(B2) Les acteurs présumés d’une tentative d’attentat à la bombe contre les Moudjahidines du Peuple iranien (MEK), lors d’une conférence à Villepinte (près de Paris) le 30 juin ont été placés sous mandat d’arrêt et inculpés de tentative d’assassinat terroriste en Belgique… et non pas en France
Un projet d’attentat aux conséquences potentielles graves
L’affaire implique plusieurs personnes, dont un diplomate iranien, arrêtées en Belgique et en France, qui avaient préparé un le projet de placer une bombe artisanale « à Villepinte (France) lors d’une conférence organisée par les Moudjahidines du Peuple iranien (MEK) le 30 juin 2018 ». Un attentat qui, s’il n’avait pas été déjoué, aurait pu causer d’importantes victimes vu l’audience attendue (25.000 personnes) à ce meeting biannuel, comme les personnalités invitées, notamment l’ancien maire de New-York Rudy Giuliani, ardent défenseur d’un changement de régime en Iran.
Un diplomate iranien transféré en Belgique
Dans le cadre d’un dossier de terrorisme ouvert par le parquet fédéral belge, les autorités allemandes ont remis, mardi (9 octobre), Assadollah Assadi aux autorités judiciaires belges. Le juge d’instruction avait demandé sa remise dans le cadre d’un « dossier de tentative d’attentat terroriste », avec le projet de poser une bombe « le 30 juin 2018 à Villepinte (France) le 30 juin 2018 lors d’une conférence organisée par les Moudjahidines du Peuple iranien (MEK) indique le parquet fédéral belge.
Pas d’immunité diplomatique
De nationalité iranienne, le diplomate accrédité auprès de l’ambassade d’Iran à Vienne, en Autriche, est présumé être le ‘cerveau’ de cette tentative. Il ne pouvait alors se prévaloir de son immunité diplomatique en Allemagne car « il était en vacances pour plusieurs jours en dehors de l’Etat de résidence — l’Autriche — et ne se trouvait pas en déplacement entre son pays d’accueil et son pays d’origine (ou inversement) », indique le tribunal régional de Bamberg dans un communiqué. Il a été entendu et placé sous mandat d’arrêt par le juge d’instruction d’Anvers spécialisé dans le terrorisme mercredi (10 octobre) par le juge d’instruction.
Un projet d’attentat à la bombe à Villepinte
Il avait été arrêté en Bavière samedi 30 juin de façon quasi simultanée avec l’interpellation par les unités spéciales de la police fédérale à Woluwe-Saint-Lambert (Bruxelles) d’un couple : Amir S. (un Iranien né le 26 avril 1980) et son épouse Nasimeh N. (née le 20 septembre 1984) qui résidaient en Belgique. A l’intérieur de leur véhicule Mercedes, 500 grammes d’explosif de type TATP et un détonateur ont été découverts. Cet explosif devait, selon toute apparence, « servir à un attentat à la bombe le 30 juin 2018 à Villepinte (France) lors d’une conférence organisée par les Moudjahidines du Peuple iranien (MEK) » indique le parquet fédéral belge. Un complice présumé, Merhad A. (né le 31 juillet 1963), a déjà été remis par la France.
La discrétion européenne
On peut noter que les autorités européennes sont restées très discrètes sur ce projet d’attentat, évitant de condamner de façon trop publique, sans doute eu égard à la responsabilité de la Haute représentante de l’UE de conduire les négociations avec Téhéran sur la suite de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Télécharger les communiqués du Parquet fédéral belge du 2 juillet et du 10 octobre 2018
(B2) Un module de formation « niveau2 » vient de débuter en Italie le 8 octobre pour des garde-côtes et des marins libyens
(crédit : EUNAVFOR Med / Sophia)
Organisé par la marine italienne, dans le centre de formation de la marine italienne à La Maddalena, ce nouveau module durera huit semaines jusqu’au 30 novembre 2018 et concerne 69 stagiaires. Il se compose d’un « cours d’officier de pont » et de « cours de préposé à la maintenance ». L’objectif — selon les informations communiquées par le QG de l’opération à Rome —, est de fournir aux garde-côtes libyens les connaissances et la formation sur l’activité générale à bord d’un navire de surveillance en mer ainsi que des leçons axées sur les droits de l’Homme, les premiers secours, la politique d’égalité des sexes et des rudiments linguistiques en anglais (1).
305 garde-côtes formés au total
Avec cette nouvelle formation, et celle assurée cet été par la marine espagnole (lire : Formation terminée pour 26 marins et garde-côtes libyens), 305 membres des gardes-côtes libyens et de la marine auront été formés par l’opération Sophia / EUNAVFOR Med. On se rapproche ainsi de l’objectif des 500 personnes formées (normalement prévu pour fin 2017), mais très lentement. A noter que d’autres modules de formation supplémentaires vont être organisés ultérieurement, en Croatie notamment, en Grèce peut-être.
Une lenteur expliquée par plusieurs facteurs
A cette lenteur, plusieurs raisons cumulées : 1° la difficulté de trouver des noms de garde-côtes (ce sont les Libyens qui les fournissent), 2° la procédure de vérification (veting) qui a été renforcée (elle dure 7 semaines) ; 3° les difficultés internes aux Européens notamment pour savoir qui financerait cette formation. La question de savoir s’il était possible de donner un per diem (indemnité journalière) aux Libyens en formation (une revendication des Libyens) a notamment été délicate à résoudre. Finalement un accord s’est fait entre les États membres sur ce point, mais sur la base de contributions volontaires de plusieurs États membres, et non sur la base du budget commun de la mission…
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) La plupart des garde-côtes et marins libyens ne maitrisent pas l’anglais, qui est la langue couramment usitée sur mer, dans la marine marchande. Ce qui est à l’origine de plusieurs problèmes ou quiproquo. Lire : Quand les garde-côtes libyens et les ONG interviennent en même temps, c’est le bazar
(B2) Trois noms restent en lice pour le prix Sakharov 2018. Leurs combats touchent à ce que l’Europe a de plus cher : la liberté de penser et de s’exprimer.
Réunion en comité joint AFET / DEVE / DROI. Vote des trois nominés pour le Prix Sakharov pour la liberté de pensée 2018 © Parlement européen
Attribué chaque année depuis 1988 par le Parlement européen, ce prix récompense les hommes et femmes qui défendent les libertés fondamentales. Dix candidats, proposés par les différentes groupes politiques, étaient soumis au vote des députés des commissions Affaires étrangères, Développement et de la sous commission Droits de l’Homme, mardi 9 octobre. Le lauréat sera désigné le 25 octobre par la conférence des présidents du Parlement et le prix remis solennellement le 12 décembre, lors de la session plénière, à Strasbourg.
Les ONG sauvant des migrants en Méditerranée. A savoir, Proactiva Open Arms, SOS Méditerranée, Médecins sans frontières international, Sea-Watch, Sea Eye, Jugend Rettet, Lifeline, MOAS, Save the children, PROEM-AID et Boat refugee foundation. Depuis 2015, ces ONG mènent des opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée pour tenter de sauver la vie de réfugiés qui tentent de rejoindre les côtes de l’UE. Proposées par les groupe S&D et les Verts.
Oleg Stentov. Le réalisateur de film ukrainien purge une peine de 20 ans de prison pour avoir « comploté des actes terroristes » contre la règle « de facto » russe en Crimée. Il est devenu le symbole de dizaine de citoyens ukrainiens illégalement arrêtés et condamnés à de longues peines de prison par les forces d’occupation russes dans la péninsule de Crimée. Proposé par le groupe PPE.
Nasser Zefzafi. Activiste marocain, dirigeant de Hirak, un mouvement de protestation dans la région du Rif au Maroc, luttant contre la corruption, l’oppression et les abus de pouvoir, il a été condamné à 20 ans de prison pour «complot contre la sécurité de l’État». Proposé par le groupe GUE et 39 autres députés.
(E.S.)
(B2) Allemands et Polonais ont effectué le relais de leurs moyens dans l’opération européenne chargée de lutter contre les trafics en Méditerranée (opération EUNAVFOR Med Sophia). Français et Portugais sont revenus à la maison.
La frégate allemande FGS Augsburg (F-213) a intégré fin septembre la force navale européenne en Méditerranée. Elle vient relayer le navire auxiliaire de ravitaillement Mosel (A-513), rentré au pays. Durant ses 148 jours de mission, le Mosel a effectué quatre approches amicales (‘friendly approach‘) et vérifié au passage l’identité de 85 navires, précise le QG de l’opération à Rome. On peut noter qu’avec ce départ, l’opération ne dispose plus de moyens de ravitaillement propre (cf. encadré), devant compter soit sur la marine italienne, soit sur d’autres navires croisant au large.
La frégate Augsburg F-213 (crédit : Marine Allemande / Archives B2)
Relais d’avions pour les Polonais
Autre relais, pour les aviateurs polonais. Le M28B 1R Bryza n°1008 est revenu sur la base de Sigonella, après retour en Pologne pour révision et modernisation. Il remplace son compatriote n°1017, surnommé la Dame Blanche et qui est un des successeurs de ses intrépides ancêtres de la bataille de l’Atlantique. Un retour sur le terrain sicilien pour le 1008 qui était là au début de l’engagement polonais de mars à juin.
Les Bryza 1008 et 1017 (crédit : MOD Pologne / contingent polonais Sophia)
Retours au pays pour le Cdt Bouan et le P3 portugais
Le patrouilleur de haute mer français Commandant Bouan (F-797) a quitté l’opération, rentrant à son port d’attache (Toulon), après 26 jours de présence. Il a surtout participé à la tâche de contrôle de l’embargo sur les armes (CIAT). Il a ainsi procédé à 5 vérifications de navires marchands et effectué une ‘approche amicale’. Idem pour l’avion de patrouille maritime P-3 C Orion rentré au Portugal, accumulant 74 heures de vol.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Moyens plus réduits
L’opération Sophia dispose en ce moment de moyens plus réduits :
quatre navires : le navire de débarquement italien San Marco (L-9893) qui assure le commandement depuis août dernier (lire : Relais à la tête de l’opération Sophia), la frégate allemande Augsburg, la frégate espagnole Numancia (F–83), le patrouilleur de haute mer irlandais L.E’. James Joyce (P-62) arrivé en juillet (lire : Relève irlandaise pour l’opération Sophia) ;
quatre avions patrouilleurs : un M28 Bryza polonais (La Pologne s’engage dans l’opération Sophia en Méditerranée), deux avions luxembourgeois SW3 Merlin III (qui se relaient) et un avion espagnol Casa CN-235 Vigma D4 ;
et deux hélicoptères embarqués : un AB-212 (sur la frégate espagnole espagnole) et un AB 212 ASW (sur la frégate allemande).
(B2) Viktoria Marinova, jeune présentatrice de 30 ans d’une émission d’actualités sur la chaîne de télévision bulgare TVN a été assassinée, en pleine journée, à Roussé samedi (6 octobre). Son corps a été retrouvé dans un parc de la ville.
Cela commence à faire beaucoup ! Il y a presque un an, la Maltaise Daphné Caruana Galizia mourait (le 16 octobre) dans l’explosion de sa voiture. 4 mois plus tard, c’était au tour d’un Slovaque Jan Kuciak de mourir assassiné (le 21 février).
Des intimidations très claires
Le dernier reportage présenté par Viktoria Marinova reprenait un reportage des journalistes d’investigation du site Bivol, sur une gigantesque fraude liée au détournement de fonds européens (cf. encadré). Après la publication de ce sujet, deux de ces journalistes — Attila Biro, rédacteur en chef roumain du portail d’investigation Rise Project Romania, et le bulgare Dimitar Stoyanov du media Bivol réputé pour ses enquêtes sur la corruption — avaient été arrêtés par la police à Pernik dans la banlieue de Sofia. Et l’ONG Reporters sans frontières avait déjà demandé que leur protection soit assurée. RSF a réitéré ce soir cette demande : les autres journalistes de TVN« ayant travaillé sur le même reportage sensible que Viktoria Marinova doivent être placés sous protection policière en attendant les résultats de l’enquête ».
Une tournure très inquiétante
A l’Association des journalistes européens (AJE) – section France, nous sommes plus qu’inquiets de la tournure prise ces derniers mois dans plusieurs pays d’Europe. Quand les journalistes informent, ils dérangent. Et on le leur dit vertement. Quand ils enquêtent, ils gênent. Et on leur refuse les accès nécessaires. Quand ils pointent le doigt sur des dossiers trop sensibles, alors tous les moyens semblent bons pour s’en débarrasser. Y compris l’assassinat. Cela ne peut plus durer !
Les autorités européennes doivent se saisir de la question
Nous demandons aux autorités bulgares d’assurer toute la lumière sur ce meurtre odieux. Mais nous demandons aussi aux autorités européennes de se saisir de ce problème, de façon rapide et énergique. La corruption de certaines personnes, y compris de personnes haut placées dans les gouvernements, ne peut plus durer. Des enquêtes européennes doivent être diligentées, de façon rapide et énergétique, afin que les coupables soient identifiés, écartés du pouvoir au besoin, et jugés.
(Nicolas Gros-Verheyde)
vice-président de l’AJE-France
L’enquête de Bivol a révélé qu’un groupe de sociétés de conseil était impliqué dans la manipulation des enchères de financement européennes. Les prix des biens et services payés avec des fonds européens étaient gonflés de 20 à 30%. Peu après la présentation de ces informations lors d’une conférence de presse, les journalistes ont appris que certains des documents présumés frauduleux étaient transportés hors de Sofia pour être détruits. Des journalistes les ont filé. Ils ont été alors appréhendés par des policiers et arrêtés (les informations de Rise projet).
Lire aussi :
(B2) En Centrafrique, c’est le début d’entraînement opérationnel du bataillon amphibie des Forces armées (FACA). Et un petit exploit logistique avec la reconstruction du pont de Zinga. En Bosnie-Herzégovine, un exercice militaire de réponse rapide est mené par EUFOR Althea.
Kassaï (Centrafrique). Début d’entraînement opérationnel pour le bataillon amphibie
(Crédit : CNC)
Depuis le 27 août, et au cours des trois prochains mois, EUTM RCA, la mission de formation des forces armées centrafricaines (FACA) va former le bataillon amphibie au centre de formation de Kassaï. Ce sont 333 militaires des FACA qui vont ainsi bénéficier d’un entrainement opérationnel, des fondamentaux, aux savoir-faires tactiques, en passant par le processus de décision d’État-major. Le tout pour être opérationnel et autonome. Cette formation suit celle de l’ensemble du bataillon d’infanterie territoriale n°2 (BIT 2). Ces deux dernières années, EUTM RCA a formé plus de 3000 personnels.
Bangui-Zinga (Centrafrique). Le pont de Zinga est reconstruit
Le pont de Sapeke remonté à Zinga dans la région de Lobaye (crédit : DICOD / EMA / EUTM RCA)Les sapeurs du génie centrafricain des FACA, les forces armées centrafricaines, ont reconstruit le pont de Zinga, en transférant le pont de Sapeke, depuis Bangui, 170 kilomètres plus au sud. Cette opération a été effectuée avec le soutien et l’expertise des militaires français du génie de la mission européenne de formation des FACA (EUTM RCA). Il a été inauguré le 22 septembre en présence des ministres de la Défense Marie-Noëlle Koyara, et des Travaux publics Ahamed Senoussi de la RCA. Ce pont va aider la ville de Zinga à sortir de l’isolement, à rétablir le trafic sur l’Oubangui, bref à développer les échanges commerciaux avec la RD Congo et le Congo. L’opération a été possible avec le soutien du détachement égyptien de la MINUSCA (mission de maintien de la paix de l’ONU en Centrafrique), qui a prêté des camions pour le transfert du matériel.
Bosnie-Herzégovine. Réalisation exercice de réponse rapide 2018
Des troupes turques participent à un exercice de contrôle des foules (Crédit : EUFOR Althea)L’opération militaire de stabilisation en Bosnie-Herzégovine (EUFOR Althea) a organisé un exercice de réponse rapide (Quick response 2018) par des troupes venues de différents États européens — du 25e bataillon d’infanterie de Roumanie, Bulgarie, Autriche, Italie —avec d’autres force — armée de Bosnie, 3e régiment de parachutistes britannique et la force de réserve tactique de l’OTAN au Kosovo (NFTR)… Du 3 au 7 septembre se sont déroulés différents exercices tels que l’attaque d’un convoi VIP à l’aéroport, la protection de sites de stockage d’armes et de munitions, le contrôle des foules, l’évacuation de blessés par hélicoptère, de bâtiments, l’établissement de périmètres de sécurité, notamment à Pazaric, Travnik, Kula, Camp Butmir et Sarajevo.
(informations rassemblés par Amélie Pugnet st.)
(B2) Autrefois, jusqu’en 2017, le chiffre de personnes secourues figurait dans tous les communiqués, dossiers de presse et autres documents publics. Il était l’un des marqueurs de l’activité de l’opération européenne maritime en Méditerranée. Il est désormais effacé. Le sauvetage en mer des migrants et réfugiés n’a plus vraiment la côte en Italie, ni en Europe. L’opération Sophia, elle même, est plutôt mal vue du côté du nouveau pouvoir à Rome, les marins italiens étant réputés trop respectueux d’une certaine tradition maritime et peut-être tout simplement de certaines valeurs.
Combien de personnes ont été sauvées en mer ces derniers mois par les navires d’EUNAVFOR ?
Selon un dernier bilan dressé par l’opération de l’UE en Méditerranée centrale, que nous avons pu consulter, les navires de l’opération Sophia (EUNAVFOR MED) ont été impliqués dans 21 opérations de sauvetage (évènements SOLAS) permettant de secourir 2 292 personnes. Ce qui représente un rythme d’un peu plus de 300 personnes par mois et 9.6% du total des personnes sauvées en mer Méditerranée centrale, par les navires internationaux ou libyens.
Un chiffre en baisse continue. Sur la période d’octobre 2017 à juillet 2018, 4 665 personnes avaient été sauvées par les navires de l’opération sur un total de 29 785 personnes récupérées en mer par différents navires. Ce qui représentait un taux de 15% récupérés par les navires de l’opération militaire européenne, et un rythme de 400 personnes par mois. Entre juin 2015 et octobre 2017, environ 41 500 vies avaient été sauvées en mer, lors de 278 opérations de sauvetage. Ce qui représentait alors une moyenne de 1 500 personnes par mois.
L’activité des navires des ONG continue malgré tout
Selon l’opération, les navires des ONG mènent encore des opérations de recherche et de sauvetage en haute mer au large des côtes de l’Ouest de la Libye. Les sauvetages par des ONG représentent encore un tiers (34%) de toutes les personnes sauvées et emmenées en Italie au cours du premier semestre 2018. Mais la proportion se réduit par rapport aux périodes de référence précédentes. Et depuis le milieu de l’été, elle s’est raréfiée.
Quelle est l’activité des navires marchands ?
Le nombre de navires marchands participant à des opérations de sauvetage se maintient à un niveau relativement constant depuis 2015, selon l’Organisation Internationale des Migrations (OIM). En 2017, 119 navires ont participé au sauvetage de 11 350 migrants. Dans les six premiers mois de 2018, ce nombre est tombé à 1 329 personnes secourues.
Un taux de mortalité en nette augmentation
Si le nombre des arrivées en Italie a chuté de 80 % pendant les huit premiers mois de 2018, le taux de mortalité continue d’augmenter. Au total, entre le 1er janvier et le 27 août, 1 103 personnes sont mortes sur la route de la Méditerranée centrale, essentiellement en provenance de Libye vers l’Italie. Soit un taux de mortalité de 1 mort pour 29 arrivants, contre 1 pour 41 personnes au cours de la même période en 2017, selon Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
La tendance observée en juin se confirme donc, et même s’aggrave, puisque depuis le dernier bilan (lire : Les flux migratoires baissent-ils ? Combien de personnes sont arrivées en Italie ou en Espagne ?) près de 500 personnes sont mortes. Soit une moyenne de 230 personnes par mois (sur les deux mois de l’été) à comparer à une moyenne de 105 morts par mois (sur les six premiers mois de l’année).
Les garde-côtes libyens sont-ils plus actifs ?
Oui. Durant les huit premiers mois de l’année 2018, les garde-côtes libyens, agents de la sécurité côtière, comme les pêcheurs, ont secouru ou intercepté près de 12 945 personnes, soit presque la moitié des personnes arrivées en Italie (source OIM et HCR).
Les conditions d’appréhension par les garde-côtes libyens sont-elles conformes ?
Les garde-côtes libyens « utilisent des armes à feu, recourent à la violence physique et profèrent des menaces pendant les opérations de recherche et de sauvetage dans les eaux libyennes et internationales », selon les témoignages recueillis par la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCDH). Une fois arrivés à terre, ce n’est pas mieux. Les personnes interceptées et ramenées en Libye sont « automatiquement mis aux arrêts, sans les garanties de procédure et font l’objet de graves atteintes à leurs droits fondamentaux ».
Combien de personnes sont dans les centres de détention libyens ?
Environ 8 000 personnes sont détenues dans les centres gérés par la direction libyenne de lutte contre l’immigration illégale. Ces centres de détention ne sont pas gérés conformément au droit libyen ou aux normes internationales. Les conditions de détention y « sont déplorables » que ce soit pour l’hébergement, la nourriture et l’hygiène, selon le HCR. Et elles « risquent de se dégrader encore du fait de la forte surpopulation liée à l’augmentation du nombre de personnes interceptées, secourues et débarquées en Libye ». Il est « souvent fait état d’actes de torture et d’autres mauvais traitements, de violence sexuelle et sexiste, de travail forcé et d’exploitation » attribués aux gardes. Les femmes ne sont pas surveillées par des gardiennes et les enfants non accompagnés sont détenus avec les adultes. Ce qui autorise tous les dérapages. « Les organisations internationales n’ont véritablement accès à ces centres que de manière ponctuelle et souvent difficilement. » Avec l’interception croissante par les garde-côtes libyens, la pression sur ces centres pourrait augmenter.
Combien de personnes sont prêtes au départ ?
Le chiffre est très difficile à obtenir. Il existe des évaluations. Selon l’ONU, on estime à plus de 680 000 personnes migrants, déplacés ou réfugiés, qui résident dans le pays sans être, officiellement, en détention. L’OIM décompte elle 180 000 déplacés internes et 372 000 personnes retournées en Libye. Et le HCR a enregistré 53 000 réfugiés et demandeurs d’asile.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : Les flux migratoires baissent-ils ? Combien de personnes sont arrivées en Italie ou en Espagne ?
(B2) Un soldat allemand est décédé ce samedi (6 octobre), en opération à la suite d’un accident sur le site d’entraînement de Pabradė en Lituanie. Faisant partie de la présence avancée — dans le cadre de l’opération de l’OTAN dans les pays baltes — son véhicule blindé de dépannage intervenait sur un accident quand il a heurté un arbre, indique la Bundeswehr. Le conducteur grièvement blessé à la tête par la chute de branches n’a pu être ramené à la vie malgré les premiers secours. Une enquête a été ouverte par les autorités lituaniennes et allemandes pour déterminer les causes de l’accident mortel.
(NGV)