(B2) Un nouveau appareil de transport de type A400M Atlas a été réceptionné à Séville (Espagne) mercredi (24 mars) par la direction générale de l’armement.
C’est le 18e de la série. Mais il s’agit pour la France du premier A400M doté d’emblée des deux nouvelles capacités certifiées en mai 2020 par la DGA et ses homologues des six autres pays partenaires du programme. La première est la possibilité de larguer jusqu’à 58 parachutistes par les deux portes latérales de l’avion en simultané. La seconde est la capacité de suivi de terrain à très basse altitude en mode automatique dans les conditions de vol à vue, « une première mondiale pour un avion de transport » affirme-t-on pas peu fier à la DGA.
L’appareil doit être livré à l’armée de l’Air et de l’Espace dans les prochains jours.
Cet article Le 18e A400M arrive, avec de toutes nouvelles capacités est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
Voic le lien vidéo (cliquez ici) d'une conférence que j'ai donnée à l'automne dernier sur la puissance de la France.
Texte du résumé ci-dessous grâce à Diploweb (https://www.diploweb.com/Video-O-Kempf-Quelle-puissance-relative-de-la-France.html) . Enfin, on peut aller plus loin en lisant mon ouvrage Géopolitique de la France (ici)
O. Kempf débute cette intervention en définissant la géopolitique comme une question de représentations. La première représentation est cartographique. La seconde est celle qu’un peuple se fait de lui-même et celle que les autres peuples se font de lui, ce peuple pouvant être incarné ou non dans un État. Selon lui, il existe trois angles majeurs à la puissance relative française.
La caractérisation de la puissance françaiseEn effet, la France est une grande puissance géographique, économique, militaire, politique et d’influence. A tort définie comme une puissance moyenne, elle n’est pas pour autant une « hyper » [1] puissance de nos jours.
Dans un premier temps, la France est une puissance géographique mais n’est pas une géographie. La France s’est construite malgré sa géographie. Elle a su tirer profit de sa géographie à partir d’un petit noyau, l’Ile-de-France, anciennement le Vexin. Ce noyau s’est progressivement étendu vers le sud. Il faut prendre en compte la grande verticale entre la Picardie et le Languedoc et rappeler également les nombreuses volontés historiques françaises de repousser les frontières. Ces dernières ne sont d’ailleurs pas forcément naturelles. La notion de frontière naturelle fut inventée durant la Révolution et fut réaffirmée suite à la mort du Roi, ce n’est pas un hasard. En effet, tout au long de l’Ancien régime, il était question de repousser l’Anglais à l’Ouest, l’Espagnol au Nord (les Pays-Bas espagnol) comme au Sud et d’agrandir le territoire à l’Est. La frontière originale était celle suivant le Rhône et la Saône, puis le territoire français s’est étendu d’environ 200 à 300 kilomètres à l’Est. La France est encore le plus grand pays d’Europe - si l’on écarte la Russie et l’Ukraine - de par sa taille et sa population projetée à 67 millions d’ici 2050. Elle est aussi un unique espace au carrefour du continent européen grâce à ces deux isthmes. Le premier est entre la Méditerranée et l’Atlantique et le second, rarement souligné, est entre la Méditerranée et la Mer du Nord. Enfin, la France est dotée de nombreux et divers écotypes. Une complexité naît de la double diversité des écotypes et du peuple français. Le fil rouge de l’histoire de la France est selon lui, le désir de construire un peuple commun comprenant ces diversités.
Dans un second temps, la France est une grande puissance économique, classée au 6 ou 7ème rang mondial, selon les critères mondiaux retenus. Pourtant, depuis cinquante ans, il nous est répété que la France est en déclin. Finalement, ce n’est pas tant le cas, selon O. Kempf, et ce malgré, l’émergence. Cette puissance est agricole, notamment en raison de son industrie agroalimentaire. Certes, celle-ci est devenue plus faible mais elle reste une grande richesse. Elle est également industrielle, elle compte de très beaux champions, à l’instar d’Airbus et Total. Ces derniers sont une force mais également une faiblesse car ce besoin de champions diminue l’intérêt accordé aux entreprises de taille moyenne. Cette puissance est enfin représentée par le secteur du luxe. LVMH, Kering et l’Oréal sont de grands groupes français mais sont également dans le top 10 mondial.
Dans un troisième temps, elle est une puissance militaire affirmée. La France est incontestablement la première armée de l’UE, une armée d’emploi, n’hésitant pas à aller en opération. Elle bluffe parfois les Américains, notamment lors de la réussite de l’opération Serval, qu’ils n’ont jamais comprise. Enfin, la France possède la bombe atomique et une industrie de défense imposante et respectée à l’échelle du monde. Ces atouts sont majeurs dans le critère de la puissance.
Dans un quatrième temps, la France se caractérise par sa puissance politique aux multiples noms, la « France terre d’asile », la « France des droits de l’Homme », la « France universaliste ». Elle est également l’un des cinq membres permanent du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations-Unies ; un des seuls pays à pouvoir encore dialoguer avec le Liban et partie intégrante du groupe de Minsk dans le cadre de la résolution du conflit en Ukraine. Au sein des institutions internationales, nul ne considère la France comme une puissance moyenne. O. Kempf insiste sur le fait que la France n’est pas la puissance dont le peuple rêverait mais elle reste une grande puissance.
Dans un dernier temps, l’influence française joue un rôle crucial dans le rayonnement de la puissance de l’Hexagone. Elle s’exprime au travers de quatre éléments. D’abord ses outre-mer, résultat de l’histoire française mais aussi de son influence dans le monde, relativement représentée au Proche-Orient même si celle-ci s’étiole mais largement établie au Maghreb et finalement en Afrique. Ensuite, sa langue qui est souvent brocardée, sera pourtant la langue la plus parlée au monde d’ici trente à cinquante ans en raison de la croissance démographique de l’Afrique. Puis il est question de son influence maritime, la France possède la deuxième zone économique exclusive (ZEE) au monde. Enfin, la culture française est un élément central qui participe à son image, son rayonnement, ses succès économiques et son attrait.
La thématique du déclin a au moins une vertu, celle d’aiguillon, qui incite la France à persister, résister, de réformer et s’adapter
Le déclin françaisPourquoi alors entendons-nous un discours aussi négatif au sujet d’un déclin français ? se questionne O. Kempf. Déjà en 1845, existait ce discours annonciateur de déclin et cela est en quelque sorte rassurant. Cette pensée pessimiste est le reflet de la représentation collective de ce que le peuple français se pense être, une puissance perdue. Pourtant, il semble bon de rappeler certaines figures françaises, telles que Saint Louis qui arbitrait tous les conflits en Europe, Louis XIV ou encore Napoléon même si cela fut bref. Plus récemment, lors du défilé de la victoire de 1919, la France est encore la super puissance qui régit le monde. Ce temps-là est abrogé car depuis est né un sentiment de régression, résultat des deux grandes catastrophes que sont les deux Guerres mondiales. Ce sentiment est particulièrement net à partir de 1940. Le traumatisme est extrêmement fort, il retentit dans toute la France et créé le sentiment que plus rien n’est comme avant. Ce même sentiment se renforce lors des guerres de décolonisation, la puissance garantie par son empire colonial dans les années 1930 n’est plus, ce projet géopolitique s’écroule. Elle subit alors deux grandes avanies, la première à Diên Biên Phu en 1954, annonciateur de la fin de ce projet géopolitique puis la seconde lors de l’expédition de Suez en 1956 où elle s’imagine pouvoir agir et est finalement remise à sa place par les deux nouvelles grandes puissances que sont les États-Unis et l’URSS.
Le général Charles De Gaulle a su, en se basant sur la Vème République redonner espoir aux français. Son discours de la puissance et du rang agit comme une grande thérapie de l’inconscient géopolitique français. Homme d’intuition, il a fait le pari européen, celui des années 1960. Il a parié sur l’Europe communautaire comme nouveau multiplicateur de puissance. Cependant l’Europe communautaire qui est construite ne ressemble pas à celle dont la France rêvait et ne possède pas l’influence voulue.
Enfin apparaît, à la fin de la Guerre froide, la mondialisation, qui a elle aussi bouleversée le modèle français. La peur de la domination de la langue anglaise, de la perte de la culture et de bien d’autres choses sont venus renforcer les doutes. Cette suite d’événements explique pourquoi le thème du déclin est si inlassablement repris. Toutefois, il est important de lui reconnaître une vertu, celle d’aiguillon, qui incite la France à persister, résister, de réformer et s’adapter afin de rester une grande puissance.
Comment exprimer ce rêve de puissance ? Quelle stratégie ?En septembre 2020, nous vivons un nouveau bouleversement, qu’Olivier Kempf interprète comme celui de l’après après-Guerre froide. L’élection américaine de novembre 2020 est inquiétante non pas à cause d’une possible réélection de Donald Trump mais parce qu’elle va rendre plus visible la division américaine qui est pleine de danger. Le Brexit traduit ’une profonde entaille à la construction européenne. La République populaire de Chine devenue la nouvelle super puissance est au centre de la stratégie américaine. Selon O. Kempf, nous vivons finalement la fin de l’Occident, entendu comme cette alliance euro-atlantique.
Ainsi la France a quatre axes d’intérêts dans lesquels rêver, orienter et définir sa puissance.
Le premier est l’axe de l’UE qui lui confère un confort stratégique et une opportunité. Le vrai sujet n’est pas le pari de l’Europe selon lui, mais la façon dont parier sur l’UE. Est-ce que les structures actuelles sont satisfaisantes ? Faut-il en réinventer de nouvelles ? Si oui, lesquelles ?
Le deuxième est l’axe maritime :puisque la France possède aujourd’hui des bordures terrestres stabilisées, elle a peut-être l’occasion désormais de parier sur la mer. Certes, elle l’a toujours fait mais ce n’était que sa seconde priorité. Différents atouts sont à mettre en lumière, ses façades maritimes en premier lieu, ses territoires d’outre-mer, ses ZEE, en second lieu et surtout en troisième lieu la maritimisation résultante de la mondialisation. Quelle est alors la stratégie maritime à adopter ?
Le troisième est l’axe méditerranéen et africain : la France s’illustre comme pivot européen vers la Méditerranée et l’Afrique. Ce continent connaît une explosion démographique et tend à atteindre la masse critique nécessaire pour faire le poids face aux autres masses critiques que sont les Amériques d’un côté et les Asies de l’autre. Que faire vers ce sud ? Que réinventer ?
Enfin l’axe Asie redevient un pôle de puissance. Reléguée pendant deux siècles, l’Asie est désormais à nouveau incontournable. L’Asie est l’autre extrémité du continent : comment faire articuler ces deux pôles, l’Asie à l’Est et l’Europe à l’Ouest ? quel rôle la France doit-elle tenir dans cette articulation ?
Copyright pour le résumé Mars 2020-Monti/Diploweb.com
Suspense puissant. Question urgente. Adrénaline en flèche. Le site du ministère de la culture est tout fébrile. Non, il ne s'agit pas de s'occuper des quelques questions qui agitent les travailleurs artistiques. Le ministère est visionnaire. Il anticipe, il invente. Il a lancé un concours épatant pour déterminer quelle ville sera la première Capitale (avec majuscule, sinon on risquerait de ne pas saisir l'importance de l'invention) française (précision essentielle) de la culture en 2022.
- Contrebande / Cinéma, Culture, France, Santé, Mouvement de contestation(B2) L’équipe de visite de ITS Borsini (P-491), le patrouilleur de haute mer de la marine italienne, est montée à bord du Grace A, un cargo battant pavillon du Cameroun, au large de la Libye, vendredi dernier (19.03). Objectif : contrôler que le navire n’était pas en infraction avec l’embargo international sur les armes à destination de Libye.
Le Grace A (crédit : EUNAVFOR Med Irini)« Rien de suspect n’a été trouvé à cette occasion. Et le navire a été autorisé à poursuivre sa route » précise Josep Borrell, le haut représentant de l’UE, dans un tweet. Le chef de la diplomatie européenne a pu assister quasiment en direct à l’inspection, ayant visité le QG de l’opération. C’est la neuvième inspection menée par l’opération IRINI depuis un an. NB : Le ‘Grace A’ est un vieux client des marines européennes. Il y a un an, des soupçons s’étaient fait jour sur la possibilité que le ‘Grace A‘ soit utilisé pour transporter du matériel militaire turc vers le gouvernement de Tripoli en Libye, en violation de l’embargo sur les armes imposé au pays.
(NGV, avec JSB st.)
Cet article Le Grace A inspecté par l’opération Irini est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) C’est l’un des dix Européens, dont cinq eurodéputés, mis sur la liste noire des autorités chinoises. En représailles aux sanctions décidées par l’Union européenne lundi (22.03) pour les violations des droits de l’homme dans la région du Xinjiang. Une surprise, mais pas tant…
Michael Gahler a été reçu hier (lundi) par le président du Parlement européen, David Sassoli, avec d’autres députés européens inscrits sur la liste noire de la Chine. (crédit : Parlement européen)Pourquoi pensez-vous êtes plus précisément ciblé ?
Outre mon engagement constant en faveur de la démocratie et des droits de l’homme et la dénonciation des déficits respectifs en Chine, ma position de président du groupe d’amitié avec Taïwan au Parlement européen aura probablement aussi joué un certain rôle.
Ces sanctions vous surprennent-elles ?
Je ne m’attendais pas à être la cible des représailles chinoises, mais je ne suis pas fondamentalement surpris par les sanctions elles-mêmes. Cependant, il y a pire que d’être interdit d’entrée dans le pays par un gouvernement qui maintient un million de personnes dans des camps de travail forcé, simplement parce qu’elles appartiennent à une certaine minorité ethnique. Je pense notamment aux gens qui sont retenus dans le pays et emprisonnés comme otages politiques, comme le citoyen suédois Gui Minhai ou les deux Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor.
Avez vous déjà été menacé de près ou de loin par les autorités chinoises au titre de vos activités de parlementaire ?
Je suis pratiquement sûr que les Chinois me surveillent, notamment dans le cadre de mes activités de défense de Taïwan. Mais je n’ai jamais été directement menacé.
Pourquoi pensez-vous qu’ils vous surveillent ?
Les méthodes de travail des services de surveillance chinois sont bien connues. Je suppose que ces méthodes seront également utilisées contre nous, Européens, chaque fois que les dirigeants chinois verront leurs intérêts menacés. Nos paroles franches et nos critiques justifiées à l’égard des violations des droits de l’Homme commises à l’encontre de leurs propres citoyens et de la menace militaire pesant sur les États voisins ne sont évidemment pas familières aux dirigeants de Pékin et ne sont pas les bienvenues – mais c’est précisément la raison pour laquelle nos paroles sont nécessaires.
Avez-vous le souvenir de sanctions ayant déjà visé des députés européens?
Je me souviens de deux cas où des députés européens ont été la cible de sanctions étrangères. Dans le premier cas, peu après le tournant du millénaire, le Zimbabwe a sanctionné plusieurs députés européens, dont moi-même, pour avoir critiqué les élections parlementaires et présidentielles dans ce pays. Le deuxième cas que je connais s’est produit en 2014, lorsque la Russie a imposé des sanctions aux députés européens en réponse aux sanctions de l’UE liées à l’annexion illégale de la Crimée.
Le Parlement européen se réunit demain (mercredi) et jeudi. Doit-il marquer le coup ? Et comment ?
Notre session plénière ne devrait pas être perturbée par la réaction excessive des dirigeants chinois. Le Président du Parlement a déjà condamné lundi les mesures chinoises comme étant injustifiées et inacceptables. Nous évoquerons la nouvelle situation en temps utile dans nos organes compétents, tels que la commission des affaires étrangères, la commission du commerce ou la délégation pour les relations avec la République populaire de Chine.
(Propos recueillis par Emmanuelle Stroesser)
Échange par courriel, en français, entre lundi et mardi 22 et 23 mars
Cet article Blacklisté par les Chinois, l’eurodéputé Michael Gahler témoigne est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Le ministre suédois de la Défense, Peter Hultqvist, était l’invité de B2 cette semaine pour un tour d’horizon de quelques sujets d’actualité. Quelles bonnes phrases…
Task Force Takuba : les Suédois pleinement opérationnels fin mars
Les 150 Suédois présents au Sahel (forces spéciales et hélicoptères) seront « pleinement opérationnels très bientôt, avant fin mars ». Il n’y a pas de mentoring (accompagnement des forces maliennes par les Suédois). C’était « une préférence du côté des Français de rechercher différentes compétences ».
Sahel : un engagement nécessaire
« J’espère que de plus en plus de pays participeront à l’opération. C’est nécessaire. Il y a un besoin de davantage de soutien de la part des autres en pratique. […] La lutte contre les terroristes internationaux est très importante. Il y a un grand risque que ces terroristes aillent en Europe ».
La Russie : la menace réelle
« La Russie n’est pas une menace, c’est la réalité. C’est 2008 et la Géorgie. C’est 2014 et l’annexion de la Crimée. C’est la guerre dans l’Est de l’Ukraine. C’est la situation déséquilibrée en Biélorussie. […] C’est la désinformation. […] Ce sont beaucoup d’exercices ou d’opérations dans notre voisinage. »
Rejoindre l’OTAN n’est pas une option
« Au gouvernement, nous défendons tous les alignements militaires. Nous ne sommes pas intéressés à changer la doctrine de sécurité suédoise. […] Il est plus sage d’avoir ces coopérations directes et de construire l’interopérabilité dans les réalités pratiques que de commencer un grand débat ».
Participation au Programme Tempest
« Nous avons un accord. Et nous travaillons sur la base de cet accord. Je n’ai pas plus de commentaires sur ce sujet ».
(Aur.P.)
Lire : La Russie n’est pas une menace, c’est une réalité ! Mais la Suède n’entend pas changer de doctrine et adhérer à l’OTAN (Peter Hultqvist)
Cet article La Suède et Takuba, la Russie, l’Otan par Peter Hultqvist est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Le Danemark s’engage dans les présences maritimes coordonnées dans l’Ouest de l’Afrique. Objectif : lutter contre les pirates locaux et protéger les navires , en particulier les porte-containers de Maersk Line, le géant maritime danois
L’Absalon engagé dans le groupe maritime permanent de l’OTAN (SNMG1) en 2020 (crédit : OTAN – Archives B2)Un navire de la marine danoise va être engagé dans le Golfe de Guinée, à partir de novembre 2021, pour une période de cinq mois jusqu’à mars 2022, a annoncé le gouvernement danois mardi (16 mars). A bord un hélicoptère SeaHawk et des forces spéciales de la force opérationnelle navale, à même d’aborder les navires de façon ‘amicale’ ou plus ‘robuste’. Le navire a mission de lutter contre la piraterie, d’apporter son soutien aux navires marchands ou de les « escorter », et au besoin d’aller à leur secours ou d’opérer des sauvetages. NB : le nom du navire n’est pas précisé, mais il pourrait s’agir de l’Absalon (L-16), engagé à plusieurs reprises dans la lutte contre la piraterie dans l’Océan indien dans le cadre des opérations de l’OTAN en 2008-2014 (lire : Une attaque déjouée en Mer rouge. La piraterie en mode « veille active » ?)
Ne pas se contenter de regarder
« La sécurité maritime remise en question. Les pirates sont à l’origine de plusieurs enlèvements graves dans la région. Cela menace la sécurité des équipages danois et étrangers. Dans une telle situation, nous pouvons et ne devons pas nous contenter de regarder » a déclaré le ministre de la Défense Trine Bramsen dans un communiqué parvenu à B2. « Nous devons défendre le droit à la libre navigation. Une présence militaire internationale est nécessaire. » Le Danemark veut aussi œuvrer pour que « davantage de pays assument une responsabilité », dans la région.
Dans le cadre des présences maritimes coordonnées
Le navire sera placé sous le commandement danois et restera dans les eaux internationales. Sa présence sera « coordonnée » avec les autres « alliés et partenaires » du Danemark dans la région, précise Copenhague. C’est l’application même du nouveau concept européen des présences maritimes coordonnées qui rassemble en particulier quatre pays (la France, l’Espagne, le Portugal et l’Italie). Cela s’accompagne d’une coopération avec les États côtiers pour les « aider les pays à prendre en charge eux-mêmes la sécurité » comme l’indique le le ministre des Affaires étrangères Jeppe Kofod. Il s’agit de combattre à la fois « les attaques de pirates et les causes de la piraterie ». .
Un intérêt vital pour le Danemark
La proposition doit encore obtenir l’aval du Folketing (le Parlement danois). Ce qui ne devrait pas susciter trop de problèmes. Le pays a une forte tradition maritime. C’est « la cinquième plus grande nation maritime du monde » se vante même le gouvernement. En moyenne, « jusqu’à 40 navires danois naviguent quotidiennement » dans le golfe de Guinée. Et cela représente une valeur marchandise de près de 10 milliards de couronnes danoises par an. « Notre responsabilité est engagée lorsque la sécurité de nos gens de mer et le droit à la libre navigation sont menacés. » précise Jeppe Kofod.
Le poids de Maersk
Avec Maersk Line, le Danemark dispose surtout de la première compagnie maritime et du plus grand armateur de porte-conteneurs du monde. Le simple chiffre d’affaires du groupe représente environ 13% du produit intérieur brut du pays. Un armateur qui a beaucoup œuvré pour cette présence militaire dans le Golfe. Les Danois militaient d’ailleurs pour davantage qu’une simple présence coordonnée, pour une opération de type de celle montée par les Européens et l’OTAN au large de la Somalie en 2008 (respectivement EUNAVFOR Atalanta et Ocean Shield).
Un engagement danois de longue date
Cela peut apparaitre avec un certain paradoxe pour un pays qui a un opt-out (une dérogation) à la politique de sécurité et de défense européenne. Une certaine continuité pour un pays qui est membre de l’initiative européenne d’intervention et a toujours répondu présent dès qu’il s’agissait d’assurer la liberté de navigation. Il s’est engagé ainsi dans la mission de surveillance maritime (EMASOH ou Agenor) initiée par la France pour assurer la surveillance du détroit d’Ormuz et du golfe arabo-persique (lire : Le Danemark se lance dans le détroit d’Ormuz aux côtés des Français). Un représentant spécial pour la sécurité maritime, l’ambassadeur Jens-Otto Horslund, a d’ailleurs été nommé en janvier.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : La surveillance maritime devient un vecteur de la défense européenne
Cet article Une frégate danoise dans le Golfe de Guinée à l’automne est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Le groupe aéronaval français a participé à l’opération européenne de lutte anti-piraterie
Le Charles de Gaulle au fond (crédit : DICOD)Après avoir navigué en mer Rouge, la Task Force 473 composée du porte-avions Charles de Gaulle (R-91), de la frégate de défense aérienne (FDA) Chevalier Paul (D-621), de la frégate multi missions (FREMM) Provence (D-652), de la frégate belge Léopold 1er, (F-930), du bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Var (A-608) et d’un sous-marin nucléaire d’attaque a franchi le détroit de Bab el Mandeb mercredi (10.03). Il a été rejoint par le destroyer américain USS Laboon. Le groupe a alors rejoint Djibouti pour quelques heures au mouillage.
Le GAN en soutien d’Atalanta
Tandis que les aéronefs du Groupe aérien embarqué (GAé) menaient une campagne de tirs sur « les champs de tirs djiboutiens de Koron » — annonce l’état-major des armées, les bâtiments ont ensuite « patrouillé durant quatre jours dans le golfe d’Aden », en soutien à l’opération l’opération de l’Union européenne (EUNAVFOR ATALANTA) chargée de la lutte contre la piraterie et les trafics en tout genre. Avec deux objectifs : d’une part, le « partage d’informations sur zone » et, d’autre part, densifier la présence sur place pour « garantir la sûreté de cette zone maritime stratégique » comme l’indique l’état-major des armées.
(NGV)
Cet article Le Charles-de-Gaulle et le groupe aéronaval dans le Golfe d’Aden, aux côtés des ‘Atalanta’ est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) La force aérienne belge a repris progressivement les vols de F-16 cette semaine. Alors qu’elle était restée clouée au sol durant une semaine, suite à un défaut technique. L’aviation néerlandaise avait repris temporairement la tâche de protection de l’espace aérien du Benelux. (JSB, st.)
Cet article Les F-16 belges reprennent du service est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
Le principe d'égalité entre femmes et hommes fait quasiment l'unanimité dans les pays démocratiques occidentaux. Il faut toutefois qu'elle ne soit pas tout à fait réalisée pour susciter des polémiques. Comme on a souvent évoqué le « vieil homme » qui freinerait les révolutions, le principe se heurte au passé inscrit dans les mœurs, les techniques ou les mots. Ce n'est donc pas un hasard si l'un des outils de cette égalisation est au centre des polémiques. L'écriture inclusive se propose en effet de rompre avec (...)
- Régime d'opinion / Femmes, France, Idées, Langue, Mutation, Politique« Hello, rédaction et rédaction en chef. Nous aimerions votre avis sur le genre de “Covid-19”. » La réponse est unanime : victoire 6 à 0 pour LE Covid ! Au « Diplo », nous ne sommes jamais revenus sur cette décision. Une force obscure et certainement diabolique nous pousse à persévérer dans les choix initiaux, seraient-ils minoritaires. En l'occurrence, nous étions en phase avec la société : il y a un an, tout le monde disait LE Covid. Pourquoi ?
- L'ornithorynque / Langue, Santé, Médecine, Mutation, Histoire, France, États-Unis(B2) L’opération européenne de contrôle de l’embargo sur les armes et le pétrole de la Libye arrive à sa première année d’exercice. L’occasion de faire un bilan, puisé aux meilleures sources
Abordage du BF Esperanza (crédit. EUNAVFOR Med Irini)L’opération européenne Irini a été déployée pour succéder à l’opération soeur Sophia avec un objectif principal : le contrôle de l’embargo sur les armes et le pétrole, imposé par le conseil de sécurité des Nations unies. On peut préciser que l’Union européenne est la seule force présente aujourd’hui en Méditerranée à assurer ce contrôle.
Quel est le bilan de l’opération déployée en Méditerranée centrale depuis un an ?
EUNAVFOR Med Irini a effectué 2340 interrogations de navires (hailings), 94 approches amicales (friendly approach), 8 abordages (boarding) . L’opération a émis aussi 14 recommandations d’inspection (un procédé moins connu). Certaines ont transité via Europol jusqu’aux autorités portuaires européennes avec contrôle par les polices locales. 8 inspections ont été conduites directement par l’opération. Du côté aérien, 194 avions suspects ont été repérés, et 25 aéroports ou zones d’atterrissage examinées. Sans oublier les 16 ports surveillés. Pour parfaire le tout et sourcer les informations, 563 sets d’images satellites ont été analysés par le centre satellitaire de l’UE (SatCen).
La liste des navires inspectésOù partent les informations recueillies ?
22 rapports confidentiels ont été envoyés au groupe d’experts ‘sanctions’ des Nations unies. Des rapports étayés et sourcés établissant des violations de l’embargo de façon plutôt assez équilibrée : 9 rapports concernent des violations au profit de l’Ouest libyen (Gouvernement d’entente nationale de Tripoli), 12 au profit de l’Est libyen (camp Haftar), une concerne des violations commises des deux côtés.
Comment l’opération choisit les bateaux qu’elle interroge, inspecte ou aborde ?
Nous avons interrogé un responsable européen. Voici sa réponse. « Si nous n’avons pas de preuve évidente, pas de renseignement sur un navire, nous faisons normalement une interrogation (hailing). Nous pouvons aussi décider (ensuite ou directement] de visiter un navire, soit parce que nous n’avons pas d’information ou pas vraiment beaucoup d’information. L’équipe monte à bord, à l’invitation du capitaine, échange avec le capitaine (ou l’équipage). C’est très utile pour comprendre quel type de marchandise il transporte, où il va. Mais pas seulement. Cela permet surtout d’avoir certains renseignements sur ce qui passe en mer, sur le port de départ, celui d’escale, etc. Enfin, si nous avons des indices raisonnables qu’il y a implication dans un trafic ou le transport de matériels illicites, de façon assez consistante, alors nous abordons le navire pour mener une inspection. Jusqu’à présent nous n’avons jamais trouvé de matériel. » Sauf une fois, quand un navire a été stoppé et arrêté.
Quel est le sort du navire dérouté ?
C’était en septembre dernier, le navire Royal Diamond 7 a été pris sur le fait pour détention de matériel prohibé (du fuel pour avion) et dérouté sur la Grèce. Il y est resté un mois. La cargaison a été vidée et saisie. Et un procès est instruit contre l’armateur.
L’opération dispose-t-elle de suffisamment de moyens sur place ?
Un chef d’opération « ne dira jamais qu’il a assez de moyens ». Mais pour l’instant, Irini a « suffisamment » de moyens à la fois navals et aériens pour effectuer le coeur de ses missions : le contrôle de l’embargo sur les armes et sur le trafic de pétrole. Ce qui contraste singulièrement avec les débuts, où il n’était pas rare d’avoir un seul navire sur zone.
Quatre navires sont présents : le HS Aegean (Grec, qui est le navire amiral), le patrouilleur de haute mer italien ITS Borsini (P-491), le patrouilleur français Premier maitre L’Her et le navire de soutien allemand FGS Berlin.
En l’air, l’opération dispose de six appareils qui ont tous des petits noms : des drones italiens (alias Strega/Bolt), des avions, le ‘Pirate’ (Pologne), les Seagull (Luxembourg), le Joker (Allemagne), le Xenon (France), et le Digenis.
Quelle est la zone d’opération ?
Les moyens européens restent en dehors de la zone des 12 miles marins libyens, en haute mer. Le gouvernement libyen n’a pas autorisé aux navires européens le droit de contrôler ses ports et ses eaux territoriales. La zone d’opération (Area Of Operations) est divisée ainsi en trois sous-zones correspondant à des logiques différentes : la sous-zone Sud-Ouest (SAW), qui couvre globalement les eaux face aux territoires +/- tenus par le GNA, entre la frontière tunisienne et Syrte et remonte au Nord largement au-dessous de la Sicile ; une sous-zone est définie au Nord (SAN) entre Tunisie et Sicile (où naviguent plutôt les navires avec des migrants, et qui n’est couverte qu’au niveau aérien ; et une sous-zone Sud-Est (SAE), qui couvre les eaux face aux territoires +/- tenus par les forces de Haftar, entre Syrte et la frontière égyptienne, et remonte au Nord-Est non loin de la Crète.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article Un an d’opération pour Irini. Et un bilan dont les Européens n’ont pas à rougir est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) 450 militaires français ont été mobilisés samedi (13.03) dans « un exercice inédit de contre terrorisme en Méditerranée, au large de la Crète », a révélé la ministre française des Armées, Florence Parly, lors d’une audition au Sénat, mercredi (17.03). Le scénario : une prise d’otages sur un navire marchand. « Toute la palette » des moyens (terrestre, naval, aérien) a été mobilisée. Cet exercice « porte un message » souligne la ministre : « la Méditerranée ne sera jamais un espace de non droit ».
(Emm.S)
Cet article Un exercice anti-terroriste au large de la Crète est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Pjetёr Shala vient d’être arrêté mardi (16 mars). Il est soupçonné de crimes de guerre durant la guerre du Kosovo. Un mandat d’arrêt et un acte d’accusation ont été dressés par un juge d’instruction des Chambres spécialisées du Kosovo (KSC). Pjetёr Shala sera détenu en Belgique, « dans l’attente d’un éventuel transfert vers le centre de détention des KSC à La Haye », ont annoncé les Chambres. Pour l’instant, pas d’information supplémentaire. « De plus amples informations seront fournies en temps utile, y compris des informations sur la publication de l’acte d’accusation confirmé, avec des expurgations si nécessaire », précisent les Chambres.
(Aur.P)
Cet article Belgique. Un suspect pour crimes de guerre au Kosovo arrêté est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
Cours universitaires sur Zoom, visio-conférences de travail, rendez-vous bancaires ou administratifs en vidéo et autres « apéros virtuels » entre amis : confinements et couvre-feu ont fait, depuis près d'un an, boire à chacun le calice de la vie numérique jusqu'à la lie. Si, pour les séries, films et jeux vidéos, la claustration imposée n'a fait qu'amplifier un état de fait, celle-ci a en revanche touché tout autrement le monde de l'art contemporain.
- ContrebandeNous sommes au cœur de Tomioka, une petite commune jouxtant la centrale nucléaire de Fukushima, forte de quinze mille personnes avant la tragédie du 11 mars 2011. Le territoire, fermé il y a encore six mois, a été rouvert en totalité. Et, à l'ordre d'évacuation de 2011 répond, dix ans plus tard, une nouvelle injonction : « Revenir à la maison ». Avec peut-être en écho dans la tête des cent soixante mille personnes de la région qui avaient été évacuées : « Ne surtout pas perdre la raison ».
- Planète Asie / Energie nucléaire, Japon, Nucléaire civil, Fukushima(B2, à Varces) Entre un prochain départ au Mali dans la force Barkhane, les exercices programmés avec les Italiens l’an prochain, et la préparation au Grand Nord, l’agenda des chasseurs alpins donne l’impression du grand écart. Pas du tout, nous explique le général commandant la 27e brigade d’infanterie de montagne. Nous sommes la capacité des milieux a-naturels
Le général Hervé de Courrères dans la caserne de Varces près de Grenoble © NGV / B2À partir du mois de mai, une partie de la 27e BIM sera engagée au Mali, dans le cadre de la force Barkhane. Cela semble paradoxal de voir des montagnards dans le désert. En quoi des spécialistes du grand froid sont-ils bien adaptés au grand chaud ?
— Travailler dans des milieux naturels exigeants fait que les gens développent une rusticité, une capacité à endurer la souffrance et à développer l’effort qui leur servira. Et ce dans quelque circonstance que ce soit, au-delà des considérations climatiques. Un soldat qui sait combattre dans le froid sait combattre dans le chaud. On prend les meilleurs recrues dans leurs capacités psychologiques et physiologiques. Par ailleurs, le combat nécessite une cohésion d’ensemble, derrière un chef. Mais il faut aussi des personnes qui vont savoir faire montre d’initiative et de réactivité en toutes circonstances. Là aussi, le fait d’être dans un milieu naturel de montagne ou de grand froid développe ces aptitudes collectives — pour réagir à des incidents, savoir innover dans des modes d’action — qui donnent une approche toute particulière aux troupes de montagne quand elles se déplacent sur d’autres terrains.
Et, en Afrique, il n’y a pas que du désert…
— Oui, il y a aussi des zones de montagnes ! Un des intérêts du combat en montagne est de gérer la verticalité, c’est-à-dire de voir le monde en 3D. Quand vous gérez la verticalité, vous gérez un peu plus de complexité. Vous intégrez le fait que tout ce qui se situe au-dessus de vous peut vous aider dans une manœuvre : ce peut être un élément naturel comme un sommet de montagne ou de colline, ce peut être un drone, un ballon ou le sommet d’une maison ou d’un immeuble. Vous gérez aussi un espace de combat très différent de l’habitude. C’est très utile notamment quand on s’engage dans les zones urbaines. Nos soldats ont tout de suite le regard porté vers le haut. C’est l’aphorisme du montagnard : « qui tient les hauts tient les bas ». Ils ont tout de suite cette logique d’aller quérir du renseignement par les sommets plutôt que d’essayer de le gérer dans un monde complètement plat.
Cet engagement ne sera pas de tout repos. Il est risqué. Vous le redoutez ?
— Le risque est notable. C’est certain. Et je prépare mes soldats à y être confrontés. Nous évoluons sur un théâtre complexe. Quel est l’ami, l’ennemi, le partenaire ? C’est toujours assez difficile à déterminer. En tant que militaires, ce que nous devons faire, avant tout, est définir l’ennemi. Je ne vous ferai pas un cours là-dessus. Ce qui est sûr, c’est que nos soldats sont coutumiers à gérer de l’incertitude.
… gérer l’incertitude ?
— Oui. Dès qu’ils se déplacent quelque part dans leur milieu, milieu montagneux, ils sont en permanence aux aguets de ce qui peut se passer, avalanche de pierres, avalanche de neige, survenue d’un orage. Leur mode de raisonnement opérationnel les amène à analyser leurs opérations toujours avec des cas non conformes à l’ordinaire, pour pouvoir se dire : comment vais-je réagir si les choses n’arrivent pas comme elles pourraient raisonnablement se produire ? Cette capacité à être toujours dans une logique très ouverte en terme de spectre d’occurrence leur donne une grande force pour gérer un ennemi aussi insaisissable que l’ennemi terroriste qu’ils combattent dans les sables du désert.
Ce n’est pas la première fois que les montagnards partent dans Barkhane, quel est le changement aujourd’hui ?
— Ce qui change par rapport aux derniers engagements de la Brigade en bande sahélo-saharienne (BSS), c’est l’arrivée de partenaires africains du G5 Sahel qui montent de plus en plus en puissance et avec lesquels nous allons travailler beaucoup plus que par le passé. Conformément aux engagements au sommet de N’Djamena. Nos soldats se préparent à accompagner les forces amies pour évaluer leur capacité et combattre avec eux. Ce n’est pas l’armée française qui est en tête en permanence. Ce partenariat militaire opérationnel (ou PMO) est vraiment l’évolution majeure du théâtre sahélien, au-delà de l’arrivée des Européens dans la task force Takuba.
Justement avec ces Européens de Takuba, aurez-vous une interaction spécifique ?
— Notre préparation spécifique n’a pas lieu avec les partenaires européens. Car ils vont faire partie de la task force Takuba avec des forces spéciales et avec lesquelles les liens ne seront pas si fréquents que cela, car leurs modes d’action ou leurs zones de déploiement ne seront pas nécessairement celles de Barkhane.
La coopération avec les Européens
Sur ce sujet, dans les années 2010, on parlait de créer une brigade franco-alpine de montagne. Où en est-on ?
— En effet, un accord technique de 2011 avait décidé la création d’un état-major non permanent binational devant s’entraîner à des opérations sous l’égide de l’ONU, de l’OTAN ou de l’UE. Cet état-major a été constitué. C’est un petit état-major, qui a vocation à être porté tantôt par l’Italie avec un renfort de la France, tantôt par la France avec un renfort italien. Il est aujourd’hui engagé au Liban dans la FINUL, avec deux officiers français intégrés dans l’état-major italien. Au-delà des discussions avec les chefs et d’état-major, ce que nous développons surtout avec les Italiens, ce sont des réalisations concrètes sur le terrain, d’unités aux niveaux élémentaires (compagnies, escadrons) qui s’entraînent ensemble, qui jaugent de leurs capacités opérationnelles et s’apprécient ensuite pour ce qu’elles peuvent apporter les unes aux autres. Nous avons ainsi des binômes entre les bataillons de chasseurs alpins qui partent en entrainement avec les compagnies d’infanterie des Alpini, ou entre le 4e régiment de chasseurs (de Gap) et le 1er régiment Nizza Cavalleria. Idem avec les commandos.
… comme sur votre exercice Cerces, en novembre je crois ?
— Au moment où la neige commence à tomber sur la montagne, chaque année, nous invitons en effet nos homologues italiens, pour notre grand exercice. En 2020, le Covid-19 a empêché leur venue. L’invitation a été reformulée pour novembre 2021. Et l’intention est que les Italiens ne soient pas seulement là comme observateurs, mais comme contributeurs à l’exercice, avec leurs chars Centauro. Ils sont très intéressés. Car il n’y a pas d’exercice similaire de l’autre côté des Alpes, et ils n’ont notamment pas ‘le grand champ de tir’ des Alpes, situé entre la Maurienne et le Briançonnais, où on peut faire des exercices de tirs de chars ou d’artillerie.
Peut-on aller plus loin et envisager un déploiement commun ?
— On pourrait envisager de tels développements si les deux parties avaient des intérêts convergents sur une zone qu’elles estimeraient importante. Nous avons avec notre partenaire italien un niveau qui nous permettrait d’envisager ce déploiement sans souci. Leur standard de préparation opérationnelle et la valeur de leurs unités sont tout à fait dans les standards français. Il n’y a aucun blocage. Après notre engagement (dans Barkhane), nous allons essayer d’organiser, en 2022 des exercices d’état major pour concevoir et raisonner des exercices tactiques, interarmées, avec la résolution des problèmes logistiques, de communications, de soutien pour pouvoir s’engager avec des moyens importants du niveau d’une brigade, sur une zone de montagne.
L’Italie est votre seul partenaire ?
— Les Italiens restent ‘un’ sinon ‘le’ partenaire prioritaire de la Brigade de montage dans notre coopération européenne, de par la proximité géographique, et parce que leurs unités d’élite sont alpines. Mais les Allemands aussi sont un partenaire. Ils sont très intéressés pour venir travailler avec nous, sur l’arc alpin, dans un autre registre.
… Quel autre registre pour les Allemands ?
— Ils ont en effet un type de force assez différent. Autant les Italiens ont une force assez légère de type parachutiste, autant les Allemands ont une force plutôt mécanisée, avec une capacité plus robuste mais moins légère. Pour nous, c’est intéressant d’avoir ces deux modèles d’armées pour s’engager sur un milieu identique, avec des capacités différentes. La Brigade est entre les deux, médiane d’infanterie légère mais avec des capacités structurantes de chars et de canons qui lui donnent un caractère médian.
Le conflit de haute intensité pourrait gagner la montagne ?
— Regardez ce qui s’est passé au Nagorny Karabagh, entre Arméniens et Azerbaidjanais, ou ce qui se passe entre les Chinois et les Indiens à 3000 mètres d’altitude. Les zones montagneuses sont traditionnellement des zones frontalières ou des zones sanctuaires, pour des gens qui fomenteraient des mauvais coups, comme on a eu dans les Adrar des Ifoghas (au Mali), à l’époque de Serval. C’est du conflit de haute intensité. Je me dois donc de développer un modèle capacitaire crédible.
Un modèle capacitaire crédible, qu’est-ce que cela signifie ?
— C’est de la doctrine, de l’organisation, des ressources humaines, de l’équipement et de l’entrainement… Avec un objectif : être capable d’affronter un ennemi d’une capacité équivalente à la mienne. Quand le chef d’état-major de l’armée de terre dit que l’armée française doit être capable d’affronter un ennemi de haute intensité à l’échéance 2030, je le prends pour moi, comme tout commandant de brigade, dans mon secteur particulier qu’est la montagne, chaude ou froide, et le grand froid. Des terrains spécifiques où je suis le seul à pouvoir m’engager.
Ce grand froid…
C’est une notion récente pour l’armée française et la 27e BIM ?
— Le grand froid, on n’en parlait pas il y a dix ans. Le contexte, le réchauffement climatique et de nouveaux conflits ont changé la donne. On analyse avec précision les capacités potentielles de nos ennemis potentiels dans le Grand Nord. D’une part, car nous appartenons à des alliances militaires au sein desquelles nos partenaires ont des préoccupations. [Des préoccupations] sur d’éventuels conflits qui pourraient se dérouler dans ces espaces, pour des logiques souvent de prédation de sous-sol, face à des acteurs majeurs. D’autre part, c’est aussi pour nous la capacité de développer les bords du spectre de l’hypothèse capacitaire.
Vous parlez d’un milieu extrême, cela signifie quoi en pratique ?
— Quand on est dans le Grand froid, le premier ennemi n’est pas l’adversaire, c’est d’abord le milieu naturel. Avant même d’avoir rencontré le moindre ennemi, on pourrait avoir une force complètement éradiquée par une mauvaise protection, par une logistique qui ne suit pas, etc. Je me dois donc de développer des aptitudes dans des milieux a-naturels pour l’homme, avec des températures extrêmes, de grands espaces, très désertiques.
Un terrain qu’il faut appréhender ?
— Autant nous avons un savoir-faire aiguisé en montagne, une armée d’emploi, qui combat. Autant, dans le grand froid, il ne faut pas se mentir, nous entrons dans un terrain nouveau.
Comment se passe cette acculturation ?
— La Brigade participe systématiquement à l’exercice de l’OTAN, ‘Cold response‘ (en Norvège). Nous avons un partenariat spécifique avec les Danois : le GMHM et les commandos montagne font traditionnellement une mission au Groenland. Et nous faisons régulièrement des stages ou échanges avec les Suédois ou Finlandais. Cela nous oblige à nous tourner davantage vers les pays du Nord, vers lesquels nous sommes naturellement moins présents. Je veux favoriser ces échanges… C’est très important pour nous d’arriver à positionner la Brigade sur la crédibilité à s’engager dans le cadre d’une coalition qui irait combattre dans ces espaces de grand froid.
(Propos recueillis par Nicolas Gros-Verheyde)
Entretien réalisé en face-à-face individuel, dans les locaux de 27e Brigade de montagne le 11 mars, en marge d’une journée organisée par le SIRPA Terre
Cet article Du grand chaud au grand froid, les troupes de montagne se préparent au combat de haute intensité (Hervé de Courrèges) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2, à Varces) La 27e Brigade d’infanterie de montagne expérimente le mulet comme moyen de transport logistique tout terrain. Le retour à une vieille pratique
La Brigade de montagne réintroduit le mulet. Un hélicoptère Tigre (en arrière de plan) (© NGV / B2)Les ‘Alpins’ ne tarissent pas d’éloges sur leurs mulets. Un animal endurant, aimant, parfois adapté aux terrains de montagne. Il peut porter facilement ses 80 kg de charge (auxquels il faut ajouter les 40 kg du bât) durant plusieurs heures, sur les terrains les plus pentus. Équipé de pointes en carbone sur les sabots pour ne pas riper sur les plaques de glace, il passe partout, ou presque. Et il peut parcourir 5-6 heures de marche sur 800-1000 mètres de dénivelé durant plusieurs jours. Par rapport à son successeur, l’hélicoptère, il est plus discret et peut évoluer par tous temps.
Être têtu a quelques avantages en montagne
Croisement d’une jument et de l’âne, le mulet pourrait avoir un inconvénient : il est un peu têtu, pour ne pas dire difficile de caractère. Un peu comme son ascendant. Mais, en montagne, c’est un avantage. Face à un bruit soudain (artillerie), ou une attaque (d’un rapace par exemple), le cheval va avoir tendance à fuir. Ce qui, en montagne, présente un risque pour l’animal. Le mulet au contraire va se figer. Un réflexe salvateur. Autre avantage par rapport au cheval, il marche les pieds l’un derrière l’autre, et non en parallèle, ce qui sur les chemins étroits de montagne est très utile.
Retirés du service puis réintroduits
Les mulets, après avoir rendu de bons et loyaux services à l’armée française, notamment dans les campagnes d’Afrique du Nord, durant la première ou la seconde guerre mondiale (1), ont été retirés du service après 1975. Idem dans les troupes alpines italiennes en 2002. Mais outre-Rhin, la brigade allemande d’infanterie de montagne a toujours une cinquantaine de mules, utilisées en Afghanistan ou au Kosovo, pour assurer le transport dans des lieux moins accessibles. Pour les Français, cette réintroduction, très récente, au sein du 7e bataillon de chasseurs alpins (7e BCA), a valeur de test.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article La dernière trouvaille ‘high tech’ des chasseurs alpins est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.