes et aériens
Trois frégates
Le groupe d’action de surface (‘surface action group’ ou SAG) est composé de trois frégates qui ont convergé au retour d’opération : la frégate légère furtive FLF La Fayette (F-710) (qui revient de l’opération Chammal, déployée en Syrie-Iraq contre les groupes terroristes de l’État islamique), la frégate anti sous-marine FASM Latouche-Tréville (D-646), qui vient d’achever son mandat au sein de l’opération maritime de l’UE (EUNAVOR Med Irini), la frégate de défense aérienne FDA Forbin (D-620) qui assure le commandement du groupe.
… et deux avions
Deux moyens aériens viennent en appui de ce groupe : un avion de patrouille maritime Atlantique 2, actuellement déployé à La Sude (Grèce) et un avion de surveillance aérienne E3-F Awacs de l’armée de l’air.
La combinaison des capteurs
Aux navires d’établir tout d’abord « la situation tactique aéromaritime ». Aux moyens aériens « d’étendre la zone couverte » et, avec la diversité des capteurs, de « consolider la caractérisation des activités dans la zone ». Plusieurs vols des hélicoptères de bord — le NH90 du Forbin (qui appartient à la patrouille 31F) et Panther du La Fayette (qui appartient à la patrouille 36F) ont eu lieu.
Objectif : surveiller et dissuader…
L’objectif est triple selon l’état-major des armées : 1. « Améliorer l’appréciation autonome » de situation dans ce « théâtre vaste » qui revêt « une importance stratégique certaine », 2. Manifester « de façon ostensible la présence de la France » dans la zone et son « attachement au respect de la liberté de navigation », 3. Être prêt à intervenir « de manière effective en cas de violation du droit international ».
La Turquie dans le viseur
La cible n’est pas indiquée. Mais elle est très claire : c’est la Turquie et ses forages dans les zones maritimes grecque ou chypriote. Ankara a ainsi émis, fin octobre, un nouveau message de navigation (Navtex), prolongeant l’action de ses trois navires de forage et de recherche sismographique : Oruc Reis, Ataman et Cengizhan. Ce sous protection militaire. La marine et l’aviation turque ont aussi entamé un exercice début novembre dans la zone (avec la marine américaine), dénommé ‘Blue Whale 2020’.
Un effet d’entraînement
Il ne faut nier non plus que cette présence aéronavale a aussi valeur d’entraînement pour les équipages dans des opérations de surveillance aéromaritimes (1). Cela permet de tester la « réactivité » des forces et la bonne coordination entre les moyens aériens et maritimes, mais aussi de vérifier la bonne « agrégation des différents moyens et leur connectivité immédiates ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Au large de l’Iran, les frégates danoise et française continuent d’exercer leur vigilance dans le détroit d’Ormuz et le Golfe persique. Relèves de navires à l’appui
Cette opération de surveillance maritime aéronavale, montée par les Européens, regroupe aujourd’hui des moyens danois (relayant les Pays-Bas, lire : Le Danemark à la tête de la mission dans le détroit d’Ormuz en 2021) et français (qui a initié cette opération). Elle est dénommée ‘Emasoh’ (code européen) ou ‘Agenor’ (code français) ou encore TF474 (code international de la task torce).
La frégate anti-aérienne de type F70 Jean Bart (D-615) a pris le relais dans le golfe d’Oman et le golfe Arabo-persique de la frégate FREMM Languedoc (D-653). Une frégate multimissions, qui aura été intégrée durant presque six mois (170 jours) à la TF474.
Durée rendue possible « grâce à une relève d’équipage inédite en opération », note l’état-major français (1). Le Languedoc a effectué une dernière relâche opérationnelle à Abu Dhabi, début novembre, après dix jours de patrouille et quatre franchissements du détroit d’Ormuz, avant de reprendre le chemin de Toulon.
De son côté, après une relève partielle d’équipage au cours de sa relâche opérationnelle à Dubaï, la frégate danoise HDMS Iver Huitfeldt (F-361) a repris ses patrouilles de sécurité de part et d’autre du détroit d’Ormuz. C’est le Danemark qui devrait assurer le commandement de la mission l’année prochaine (lire : Le Danemark à la tête de la mission dans le détroit d’Ormuz en 2021)
(Nicolas Gros-Verheyde)
Une évacuation
Au passage, la frégate ‘Jean Bart‘ a effectué samedi (7.11) une opération d’évacuation sanitaire d’un marin indien, inconscient du MV Lourdes, un navire de commerce battant pavillon indien. L’hélicoptère de bord de la frégate, avec un médecin et une infirmière, a transporté le patient à l’hôpital de Salalah (Oman). Évacuation effectuée « en coopération » avec une frégate japonaise et « coordination » avec les autorités omanaises, selon l’ambassade de France à Mascate (Oman).
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