(B2) Seize ans après l’opération Artémis, le Brésil fait son retour parmi les partenaires de l’Union européenne en rejoignant la mission de formation de l’UE en Centrafrique, EUTM RCA
(crédit: EUTM RCA)
Trois militaires brésiliens ont rejoint début janvier la mission européenne dont le QG est établi à Bangui. Le Brésil devient ainsi le 12ème pays participant et le 4ème pays tiers (après la Géorgie, la Serbie et la Bosnie) à participer à la mission de formation de l’Union Européenne en République Centrafricaine. Présent dans la région au sein des forces onusiennes depuis plusieurs années (MINUSCA, MONUSCO, UNAMID, UNMISS), c’est dans la mission des Nations Unies au Soudan du Sud qu’est actuellement déployé le principal des forces brésiliennes.
(MHA)
(B2) La mission de l’Union européenne de soutien à la police dans les territoire palestiniens (EUPOL COPPS) recrute 4 personnels détachés ou contractuels, principalement dans des fonctions de finances et logistique (financial verification officer, finance officer, transports and logistics officer, communication and information systems assistant). Date limite : 29 janvier 17h00 (Bruxelles). Tous renseignements ici.
La mission recrute également un expert invité détaché. Les candidatures sont acceptées jusqu’au 8 février 17h00 (Bruxelles). Tous renseignements ici.
PS : pour parfaire vos connaissances sur la politique européenne, le manuel sur la politique européenne de sécurité et de défense est le complément indispensable à votre préparation
Le dernier numéro du Magazine de géopolitique, Conflits, est consacré au Maghreb (n° 20, janvier-mars, disponible en kiosque (ou sur le site ici) pour 9,9 €).. J'ai l'honneur d'y signer un article qui fait le point des différentes institutions maghrébines ou incorporant des États maghrébins. A lire ci-dessous.
Comme beaucoup de régions, le Maghreb est traversé d’institutions internationales : comme souvent désormais, elles sont bien souvent peu pertinentes.
La première est évidement l’Union du Maghreb Arabe (UMA), créée en 1989 et réunissant les cinq Etats du Maghreb. Toutefois, elle n’a suscité aucune avancée concrète et elle reste bloquée à cause du conflit du Sahara Occidental et donc de la dispute entre l’Algérie et le Maroc. Il s’agit finalement de l’organisation sous-régionale africaine qui est la plus bloquée, alors que les cinq pays ont déjà une civilisation en commun et qu’une intégration économique régionale permettrait un développement important de la zone. Il faut citer l’ONU, présente dans la zone au travers de la MINURSO au Sahara occidental mais aussi de son rôle en Libye.
Institutions arabo-musulmanes
Les pays du Maghreb partagent énormément de fondements culturels et civilisationnels. Pourtant, aucune des institutions du monde arabo-musulman ne leur a donné réellement satisfaction pour développer leurs échanges.
Les cinq pays maghrébins sont membres de la Ligue arabe, qui a été créée en 1945. La Libye rejoint l’organisation en 1953, la Tunisie et le Maroc dès 1958 à la fin du protectorat, l’Algérie en 1962 dès son indépendance, la Mauritanie enfin en 1973. Il ne faut pas méconnaître cependant le sentiment de supériorité des pays du Machrek envers ceux du Maghreb, même si le siège de la Ligue a été installé à Tunis de 1979 à 1990. Si le panarabisme a eu un rôle politique important au cours de la Guerre froide, il est aujourd’hui en panne, les pays arabes peinant à trouver des convergences politiques.
Aussi quelques pays signent en 2001 l’accord d’Agadir (Égypte, Jordanie, Maroc et Tunisie, rejoints par Liban et Palestine en 2016) qui crée une zone de libre-échange arabe. Il entre en vigueur en 2007 et est soutenu par l’UE. Cependant, des difficultés demeurent et il peine à croître. Il s’agit d’une version réduite du Conseil de l’unité économique arabe, créée en 1957 dans le cadre de la Ligue arabe et qui n’a pas donné de résultats. L’organisation de la coopération islamique (OCI) a été créée en 1969 à l’instigation de l’Arabie Saoudite. Les 5 pays maghrébins en sont membres fondateurs. Toutefois, cette organisation religieuse mais aussi politique et culturelle n’est pas un grand cadre de coopération intra-maghrébine
Institutions méditerranéo-européennes
Les pays du Maghreb se sont d’abord tournés vers le nord de la Méditerranée et notamment les pays européens. Les anciennes puissances coloniales de la zone (Espagne, France, Italie) conservent en effet de profonds intérêts. Mais au-delà des nombreux accords bilatéraux, les initiatives institutionnelles donnent peu satisfaction.
Le partenariat Euromed, ou processus de Barcelone, a été créé en 1995 et inclut un certain nombre de pays méditerranéens, dont Algérie, Maroc et Tunisie, ainsi que la Mauritanie depuis 2007 (la Libye a un statut d’observateur). Il constitue le volet méditerranéen de la politique européenne de voisinage (PEV). L’UE distribue ainsi quelques aides financières aux pays bénéficiant d’un statut avancé (Maroc et Tunisie). Le processus de Barcelone a été « renforcé » à partir de 2008 avec la création de l’Union pour la Méditerranée, réunissant tous les pays de l’UE et les pays riverains (la Libye est observateur). Un certain nombre de programmes sont labellisés (transport, énergie, économie bleue, etc…) mais il est à la fois très institutionnel et peu centré sur les problématiques particulières du Maghreb.
Pour justement se concentrer sur la Méditerranée occidentale, les cinq pays de l’UMA ainsi que les cinq riverains du nord (Espagne, France, Italie, Malte, Portugal) créent en 1990 le dialogue 5+5. Les conversations régulières portent sur des sujets sectoriels (intérieur, transports, défense, migrations, finance, enseignement…). Là encore, il s’agit de rencontres formelles avec peu d’effets concrets.
Le dialogue méditerranéen est le partenariat de l’Alliance atlantique dédié « au sud » : y participent l’Algérie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie (ainsi que d’autres pays du pourtour : Égypte, Israël, Jordanie). Créé en 1995 (l’Algérie ne l’a rejoint qu’en 2000), il n’a pas instauré une dynamique collective et les quelques actions sont principalement bilatérales (OTAN + 1).
Institutions africaines
C’est pourquoi on observe une sorte de mouvement vers l’Afrique. Les cinq sont membres de l’Union Africaine, maintenant que le Maroc à rejoint l’organisation en 2017, après l’avoir quittée en 1984. Le plus intéressant demeure pourtant la question des organisations sous-régionales. Ainsi de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) créée en 1975 (PIB de 817 G$, population de 360 Mh). Avec son retour dans l’UA, le Maroc a demandé dès 2017 l’adhésion à la CEDEAO. Celle-ci a donné son accord de principe mais les modalités de détail traînent. La Mauritanie qui en était membre a quitté l’organisation en 2000 mais a signé un accord d’association en 2017. On observe que la constitution d’un grand bloc commercial à l’ouest de l’Afrique constituerait un puissant facteur de développement, une fois la question de la monnaie résolue.
Le Marché commun de l'Afrique orientale et australe aussi connu sous son acronyme anglais COMESA, a été fondé en 1994 et inclut depuis 2005 la Libye et 2018 la Tunisie (des négociations sont en cours avec l’Algérie). Il s’agit d’un marché commun (677 G$ et 475 Mh). Pour mémoire, citons la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD) a été créée en 1998. Elle comprend 29 États dont les pays maghrébins sauf l’Algérie. Elle a pour ambition d’établir une union économique globale mais aussi de développer les réseaux de transport. On voit ainsi se constituer des blocs sud-sud. Alors que l’histoire et la géographie militent pour une intégration latérale entre les cinq pays du Maghreb, le blocage de l’UMA et une certaine négligence européenne incitent les États maghrébins à développer des stratégies autonomes, principalement en direction du sud, avec un satellite occidental (Maroc et Mauritanie vers la CEDEAO) et un autre oriental (Libye et Tunisie vers la COMESA). Les stratégies sont d’abord économiques mais aussi sécuritaires (notamment le sujet de la coopération sur la question des migrations : on rappelle ici que la Mauritanie appartient au G5 Sahel). L’Algérie reste un peu isolée dans ce mouvement général.
Olivier Kempf dirige la lettre stratégique La Vigie (www.lettrevigie.com). Il a publié « Au cœur de l’islam politique » (UPPR, 2017).
(B2) Les institutions européennes, et en particulier la Commission européenne, soutiennent largement l’accord de Prespa, « important pour la région et pour l’Europe » a encore rappelé le porte-parole de l’exécutif européen ce jeudi (24 janvier) midi. Ce « à l’unanimité ». Cela n’a pas empêché le commissaire européen Dimitris Avramopoulos de s’exprimer contre cet accord : « L’accord de Prespa n’est pas équilibré et c’est donc problématique » a-t-il lâché de retour sur le sol national (1).
(crédit : Commission européenne)
Le surf sur une vague nationaliste
Chargé du portfolio des Migrations, de la Citoyenneté et des Affaires intérieures, cet ancien ministre de la Défense avait effectué un parcours actif jusqu’à présent, sans faute, selon moi. Mais il appartient à un parti : Nouvelle démocratie (Néa Dimokratía), totalement opposé à l’accord de Prespa, prêt à ‘surfer’ sur tous les vents nationalistes, pour s’opposer au gouvernement de Alexis Tsipras. Mis sous pression par ses collègues de parti, il a craqué…
Nationaliste ou Européen
Alors qu’à Skopje et à Athènes, certains agitent le drapeau nationaliste le plus nauséabond, essayant de remettre au présent des querelles de 2000 ans, cette position semble contradictoire avec l’esprit européen. C’est une chose d’être fière de son passé et de son histoire. C’en est une autre de ne pas vivre au présent et au futur. Macédoine et Grèce sont membres d’un même espace, européen. La querelle sur le nom du premier a pu être réglée au prix de discussions longues et d’efforts de part et d’autre. Il est temps d’en tirer conséquence.
La fin de la collégialité ou la démission du commissaire
Cette déclaration d’un commissaire européen est totalement contradictoire avec la lettre et l’esprit de la Commission européenne. On est face à un choix d’organisation. Soit sur cette question sensible, l’exécutif européen estime que chaque commissaire est libre d’avoir une opinion. Soit il a pris une position — ce qui semble être le cas —. et ses membres sont tenus de s’y soumettre. C’est cette seconde option qu’a précisé le porte-parole. Dans ce cas, il ne reste plus que deux choix. Soit Avramopoulos reste membre de la Commission, et retire sa proposition. Soit il estime que la position nationale prime, et il démissionne (2). Il peut y avoir des sujets sur lesquels des nuances peuvent s’exprimer, au niveau économique par exemple, quand il s’agit de l’essence et de la stabilité de l’Europe, c’est difficile. Pour paraphraser Chèvenement : un commissaire çà ferme ca gueule ou çà démissionne.
La faiblesse européenne pour la Nouvelle démocratie
De façon générale, il est navrant de voir l’exécutif européen plutôt attentiste sur cette position. On aurait attendu un peu plus de courage vis-à-vis de l’attitude de Nouvelle Démocratie, qui appartient cependant au grand courant démocrate-chrétien européen, le PPE. Interrogé à plusieurs reprises, le porte-parole de la Commission s’est refusé à condamner l’attitude de ce parti. Est-ce l’appartenance commune au PPE de Jean-Claude Juncker ou le passé politique de son porte-parole Margaritis Schinas, ancien député de la ND. Ce serait difficile à croire que la Commission européenne en soit ramenée à des considérations aussi bassement politiciennes. Ce serait dommage pour l’Europe.
(Nicolas Gros-Verheyde)
NB : dans les colonnes de B2, nous utiliserons désormais l’appellation ‘Macédoine du Nord’, conforme à l’accord de Prespa, soutenu par les Européens.
(B2) Le non remplacement de la frégate Augsburg par un autre navire n’est pas une simple question de timing. En marge du forum de Davos, la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen a tenu à expliquer sa position.
L’Allemagne reproche à l’Italie d’avoir saboté l’opération et l’opération d’être inefficace. « La force opérationnelle italienne a envoyé la marine allemande dans les coins les plus reculés de la Méditerranée. Comme il n’y avait pas d’itinéraires de contrebande, aucune tâche significative n’avait été accomplie depuis des mois ». « Il est important pour nous que la tâche de la mission soit maintenant clarifiée politiquement à Bruxelles » lâche-t-elle, selon les médias allemands qui rapportent l’information.
Commentaire : Le divorce semble être consommé entre Berlin et Rome sur l’opération européenne maritime en Méditerranée Sophia (alias EUNAVFOR Med). On est sur une vraie question politique que d’aucuns se posent dans les couloirs européens (au sein du Comité politique et de sécurité, des organes militaires, etc.) : à quoi sert Sophia ? Quel est son/ses objectifs ? Ont-ils été vraiment atteints. Sinon comment ? En gros, pourrait-il y avoir une autre opération demain à la place de Sophia ?
(Nicolas Gros-Verheyde)