(B2) Le destroyer HMS Duncan, parti le 16 juillet d’Angleterre, a rejoint le Golfe dimanche (28 juillet). Il vient tout d’abord renforcer, puis relayer la frégate HMS Montrose, pour patrouiller dans le détroit d’Ormuz
Escorte du Stena Important par le HMS Montrose (crédit : Royal Navy UK / Crown)35 navires marchands accompagnés
Durant ses quatre mois de présence, le HMS Montrose a effectué 20 escortes, accompagnant 35 navires marchands, parcourant ainsi 6200 miles nautiques. La frégate de type 23 fait une relâche opérationnelle, mais ne quitte pas définitivement la zone. Elle restera basée « dans le Moyen-Orient jusqu’à 2022 participant à l’effort de présence permanente britannique », indique la Royal Navy.
Deux autres déploiements prévus
Le navire ravitailleur RFA Wave Knight (A-389), avec 70 marins à bord, devrait aussi suivre le même chemin début août. Un déploiement de « routine », affirme-t-on au QG de la Royal Navy, car prévu de longue date. Une fonction vitale. Le ravitailleur apportant eau, nourriture et carburant aux navires en opération, leur évitant ainsi de faire escale ou de revenir dans un port ‘ami’. La frégate de type 23, HMS Kent, devrait suivre plus tard dans l’année, pour relayer le HMS Duncan.
Sur zone, des chasseurs de mines et un navire auxiliaire
Sur zone se trouvent déjà, dans le cadre d’un déploiement permanent (opération Kipion) dans la base navale de Bahrein : quatre chasseurs de mines, HMS Ledbury (M-30), HMS Blyth (M-111), HMS Brocklesby (M-33) et HMS Shoreham (M-112), ainsi qu’un navire auxiliaire de débarquement, le RFA Cardigan Bay (L-3009). Le tout étant commandé par le commodore Dean Bassett.
La participation à la CMF
Les navires de la Royal Navy contribuent tout particulièrement à la CMF, la composante maritime conjointe dirigée par les États-Unis, qui patrouille dans le Golfe et l’Océan indien afin d’assurer la sécurité maritime, au besoin de déminer ou dégager un chenal portuaire. Cette coalition a aussi pour objet d’affirmer une présence des Occidentaux dans une zone maritime considérée comme stratégique, très prisée également des Russes comme des Chinois ou… des Iraniens.
La clé du dispositif : le centre d’information à Bahreïn
Dernier point clé de la présence britannique dans la région, le UKMTO (United Kingdom Maritime Trade Operations), le centre nerveux de liaison de la marine britannique. Un canal d’information précieux entre les forces militaires et la marine marchande (britannique ou autre). Très prisé des opérateurs, il permet d’échanger des informations sur la sécurité dans la zone, les incidents (actes de piraterie, problèmes à bord, etc.).
(NGV)
Cet article L’opération Kipion : la présence renforcée de la Royal Navy dans le Golfe. Le point est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
L’affaire Legrier a fait à nouveau parler d’elle en ce creux d’été. En effet, le CEMA a été interrogé à son sujet par la commission de la défense de l’Assemblée et il a eu des mots très fermes à ce sujet (voir ici). D’autres commentateurs se sont crus obligés de commenter, le vernis de leur style cachant mal le vide de leur pensée et leur satisfaction de donner des leçons d’élégance morale et de « j’vous l’avais bien dit ».
Or, cette affaire couvre quatre dimensions, mal isolées par les commentateurs qui confondent souvent tout : Communication, commandement, stratégie et géopolitique sont ainsi les axes de l’affaire (sans même parler de la notion de liberté d’expression, victime collatérale de l’affaire, comme si on n’avait rien appris : mais elle vaudrait à elle seule un développement et elle a déjà été abordée dans ce blog : laissons-la de côté pour l’instant.
Commandement : c’est le principal argument du CEMA et on ne peut ici que lui donner raison. En effet, le colonel Legrier a publié son texte alors qu’il était encore en train de commander son bataillon en opération. Cela pose problème vis-à-vis de ses hommes (ce que relève le CEMA) mais aussi vis-à-vis de la hiérarchie : faut-il rappeler que le commandement consiste dans un double « dialogue » : du haut vers le bas (les ordres) et du bas vers le haut (le compte-rendu). Or, le colonel Legrier a fait part publiquement de ses impressions avant même d’avoir rendu compte (et donc écouté les arguments contraires de sa hiérarchie.
Accessoirement, la prudence et la maturation imposent un certain temps de latence entre une opération et son analyse. Quiconque a été en Opex sait qu’on s’y agace de beaucoup de choses, que les relations humaines ne sont pas toujours simples, que la tension et la fatigue altèrent le jugement. Aussi n’est-ce pas un hasard si les analyses sont publiées après l’opération, pour permettre au temps de faire son œuvre et au cerveau de décanter, ruminer et produire l’essentiel. C’est ainsi pour ma part que j’ai procédé et que font la plupart des auteurs que je connais qui s’essaient à dégager les leçons qu’ils ont apprises de leur opération : le processus est indispensable et d’ailleurs, distinct du processus codifié du Retour d’expérience, tel qu’il est pratiqué dans nos armées.
Communication : L’accumulation d’erreurs en la matière est confondante : d’une part, la publication de l’article par la revue est maladroite car la RDN aurait dû noter cette question du commandement. Un article publié un mois plus tard, l’affaire aurait été différente. Ensuite, la réaction du cabinet (on ne sait d’ailleurs plus très bien de quel cabinet il s’agit : celui de la ministre, celui du CEMA ?). Demander le retrait d’un article (surtout quand il y a une version imprimée) à l’heure du numérique, c’est immanquablement susciter un effet Streisand, ce qui n’a pas manqué : outre les grands médias nationaux, le Washington Post, le New York Times, Reuters, Sputnik et Al Jazeera ont signalé l’article et analysé la question soulevée. Accessoirement, cela a démenti les propos du CEMA incitant les officiers à écrire et penser, ce qui est une de ses profondes convictions : il a dû entrer dans une casuistique désagréable et tirer des bords pour expliquer dans quel cas ceci dans quel cas cela. La question revient d’ailleurs trois mois plus tard avec cette audition parlementaire où on le sent très agacé au moins autant par le colonel Legrier que par la rémanence de l’affaire.
Stratégie : Là, pour le coup, le débat est ouvert. J’ai entendu un certain nombre de commentateurs évacuer d’un revers de main les arguments du colonel Legrier. J’en ai entendu d’autres, au moins aussi avisés (et en général, plus avertis des affaires stratégiques que les premiers), dire qu’il y avait au moins débat. Ce n’est pas un hasard si le CEMAT belge a diffusé le texte aux officiers de son état-major (ici). Car il y a matière à réflexion. Tout d’abord parce que je ne suis pas persuadé qu’on a autant gagné que ça contre les djihadistes. Ne soyons pas désagréables, n’évoquons pas Barkhane et restons au Moyen-Orient. Sommes-nous si persuadés d’avoir trouvé la bonne méthode face aux Djihadistes ? Sont-ils effectivement éradiqués d’Irak (sans même parler de la Syrie) ? Autrement dit, la stratégie adoptée notamment sous direction américaine a-t-elle été convaincante ?
Tentons de la résumer : beaucoup d’appui feu à des troupes au sol qui combattent par procuration (des proxies), un peu aidées par quelques forces spéciales. Cela a permis d’obtenir des effets sur le terrain, incontestablement et après beaucoup d’efforts, l’Etat Islamique a été chassé de Mossoul et du nord de l’Irak. Mais ce succès est-il durable ? si l’on observe d’autres théâtres (Afghanistan, BSS), il est permis d’en douter. Car au fond, on fait la guerre loin des populations, laissant à d’autres le soin d’aller constater les dégâts au sol, sans trop se préoccuper du volume de ces dégâts. ON est donc très loin de la guerre « au milieu des populations » dont on nous expliquait hier qu’elle caractérisait une approche française, distincte de l’approche américaine. Au fond, telle est la question : y a-t-il encore une approche française de la guerre ?
Par ailleurs, Le débat de l’appui feu renoue avec celui initié, entre les deux guerres, par Giulio Douhet. Celui-ci prétendait que l’arme aérienne allait constituer l’arme fatale, celle qui allait décider du cours des batailles par l’intensité du feu déployé. On sait, près d’un siècle plus tard, qu’il s’agit d’une illusion (pas tout à fait : seule l’arme nucléaire a obtenu ce pouvoir d’anéantissement et d’effroi qui a modifié la stratégie ) ; pour le reste, on demeure dans la guerre dite conventionnelle où l’accumulation d’armes complique la guerre mais ne résout pas l’affrontement premier entre deux camps, le fameux duel de Clausewitz. L’appui feu est un appui, voici ce que rappelle le colonel Legrier : il appuie une force au sol qui va risquer l’essentiel pour prendre l’ascendant moral sur l’ennemi. Observons que ce débat est aussi celui des drones et demain de la robotique de bataille. Autant dire que ce n’est pas un débat aussi anodin que d’aucuns l’ont affirmé.
On peut ici s’interroger sur l’intervention russe en Syrie : là encore, quelques milliers d’hommes et beaucoup d’appui feu : au fond, le même schéma que les Américains. Le résultat global est finalement assez proche de celui obtenu par les Etats-Unis en Irak. Dans les deux cas, on n’a pas l’impression que le gouvernement en place maîtrise pleinement le pays ni que la guerre soit pleinement gagnée (les combats actuels autour de la poche d’Idlib l’illustrent assez bien). De même, la résolution politique de la guerre semble très imprécise. En fait, il semble bien que des puissances d’intervention en opération extérieure n’aient guère le choix : comment concentrer les efforts pour peser tout en conservant une économie de moyens nécessitée par l’enjeu relatif, au vu de l’intérêt national ? Telle est la question posée à des pays aussi différents que la Russie, les Etats-Unis ou la France. L’appui feu semble ici constituer une option raisonnable, même si on sait qu’elle ne résout pas tout. La question stratégique complémentaire devient donc la suivante : comment compléter un appui feu pour transformer des succès militaires localisés en une réussite politique ?
Géopolitique : Voici enfin la dernière question, sous-jacente et qui a probablement provoqué l’ire de beaucoup. Au fond, que faisons-nous au Moyen-Orient ? En Irak, nous sommes appelés par un gouvernement légal et l’aidons à faire la guerre à des rebelles (qui se trouvent être aussi nos ennemis, du moins les désignons-nous comme tels). Nous suivons pour cela une direction américaine où, avec des moyens minimes, nous réalisons de belles performances, laissant logiquement la direction stratégique à nos alliés : Ce n’est pas avec 3% ou 5 % des forces que l’on peut réellement peser sur une stratégie ! Il est donc logique que nous soyons en retrait et qu’il n’y ait donc guère d’autonomie stratégique (mais opérative), ce que semble regretter le colonel Legrier.
Mais un autre débat sous-tend l’affaire : celui de notre présence en Syrie. Force est de constater que la ligne française a particulièrement été maladroite ces dernières années. Qu’on a assisté à un retour à une discrétion de bon aloi ces derniers mois, ce dont il faut se féliciter. Que cependant, nous intervenons en Syrie dans un cadre légal douteux car je n’ai pas entendu dire que le gouvernement légal de Damas (celui qui tient le siège de la Syrie aux Nations-Unies) ait demandé notre venue, y compris contre l’Etat Islamique. De même, l’argument de nos alliés kurdes combattant au sol pose évidemment problème : s’agit-il de combattants « réguliers » avec qui nous aurions passé une alliance ?
Pour conclure : le texte du colonel Legrier pose évidemment beaucoup de vraies questions. Il ne s’agit pas de les évacuer sous des prétextes de forme, même s’il y a eu, reconnaissons-le, beaucoup de maladresses. C’est bien parce que nous les avons pointées que nous pensons pouvoir aller au-delà, à l’essentiel, aux points soulevés par le colonel Legrier. L’heure doit désormais être au débat serein.
O. Kempf
Cet article (B2 Pro) JCPOA. La réunion de Vienne de la commission mixte souligne l’importance du nucléaire civil iranien est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
(B2) B2 prend ses quartiers d’été.
Nous garderons un oeil sur l’actualité. Le carnet de B2 paraitra ainsi une fois par semaine (le mercredi) au lieu d’un rythme trihebdomadaire comme d’ordinaire *, sauf entre le 5 et le 21 août où nous allons essayer de pratique une pause quasi-complète.
Nous publierons également une série d’articles sur certains sujets d’ordre géopolitique qui nous ont semblé importants à mettre en avant. Et, si nécessaire, nous reprendrons la plume.
L’occasion aussi de saluer nos deux vaillantes Hélène Court-Fortunaz et Coline Traverson qui nous ont accompagné, avec brio, durant ces derniers mois bien chargés en actualité. Une nouvelle équipe viendra prendre le relais à la rentrée.
(NGV)
* de façon exceptionnelle, au mois d’août tous les nouveaux articles du Pro seront ouverts à tous.
Cet article Rythme d’été est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Les vacances arrivent pour beaucoup. Le moment où l'on a du temps et où l'on lit : mais du coup, quelle BD allez-vous lire pendant vos vacances ? Car arrivé sur votre lieu de villégiature, vous allez très vite aller fureter chez votre détaillant de BD habituel. Et pourquoi pas Cryptomonnaie, de D. Morissette-Phan et T. Roulot ? Car voici une BD originale à maints égards et qui vaut le détour.
En effet, les BD traitant du cyberespace sont rares et pas toujours convaincantes. Sympathiques éventuellement, mais ça ne suffit pas. En effet, les auteurs sont confrontés au défi de devoir trouver une intrigue qui tienne la route : pour cela, elle doit obéir aux lois du suspense (parce qu'une BD, ça raconte d'abord une histoire) mais aussi à la cohérence technique du sujet traité. Or, cette dernière caractéristique est particulière au cyberespace et le distingue profondément des BD de SF car celles-ci, malgré leur nom de science, penchent surtout du coté de la fiction. Et l'on ne connaît pas par ailleurs de BD "scientifique".
Or, avec le cyber, la difficulté est double ; cette technologie exige des connaissances réelles qui ne sont pas à portée de tout le public ; et beaucoup des acteurs cyber sont imprégnés de culture BD.
Bref, construire une BD cyber, c'est compliqué, vous l'avez compris.
La BD dont nous parlons aujourd'hui répond à cette exigence. Confessons qu'elle parle de cryptomonnaie et qu'un minimum de culture en la matière n'est pas inutile : sans aller jusqu'à connaître le nom de Sakashi Nakamoto ni les différences entre les protocoles Bitcoin ou Ethereum, il faut savoir quand même qu'il s'agit d'un système sans tiers de confiance qui nécessite de grosses puissances de calcul pour miner la cryptomonnaie. Et puis disons le tout net : Je ne suis pas sûr que Mme Michu regardera cette BD, qui vise un public déjà un peu averti.
Et c'est tant mieux car du coup, l'intrigue est crédible, appuyée sur les deux ressorts de la cryptomonnaie : la technique ... et la crédulité. Et oui, une monnaie moderne est forcément "fiduciaire" : elle ne vaut que ce qu'on croit qu'elle vaut. Dès lors, tout lancement d'une cryptomonnaie suppose une grande mobilisation de marketing pour convaincre les acheteurs d’acquérir la monnaie. Plus il y a d'acheteurs, plus la monnaie vaut. La technique n'est donc pas tout, malgré les discours technolâtres des partisans des cryptomonnaies, il faut aussi de la conviction et de la persuasion : bref, travailler le cerveau humain.
C'est d’ailleurs là-dessus qu'est construite l'intrigue : voici une nouvelle monnaie. Le héros doit-il y croire et y placer toutes ses économies ? Doit-il entrer dans la société pour l'inciter à investir dans son village d'origine, au fin fond du Canada ? A-t-il raison de convaincre ses proches d'accueillir la nouvelle société et de la subventionner ? Doit-il écouter les avertissements méfiants d'un journaliste free-lance ? Et d'ailleurs, qui est à la tête de la société qui lance la cryptomonnaie ? la belle Kristina Orsova ? Volksh ? une bande criminelle ? Bref, un excellent techno-polar (je ne sais si le genre existe mais pour le coup, il vient d'être inventé).
L'auteur (Tristan Roulot) est canadien d'adoption et place donc l'action là-bas, dans une Amérique du nord qui est juste assez décalée par rapport à l'Europe ou aux États-Unis. Quant au dessinateur, Djibril Morissette-Phan, il est Montréalais. J'avoue avoir été particulièrement séduit par son trait qui est d'abord un dessin N&B sur lequel on apporte ensuite de la couleur, celle-ci variant à mesure de l'histoire pour donner des tonalités adaptées aux phases du scénario.
Bref, une belle réussite qui vaut le détour et nous permet, au-delà de la distraction, de réfléchir quand même à ces fichues cryptomonnaies...
Tristan Roulot et Djibril Morissette-Phan, Crytpomonnaie, le futur de l'Argent, Le Lombard, 2019.
O. Kempf
(B2) Les escortes par convoi de la Royal Navy dans le détroit d’Ormuz ont commencé. Vidéo à l’appui, prise depuis l’hélicoptère de la frégate HMS Montrose, la défense britannique montre je la frégate britannique de type 23 accompagnant jeudi (25 juillet) plusieurs navires marchands, notamment le Stena Important (battant pavillon des Bermudes) et le Sea Ploeg.
(NGV)
http://www.bruxelles2.eu/wp-content/uploads/2019/07/hms-montrose-escorte-stena-important-@uk190725.mp4
remerciements à mon collège britannique Henry Jones pour avoir signalé l’info
Cet article La Royal Navy escorte plusieurs navires dans le détroit d’Ormuz est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) Ben, Dom’ et Priti, les trois ministres régaliens de Boris. Des profils ‘durs’ est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) France et Royaume-Uni se préparent pour la guerre dans l’espace. Paris et Londres présentent chacun une nouvelle stratégie est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) Dossier N°72. La crise dans le détroit d’Ormuz et le Golfe s’amplifie est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
(B2) L’annonce par le Royaume-Uni du lancement d’une force ‘sous direction européenne’ de protection maritime dans le détroit d’Ormuz fait réfléchir à plus d’un titre : pourquoi les Britanniques se montrent si enthousiastes sur l’Europe ? Dans quel format vont-ils mener cette information ? Avec quels moyens ?
Quelle ironie !
On avait connu des Britanniques beaucoup plus atlantiques et moins européens. Aussi quand Jérémy Hunt, un ministre tory bon teint, annonce devant la Chambre des communes lundi (22 juillet) une « European-led maritime force », menée en « coalition » (1) on se pince presque pour se dire qu’on ne rêve pas. Même le plus audacieux Européen n’aurait jamais imaginé une situation où Londres réclame à corps et à cri une opération ‘européenne’. Il assez ironique qu’il ait fallu le Brexit — et les pressions de Donald Trump sur l’Iran — pour que les Britanniques se souviennent qu’avoir une force européenne peut avoir autant d’intérêt qu’une force euro-atlantique.
Le besoin de la puissance douce
Ce choix est tout d’abord une affaire de haute politique internationale. Il s’agit pour les Britanniques de bien se distinguer des efforts américains en cours contre l’Iran. Les diplomates britanniques, comme l’ancien chef du Foreign Office Jérémy Hunt devant la Chambre des communes, l’ont répété à maintes reprises : cette force sera bien distincte de l’effort américain. Placer cette force sous commandement de l’OTAN aurait été un signe immédiat d’hostilité. Le placer sous commandement européen est un geste de ‘puissance douce’.
L’expérience européenne
L’autre intérêt européen est l’expérience acquise en matière de protection des navires, dans l’Océan indien, contre les pirates somaliens. Une action à laquelle ont participé également les navires iraniens — sans cependant s’associer au mécanisme de coordination international Shade mis en place par les Européens en particulier. Au Royaume-Uni, la force européenne de lutte contre la piraterie (commandée par les Britanniques depuis Northwood) est désormais labellisée comme un « véritable succès », comme l’a rappelé un député britannique lors du débat.
Un format ‘article 44’
Le format de l’opération reste à trouver exactement. Si les Britanniques veulent placer l’opération sous le couvert de l’Union européenne, ils n’entendent pas apparemment, selon nos informations, placer cette opération sous le couvert de la politique européenne de sécurité et de défense commune alias PSDC (lire : Vers une opération maritime combinée franco-germano-britannique dans le détroit d’Ormuz. Les discussions continuent) (2). Mais il est tout à fait possible d’avoir une opération en coalition, mandatée par l’Union européenne. C’est même une disposition prévue par les Traités. C’est ce qu’on appelle le format ‘article 44‘ en référence à l’article concerné du Traité (3). Un article qui n’a jamais pu être utilisé jusqu’ici. Les différents États membres n’ayant pas vraiment réussi à se mettre d’accord sur ses modalités d’utilisation ni sur son opportunité.
Quels moyens ?
La question des moyens reste maintenant posée de façon concrète. Il existe plusieurs modalités d’assurer la sécurité des navires : de l’escorte navire par navire — quasi impossible à assurer car très couteuse en moyens —, à la formation de convois escortés — plutôt complexe à mettre en œuvre avec des navires marchands qui ont des impératifs horaires propres — en passant par la mise en place d’équipes de protection embarquée à bord des navires — la solution la plus souple et la plus facile à mettre en place. Mais une des premières choses à faire c’est d’avoir une appréhension commune de la situation. C’est ce qu’a indiqué la ministre française des Armées, Florence Parly, dans un entretien à l’Est républicain ce jeudi. Les capteurs sur zone ne manquent pas qu’ils soient américains, britanniques ou français, par voie de mer, aérienne ou satellite. Encore faut-il avoir une analyse unique de la situation.
Une épreuve de force dangereuse
Quel que soit la méthode, mettre des navires sans s’assurer que les Iraniens ne répliqueront présente des risques certains. Il y a un risque d’être pris au propre piège, d’avoir ce qu’on appelle ‘un trou dans la nacelle’, et de ne pouvoir faire face à une percée des gardiens de la révolution iraniens qui ne sont pas des néophytes. Il y a un autre risque de devoir faire feu sur des forces iraniens. Ce qui serait à l’inverse de l’objectif recherché : la désescalade et serait tomber dans le piège des extrêmes.
(Nicolas Gros-Verheyde)
NB : cet article issu du commentaire du précédent article a été reformaté et complété
Cet article Une opération européenne de protection maritime dans le Golfe. En format ‘article 44’ ? est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) Vers une opération maritime combinée franco-germano-britannique dans le détroit d’Ormuz. Les discussions continuent est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) France : Françoise Dumas détrône Jean-Jacques Bridey à la tête de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Hier, la Deutsche Welle m'a itnerviewé à propos de l'arrivé de Boris Johnson à la primature britannique. Vous trouverez ici l’enregistrement audio de cet entretien.
O. Kempf
Cet article (B2 Pro) Un nouveau représentant spécial de l’UE en Bosnie-Herzégovine est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) 800 millions pour les tâches de mission de la paix de l’Union africaine est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) La présidence désignée fait son premier déplacement ‘officiel’ à Paris. Un signe de bonne entente ? est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.