(B2) Les Estoniens déployés au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane (ils assurent la garde et la sécurité de la base française de Gao) ne sont pas venus seuls. Ils ont amené avec eux leur dernière génération de drone terrestre THeMIS.
Tester le nouveau matériel dans des conditions extrêmes du Mali
Ce système d’infanterie modulaire hybride à chenilles (Tracked Hybrid Modular Infantry System) peut être équipé en plusieurs versions : logistique pouvant transporter jusqu’à 750 kg de matériel, détecteur d’engin explosif (IED) ou combat (avec mitrailleuses). « C’est une opération dans l’un des climats les plus difficiles du monde. C’est une expérience inestimable pour nous et les connaissances acquises au cours de la mission seront utilisées pour poursuivre la R & D » selon Jüri Pajuste, directeur du département des programmes de défense de Milrem Robotics. Le véhicule sans pilote permet de transporter du matériel, tels que des munitions, qui allège le fardeau du militaire.
Un drone léger en surveillance
En complément du Themis, un drone hélicoptère léger, le KX4-LE Titan de Threod Systems, assure l’appréciation de la situation. Il peut atteindre une hauteur de 80 mètres, il transporte un capteur électro-optique, relayant des images. Une longe reliée au Themis lui permet d’augmenter l’autonomie.
Our newest generation THeMIS UGV has been deployed to Mali to enhance the combat effectiveness of our soldiers by adding mobility, increasing the effectiveness of combat service support and reducing soldier fatigue. pic.twitter.com/6crG33UBEB
— Milrem Robotics (@MilremR) 7 juin 2019
(NGV)
NB : ce véhicule fait partie d’un des projets ‘capacitaires’ développés au titre de la coopération structurée permanente (PESCO). Le projet numéro 21 est coordonné par l’Estonie avec la participation d’une dizaine de pays (Belgique, Rép. Tchèque, Espagne, Finlande, France, Allemagne, Lettonie, Hongrie, Pays-Bas, Pologne). Lire : Le projet de robot terrestre made in Estonia soumis au Fonds défense et à la PESCO.
Cet article Le Titan et le THemis déployés au Mali avec les soldats estoniens de Barkhane est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
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Cet article (B2 Pro) A l’agenda du Conseil des Affaires étrangères et de la Défense (17 juin 2019) est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) Carnet (07.06.2019). Confidentiels (Sanctions Russie). PESC (Kazakhstan présidentielle). Opérations (KFOR Allemagne, EUTM RCA macédoine). Défense (Autriche Eurofighter suite, Royaume-Uni chars et blindés. BAE systems. Pays-Bas apaches. Allemagne radios). Diplomatie (Soudan suspension UA et appel au dialogue. Libye camps). Voisinage (Ukraine priorité). Aides (Colombie catastrophes). Sécurité (ID protection. Schengen Bulgarie. Terrorisme technologies. Visas mise à jour. JAI fonds). Pouvoirs (Finlande défense. Roumanie justice. Parquet européen. Dalli recours. Commissaires remplaçants). Commission et Parlement 2019 (Commissaire polonais. Ambition commune. Danemark législatives). est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) Le projet tchéco-allemand sur la guerre électronique est cadré est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) Un accord partiel trouvé pour améliorer les retours est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
(B2) Les Européens doivent faire preuve d’une volonté politique forte pour faire face à leur environnement géostratégique en bouleversement, selon Louis Gautier, ancien secrétaire général pour la défense et la sécurité nationale (SGDSN). C’est ce qu’il a expliqué lors des entretiens de la défense européenne à Paris jeudi (16 mai)
Louis Gautier aux entretiens de la défense européenne avec S. Rodrigues, un des organisateurs des rencontres (Crédit : Sorbonne/IREDIES)Un constat qui demande une réflexion politique
Un environnement international délétère, une Europe fragilisée
L’environnement international et stratégique est « délétère ». Des conflits qui semblaient oubliés reviennent et se rapprochent de la périphérie de l’Europe. De nouveaux dangers (cyber, spatiaux…) se développent. Le constat que fait Louis Gautier n’est pas engageant. D’autant que l’Union européenne est aujourd’hui « fragilisée », minée par ses divisions. La situation s’est « encore détériorée ces derniers mois » : l’Italie, membre fondatrice de l’Union, rejoint le camp des eurosceptiques, le Royaume-Uni persiste dans les errements du Brexit, etc. Le « plus inquiétant » concerne les inconnues qui pèsent sur l’équation de sécurité européenne : le démantèlement des accords conclus à la fin de la guerre froide, l’amoindrissement de la garantie américaine, ou ce qui est ressenti comme tel, et les provocations russes.
Etre lucides !
Face à ces enjeux, c’est à un constat de lucidité qu’appelle Louis Gautier : « les Européens sont incapables de faire face collectivement à une crise majeure qui surviendrait sur leur sol ou à un conflit dans leur voisinage ». La nécessité d’agir de façon stratégique doit être repensée. « L’Europe, c’est en fonction du monde qu’on doit la faire. Et la défense européenne doit répondre à ces défis de sécurité ». L’Europe et sa défense, telles qu’elles avaient été imaginées au début, doivent être « réinterrogées ». Et n’envisager la défense européenne qu’au « prisme des capacités » est une erreur. On doit commencer par « dessiner un paysage stratégique, déterminer des enjeux, définir nos intérêts collectifs ».
Une relance possible ?
Certes, la relance du projet de défense européenne est bien engagée, avec une « multiplication des projets », entre 2016 et 2018. C’est « très positif ». Avec le fonds européen de défense (FEDef), « pour la première fois, il y aura sur la table de l’argent européen pour la défense et cela va changer la donne ». Mais ces projets n’ont un intérêt que si l’on a des organes de gouvernance, une définition des priorités. Il s’agit maintenant de faire attention à ce que cet élan ne retombe pas. On a « déjà connu des poussées similaires » lors du Traité de Maastricht, du sommet de Saint-Malo ou du retour de la France dans l’OTAN et du Traité de Lisbonne. Et l’élan a toujours fini par s’essouffler. Les objectifs sont « à chaque fois revus à la baisse, jamais mis en œuvre, restés en suspens dans les déclarations ». L’Union européenne reste « handicapée par les divisions européennes, le manque de volonté, les déficits capacitaires ». Les réticences, les habitudes et les conservatismes l’emportent sur le dynamisme.
La clé : la volonté politique pour une intervention collective
La volonté politique est donc la condition majeure pour obtenir des avancées durables. Aujourd’hui, l’Union serait « absolument incapable de gérer une crise majeure sur son sol ». L’Union reste faible dans la défense de ses intérêts, qu’ils soient industriels, économiques ou sécuritaires, martèle le spécialiste des enjeux stratégiques. En cas d’attaque, les États répondront avec des moyens nationaux, moyens inégaux en fonction des capacités de chacun. Ce alors que « les brèches chez les uns créeront des vulnérabilités chez les autres ». C’est bien le manque de vision stratégique de l’Union qui paralyse les efforts.
En finir avec l’éternel débat UE – OTAN
Il faut arrêter de se concentrer sur l’éternel débat UE-OTAN car il s’agit aujourd’hui d’une question qui concerne « les États, leur réponse collective, et le fait que l’Union européenne peut faciliter leur coordination ». Sans intervention collective des Européens, « nous ne pouvons pas obtenir les solutions de sortie de crise ». Alors même que certaines de ces solutions sont à la portée des États membres. Cela a été démontré lors du conflit au Kosovo : des conseils européens réguliers ont « rythmé les opérations par des décisions qui ont maintenu unis les Européens ».
Des clarifications nécessaires
Les Européens n’ont « jamais été collectivement capables de définir quelle devait être leur contribution collective à leur défense collective ». Quel que soit le cadre.
Cerner les objectifs de la défense européenne
Le concept même d’‘Europe de la défense’ — un ‘mot valise’,« très français », intraduisible pour nos partenaires — permet de mettre « un peu tout dans le même sac : des coopérations intergouvernementales, les projets communautaires, le pilier européen dans l’OTAN… » Sans spécifier suffisamment les aspects sur lesquels travailler. Clarifier les contours de cette défense européenne est nécessaire. Il faut « cerner les objectifs, car trop d’ambition effraie ».
Une indispensable clarification entre l’OTAN et l’UE
Cela implique aussi une « indispensable clarification » entre l’OTAN et l’UE. « Jusqu’à preuve du contraire », la défense collective européenne « se fait dans l’OTAN ». Mais l’Union doit vérifier qu’elle est en mesurer de gérer des attaques qui ne relèveraient pas de la responsabilité de l’OTAN. « Les réponses, elles sont européennes ». On ne peut pas se reposer sur une distribution des rôles dans laquelle l’OTAN s’occupe des questions militaires pendant que l’Europe « ne ferait que du capacitaire ». Parce que, déjà, « c’est faux » selon Louis Gautier. Et car le développement des capacités vient, avant tout, « au service d’une politique militaire, industrielle. »
Cinq priorités pour la suite
D’abord, « l’affirmation stratégique » des Européens. Qui doivent comprendre qu’ils ont des enjeux communs à défendre et que personne ne va les défendre pour eux. Mais aussi « la protection » des frontières, des citoyens, la capacité de « réaction aux crises », « le capacitaire » et « le renforcement de la BITD [Base industrielle et technologique de défense] ». Pour ce faire, il faut « consolider l’autonomie technologique » de l’Europe, anticiper plus et mieux, et améliorer la cohérence et cohésion des structures. Alors que le budget militaire européen est de « 230 milliards d’euros », supérieur à celui de la Chine, les duplications ont un prix : « l’absence de crédibilité ». Et « si les Européens ne s’activent pas, ils sont les grands perdants du 21ème siècle ».
(propos recueillis par Coline Traverson, st.)
Lire également sur les 2e entretiens de la défense européenne :
Cet article Entretiens. L’Europe doit mieux réfléchir à sa défense (L. Gautier) est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) La sécurité, l’une des trois priorités du budget 2020 présenté par la Commission est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
(B2) Deux avocats internationaux ont saisi lundi (3 juin) la Cour pénale internationale (CPI) accusant l’Union européenne et ses États membres de crimes contre l’humanité en lien avec la mort de plus de 12.000 migrants en Méditerranée depuis 2014
La plainte, de 245 pages, a été déposée au bureau de la procureure Fatou Bensouda. Les avocats, Omer Shatz et Juan Branco, affirment prouver que « les dirigeants de l’UE se sont montrés prêts à sacrifier des individus volontairement, pour provoquer un effet de dissuasion qui servirait leurs objectifs politiques ».
Parmi les arguments, des notes internes, notamment d’un responsable allemand qui « a envoyé un câble confidentiel » à la Chancelière allemande Angela Merkel, « décrivant les prisons privées libyennes comme des conditions analogues à celles des camps de concentration, trois jours avant que le Conseil des ministres de l’UE décide d’équiper et de former les garde-côtes libyens (Déclaration de Malte) », affirme Omer Shatz. « C’est le fruit de deux ans d’enquête, qui nous ont amené à considérer que des crimes contre l’humanité avaient été planifiés et exécutés de façon consciente par nos dirigeants européens » complète Juan Branco.
Du côté de la Commission européenne, on réfute toute implication de l’Union européenne dans les naufrages. « Sauver des vies est notre priorité » affirme ainsi Natasha Bertaud, porte-parole coordinateur de la Commission européenne pour les questions de migrations et sécurité intérieure. « Le bilan de l’Union européenne parle de lui-même. […] Quatre opérations de l’UE en Méditerranée ont contribué à sauver près de 730 000 personnes depuis 2015 (1). » Si elle rappelle que le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, avait reconnu en 2015 que « terminer Mare Nostrum était une erreur », elle ajoute que « cela a été corrigé » et met surtout en cause les ‘vrais responsables’ : « C‘est le ‘business model’ cruel et dangereux des passeurs et trafiquants d’êtres humains » qui est la cause de ces morts en mer.
(LH avec NGV et HCF)
Télécharger la plainte
Lire aussi : Opération Thémis. L’agence Frontex agit-elle sans contrôle démocratique ?
Cet article Naufrages en Méditerranée. Une plainte déposée contre l’UE à la Cour pénale internationale est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) La banque Sedarat se voit refuser sa demande de dommages et intérêts est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) Des bonnes pratiques pour prévenir la radicalisation en prison est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
(B2) Le système de nomination du top chef européen peut apparaître complexe, opaque et discrétionnaire. Mais avec un peu de bonne volonté, il est assez facile à comprendre, à condition de laisser de côté certaines idées préconçues
L’actuel ‘top chef’ – D. Tusk (Conseil européen), A. Tajani (Parlement européen), J.C.Juncker (Commission européenne), tous du PPE (un monopole destiné à éclater). Ici avec l’ex président ukrainien P. Porochenko (crédit : Présidence ukrainienne, mars 2019)Première clé : l’Europe est un système, original, de double coalition
Pour bien saisir la situation, il faut garder à l’esprit quelques principes fondamentaux.
1° Il n’est pas possible de plaquer un système national sur le système européen. L’erreur souvent commise est de plaquer notre système de nomination à la française, assez simple en soi, où le président, élu au suffrage universel, dispose d’une légitimité incontestable et compose comme il veut son gouvernement, avec l’appui d’une majorité solide à l’assemblée. Ce n’est pas le cas au niveau européen.
2° L’Europe n’est ni un État ni une organisation internationale. C’est une union d’États et de peuples. Une sorte de système confédéral non étatique. Ce dispositif spécifique se reflète dans le processus de nomination qui oblige à un accord entre le Conseil européen (= Conseil des États) et le Parlement européen (= assemblée parlementaire).
3° Il n’y pas une légitimité démocratique qui prime sur l’autre. Les gouvernements nationaux ont tous été consacrés par le suffrage universel (issu d’un suffrage national) et ont une légitimité notable, toute aussi valable que celle des élus du Parlement européen (issu du suffrage universel européen). Et inversement.
4° L’Europe est donc gouvernée selon un système de double coalition — une coalition de groupes politiques (au Parlement) + une coalition de pays (au Conseil) —, qui s’entrechoquent, que ce soit au Parlement ou au Conseil. Parfois, les affinités personnelles ou géopolitiques ont une importance plus grande que l’arithmétique proprement politicienne. Ce qui explique certains choix inattendus.
5° On ne peut pas avoir au top chef uniquement des hommes (ou uniquement des femmes), trop de représentants d’un seul pays ou d’une seule zone géographique, etc. Il existe ainsi un subtil équilibre entre petits et grands pays, pays du sud et pays de l’est, femmes et hommes, seniors et plus jeunes (cf. 3e clé).
6° De façon traditionnelle, l’accord européen se fait entre la France et l’Allemagne. Tant que Paris et Berlin ne sont pas d’accord — ce qui est le cas aujourd’hui — aucun accord ne pourra être fait. Cela ne signifie pas que l’accord franco-allemand prime. Mais sans celui-ci, rien n’est possible. La mise à l’écart du Royaume-Uni (pour cause de Brexit) rend ce couple plus fort qu’auparavant.
7° Certaines règles sont incontournables car elles sont fixées par le Traité : un commissaire européen ne peut être nommé que par un État membre, tous les commissaires et le premier d’entre eux doivent être approuvés ensuite par le Parlement européen, enfin le processus de nomination doit être respecté.
Deuxième clé : le cadre constitutionnel fixé par le Traité permet deux interprétations
Ce que dit le texte
Le dispositif prévu par le Traité ‘constitutionnel’ reflète cette double légitimité : celle des États et celle de l’élection parlementaire. L’article 17.7 prévoit ainsi un système de nomination indirect :
« 1. En tenant compte des élections au Parlement européen, et après avoir procédé aux consultations appropriées,
2. le Conseil européen, statuant à la majorité qualifiée,
3. propose au Parlement européen un candidat à la fonction de président de la Commission.
4. Ce candidat est élu par le Parlement européen à la majorité des membres qui le composent.
5. Si ce candidat ne recueille pas la majorité, le Conseil européen, statuant à la majorité qualifiée, propose, dans un délai d’un mois, un nouveau candidat, qui est élu par le Parlement européen selon la même procédure. »
NB : la numérotation est de notre fait pour bien refléter toutes les étapes et conditions.
Deux interprétations différentes
Le nouvel élément introduit dans le traité « la prise en compte des élections » — qui est un zeste de démocratie politicienne, dans un système qui ressortait auparavant d’un processus de technique géopolitique —, a suscité deux interprétations différentes.
Première version : celle des élus et du Parlement européen. C’est le système qu’on dénomme Spitzenkandidat (ou tête de liste). Le candidat du parti arrivé en tête lors des élections européennes devient automatiquement le président désigné de la Commission européenne.
Seconde version : celle des chefs d’État et de gouvernement (Conseil européen). On écoute les résultats … et on choisit le candidat idoine, qui doit être issu +/- de la même majorité.
Une seule application en 2014
Le dispositif du Spitzenkandidat n’a été utilisé qu’une seule fois : en 2014. Il est donc très tôt pour en établir une coutume. Le candidat du parti populaire européen, Jean-Claude Juncker (Luxembourg), est alors choisi par une majorité de groupes politiques. Le Conseil européen entérine cette nomination à la majorité qualifiée, deux voix manquent à J.C.-Juncker : celle de David Cameron (Royaume-Uni), et de Viktor Orban (Hongrie).
Jean-Claude Juncker regroupait de nombreux critères : personnalité connue, expérimentée, ancien Premier ministre, issu du parti majoritaire, mais assez consensuel dans les autres partis. On peut donc se demander si c’est le système du Spitzenkandidat qui a été adoubé (version du Parlement européen), ou si ce système a rencontré la volonté des Chefs d’État et de gouvernement qui auraient de toute façon choisi ce candidat (version du Conseil européen).
En 2019, c’est ‘plus compliqué’
D’une part car les principaux groupes politiques ont choisi des personnalités qui sont objectivement un cran au-dessous de celles choisies en 2014 : un président de groupe politique (pour le PPE), un commissaire européen (pour les socio-démocrates) à comparer avec un Premier ministre expérimenté et un président du Parlement européen (M. Schulz). Les choisir serait pour le Conseil européen une abdication de certains critères. D’autre part, certains partis (libéraux et démocrates notamment) et certains chefs d’État et de gouvernement refusent ce système des Spitzenkandidaten qui donne la primeur au parti populaire européen.
Troisième clé : des critères ‘objectifs’ ou non écrits de choix
La nomination d’un président de la Commission européenne (comme des autres commissaires) ne peut être la simple traduction d’un choix, démocratique ou autocratique. Elle obéit à certains critères, écrits et non écrits.
Des critères écrits
Certains critères figurent expressément dans les Traités :
Sans oublier d’avoir la nationalité d’un État membre de l’UE.
Des critères non écrits
Certains critères ne sont pas exprimés, et ne sont pas rédhibitoires, mais se sont imposés au fil du temps et sont présents dans l’esprit de tous au moment du choix.
A cela, il faut ajouter un nouveau critère (non écrit)…
Un critère supplémentaire : la prestance internationale
Ce critère était peu présent il y a quelques années. Mais il devrait s’ajouter aujourd’hui. Le président de la Commission comme celui du Conseil européen, devront, en effet, négocier pied à pied avec des personnalités fortes au niveau international. L’Américain Donald Trump, le Russe Vladimir Poutine, le Turc Recep Tayip Erdogan, le Chinois Li Keqiang, etc. sont autant de forts en gueule qui ne veulent pas que du ‘bien’ à l’Union européenne. Les Européens nommés ne doivent pas seulement être d’habiles conciliateurs de la gesta européenne. Ils doivent être capables de connaitre et de s’imposer sur la scène internationale.
Quatrième clé : un subtil équilibre géopolitique
L’empilement des critères pourrait conduire à cerner facilement deux ou trois personnalités. Mais la situation se complique car le président de la Commission n’est que la première pièce d’un puzzle qui en comporte plusieurs. L’ensemble devant respecter un subtil équilibre.
Un puzzle complexe
On compte au moins deux pièces obligatoires : le président du Conseil européen, le Haut représentant. Mais on peut y rajouter quelques autres pièces : le ou les président(s) du Parlement européen (si le mandat est dédoublé), ou le président de la Banque centrale européenne, voire un vice-président de la Commission doté d’un gros portefeuille économique. C’est donc au final un jeu d’une demi-douzaine de noms qui permettra d’octroyer des compensations aux ‘perdants’ du premier niveau.
L’équilibre politique
La répartition des postes entre les familles politiques de la ‘majorité de gouvernement’ — chrétiens-démocrates, socio-démocrates, libéraux-démocrates, et éventuellement les verts — doit refléter, plus ou moins, leur poids dans l’opinion publique. Le résultat des élections 2019 montre que le parti populaire européen (PPE), qui détenait quasiment toutes les rênes du top chef 2014 (excepté celui de Haut représentant confié à la famille sociale-démocrate), devra se délester d’au moins un poste.
L’équilibre géographique/géopolitique
L’ensemble des zones géographiques ou géopolitiques doit être représenté : l’Est et l’Ouest de l’Europe ; l’Europe germanique et l’Europe latine ; les petits et grands pays.
L’équilibre hommes – femmes
Au moins un des top chefs (selon la règle tenue en 2014), voire deux (selon la nouvelle règle établie au Conseil européen le 28 mai dernier, lire : A la recherche de quatre noms pour diriger l’Europe demain. Le mandat de Donald Tusk), doivent être une femme.
L’équilibre des âges
A cela peut être ajouté un quatrième facteur d’équilibre, celui des âges. Ce facteur d’équilibre n’a jamais été mis dans la balance. Mais il pourrait l’être cette fois-ci. Ce facteur n’est pas uniquement une question d’expérience, mais aussi d’image. N’avoir que des personnes approchant aux alentours des 65-70 ans serait intéressant pour la sagesse, mais un mauvais signal envoyé aux Européens. N’avoir que des personnes de 40 ans serait aussi risqué, l’ambition personnelle pouvant annihiler toute la fougue de la ‘jeunesse’.
Le jeu du crash test
Vous avez maintenant tous les éléments et pièces du puzzle. Passez chaque candidat ou assemblage de candidats, putatifs ou potentiels, au crible de ces conditions écrites ou non écrites et des facteurs d’équilibre. Vous verrez que certains ne résistent pas à ce crash-test. Ne tirez cependant pas de conclusion hâtive. N’oubliez pas un dernier élément : la politique européenne est en mouvement permanent. Et l’effet de surprise (ou de sidération) n’est pas à exclure. Rien n’interdit aux ‘chefs’ et ‘négociateurs’ des différents partis, d’ajouter un nouveau critère ou un nouvel élément d’équilibre pour trouver … le compromis.
A vous de jouer !
(Nicolas Gros-Verheyde)
NB : cet article est extrait d’un ‘cours’ que j’ai donné à Kinshasa il y a quelques jours devant les auditeurs du CHESD, le collège des hautes études de stratégie et de défense de RD Congo, où on m’avait convié à venir expliquer le fonctionnement.
Cet article Les quatre clés pour comprendre le choix du top chef européen est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) Biens à double usage : le mandat de négociation du Conseil adopté est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
(B2) Le célèbre professeur britannique Jolyon Howorth, spécialiste de la politique européenne de sécurité et de défense, a reçu mardi soir (4 juin) son certificat de nationalité française des mains de l’ambassadrice de France à Bruxelles (Claude-France Arnould) et du consul général (Raphaël Trannoy)
J. Howorth (au premier plan) sous l’oeil attendri et observateur de C.-F. Arnould (ambassadrice de France) et de R. Trannoy (consul général). Sur le piano, le document officiel de la nationalité française (© NGV / B2)Nous étions ainsi réunis avec quelques amis et personnalités qui ont œuvré sur les questions de défense européenne, de Joachim Bitterlich (ancien conseiller d’Helmut Kohl) à Pierre Vimont (ancien secrétaire général du SEAE et ambassadeur à Washington) en passant par Jamie Shea (ancien porte-parole de l’OTAN) et Giles Merritt (Friends of Europe), pour célébrer l’entrée dans le corpus de la citoyenneté française « d’un des plus Français des Britanniques ». Une naturalisation qui n’est pas anodine puisqu’elle intervient au titre « de services exceptionnels à la France ou dont la naturalisation présente un intérêt exceptionnel pour la France » comme l’a précisé notre hôte, l’ambassadrice de France en Belgique, Claude-France Arnould.
Un choix réfléchi depuis longtemps
Le choix de la nationalité française n’est pas simplement dû au hasard ou au Brexit. Jolyon, qui connait la France aussi bien que vous et moi, est capable de s’exprimer en anglais… avec l’accent français. C’est un Parisien d’adoption, où il réside de manière semi-permanente (avec un autre pied-à-terre dans le sud de la France). Il a toujours un petit appartement dans le 5e, son quartier préféré depuis 1968. Il a été chargé de cours à l’université Sorbonne III Nouvelle de 1969 à 1977. Il avait déjà pensé à demander la nationalité française — nous a-t-il confié – mais s’était heurté au veto de son épouse d’alors. Le « vive la France, vive la République » qui a ponctué son discours est donc un vrai cri du cœur.
Un spécialiste de l’histoire française
Pour ceux qui l’auraient oublié (comme moi), Jolyon n’est pas seulement un spécialiste de la défense européenne reconnu par tous. C’est aussi un féru de l’histoire du socialisme français. Il a ainsi consacré sa thèse (en histoire française) au rôle joué par Edouard Vaillant (et Jean Jaurès) dans la création du parti socialiste unifié en France. « Un rare moment de 1905 à 1920 où la gauche a été réunifiée ». Une recherche intéressante au moment où les élections européennes ont montré à nouveau « la dispersion en plusieurs partis se revendiquant du socialisme ».
Un précurseur dans l’autonomie européenne de défense
Dans le domaine de la défense, ses travaux ont fait souche car il a commencé très tôt à s’intéresser à ce sujet. Son premier ouvrage sur la question date de 1997 (« L’Union européenne et la politique de défense nationale, avec Anand Menon) ; il s’intéresse déjà à la question de « l’autonomie d’Etat », alias ‘autonomie stratégique’ ou ‘freedom of action’. En 2000, il publie un livre en quelque sorte prémonitoire : « Intégration européenne et défense: le défi ultime ? » et réitère en 2003 avec un « The EU, NATO and the Quest for European Autonomy » (avec John T. S. Keeler). Pour terminer par son ouvrage devenu une référence, « Security and defence Policy in the European Union » (2e édition 2014).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : Entretiens. Une ‘grand strategy’ pour l’Europe (J. Howorth)
Cet article Jolyon Howorth est désormais Français, officiellement est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
(B2) L’opération navale européenne en Méditerranée (EUNAVFOR Med / Sophia) a reçu un renfort aérien : un avion polyvalent P-72A de l’armée de l’air italienne. Celui-ci a effectué sa première mission mardi (4 juin) et est désormais pleinement intégré à la force européenne quelques jours après son arrivée, indique le QG de l’opération à Rome
(crédit : EUNAVFOR Med)Le P-72A (ou ATR 72MP selon sa désignation commerciale) est un appareil moderne de patrouille maritime adapté par les industriels italiens Finmeccanica et Leonardo sur la base de l’avion de ligne ATR 72. Capable d’effectuer un grand nombre d’opérations à basse et moyenne altitude, par tout temps, il dispose de la dernière version du système d’observation tactique aéroportée (ATOS ou Airborne Tactical Observation and Surveillance) permettant une surveillance maritime et électronique avancée, même à basse luminosité.
NB : l’opération n’a toujours pas de moyens navals sur zone et en est réduite à faire de la surveillance aérienne.
(NGV)
Cet article Un avion italien rejoint l’opération Sophia est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
Cet article (B2 Pro) Carnet (05.06.2019). Confidentiels (Biens double usage. Mobilité militaire participation). PESC (plaidoirie Ianukovych, Commission AFET). Opérations (EUAM Ukraine confirmation). Défense (Espagne armée. Iran troupes US. Grèce démission). Industries (France export et Bourget. Norvège aéronautique. Bulgarie F-16). Diplomatie (Israël saisies. Venezuela contacts. Soudan responsabilité. Chine Tiananmen). Aides (Mozambique). Sécurité (Albanie visas. Migrations UE-OIM). Pouvoirs (Autriche gouvernement. Finlande coalition. Pologne remaniement). Elections 2019 (Commissaire Finlande. ALDE Romania. Groupe Verts. PPE Weber). est apparu en premier sur B2 Bruxelles2.
(B2) La politique de défense de l’Allemagne évolue. Même si ces changements paraissent imperceptibles ou insuffisants, vu de France, c’est une réalité. La période électorale qui se profile risque cependant de compliquer les débats
De gauche à droite, Federico Santopinto (GRIP), Mayeul Kauffmann (CESICE), Claudia Major (SWP), Jean-Pierre Maulny (IRIS), Nicolas Gros-Verheyde (B2), Jolyon Howorth (Harvard) (Crédit : Sorbonne/IREDIES)Chercheuse expérimentée à l’Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité (SWP), Claudia Major était présente aux 2e entretiens européens de la défense qui se sont déroulés à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne jeudi (16 mai). Entretiens dont B2 est partenaire média
Une évolution rapide de la doctrine allemande de défense
Depuis 2014, l’Allemagne s’engage davantage dans le domaine de la défense. « Il reste certainement beaucoup de choses à faire, surtout vu de France, mais il faut reconnaitre un progrès. » Car c’est « tout le cadre pour la défense » qui a « profondément changé » depuis cinq ans sous la pression de changements stratégiques majeurs – la Crimée, la relation transatlantique, l’euroscepticisme -. Avec une nouvelle politique de défense à la clé.
La conférence de Munich et le facteur ukrainien
Les changements ont été amorcés lors de la conférence de Munich en septembre 2014. Deux ministres et le président de la République annoncent alors que l’Allemagne est « profondément ancrée dans les réseaux internationaux » et doit « davantage s’engager pour maintenir l’ordre international dont elle profite ». Les évènements internationaux poussent l’Allemagne a mettre en œuvre ces annonces rhétoriques « davantage que prévu. »
Une évolution de la doxa stratégique
Les documents stratégiques, et notamment le Livre Blanc de 2016, sont revus. Avec « la conception de la Bundeswehr » et « le profil des capacités » qui en résultent. Le budget de la défense s’ajuste en conséquence. Même s’il reste loin des objectifs de l’OTAN, l’évolution est rapide. En 2014, le budget allemand de la défense se montait à « 33 milliards d’euros », il avoisine aujourd’hui les « 43 milliards ». Les effectifs doivent aussi augmenter sensiblement : de « 182.000 actuellement à 198.000 pour 2024 ».
L’engagement en opération devient plus audacieux
L’engagement opérationnel, aussi, a évolué. La Bundeswehr participe plus souvent à des opérations, et ce dans des cadres très divers. Elle prend part à l’opération anti-Daesh, menée en coalition. Ce qui peut paraitre normal mais, qui constitue, pour l’Allemagne, une novation. « Cela a [re]poussé ce qui est légalement possible pour un engagement opérationnel ». Car en effet, « traditionnellement, l’Allemagne participe aux opérations dans le cadre des organisations de sécurité collective (ONU, UE, OTAN). » Tous ces changements sont faits en parallèle d’un nouvel « engagement politique fort », que ce soit au sein de l’OTAN, dans l’Union européenne, ou en bilatéral.
Une évolution sous la pression de trois évènements
Pour bien comprendre cette évolution, il faut repartir à la base. Traditionnellement, la politique étrangère et de sécurité allemande reposait sur deux piliers : l’Europe, avec notamment la relation franco-allemande, et les Etats-Unis avec l’OTAN. Ces deux piliers sont « sous pression ». La base stratégique de Berlin est « complétement déstabilisée » par trois éléments selon Claudia Major : l’agression russe, les tensions avec les États-Unis, et les divisions européennes exacerbées.
L’offensive russe en Ukraine bouleverse la donne
De façon incontestable, l’annexion de la Crimée par la Russie, la guerre qui s’installe à l’Est de l’Ukraine, et l’intervention russe en Syrie ont constitué, pour l’Allemagne, un « changement fondamental de l’architecture de sécurité » en Europe. Elles entraînent un « changement de paradigme dans la façon dont elle voit la défense en Europe ». Alors que Berlin pensait les questions militaires et nucléaires « obsolètes » sur le continent, voilà qu’elles reviennent au galop avec une Russie qui « détruit l’architecture de sécurité en Europe ». Les grands changements dans la politique de défense allemande trouvent leur origine dans cette déception envers la Russie, qui était jusqu’alors regardée Outre-Rhin comme un partenaire.
Tiraillée entre Washington et Bruxelles
Alors que l’Allemagne tente de comprendre les nouvelles dynamiques induites par la crise ukrainienne, un autre pilier de son environnement stratégique s’effrite : la relation transatlantique. Le « changement structurel et de long-terme dans la base même de cette relation » a déjà été entamé. Mais avec l’arrivée de Donald Trump à la présidence américaine (en 2017), il prend une nouvelle tournure. Il sous-entend une nouvelle « vision du monde, des instruments appropriés pour répondre aux défis, et de comment [l’Allemagne] se situe sur le long-terme ». Cela change la donne dans tous les domaines politiques, diplomatiques, économiques, climatiques. Le changement est encore plus fondamental pour la défense. Car Berlin reste « persuadée » qu’il n’y a « pas de défense crédible en Europe sans les États-Unis ». L’Allemagne est donc « tiraillée » entre l’envie de s’engager plus au niveau européen et le constat qu’il n’y a « pas vraiment une politique crédible à court-terme » dans le domaine de la défense sans les alliés transatlantiques.
Des vents européens contraires à l’intégration
Autre inquiétude pour Berlin, les dérives populistes et eurosceptiques sur le continent. Elles « remettent en question une conviction clé », la certitude que la seule direction pour l’intégration européenne, c’est qu’elle soit « davantage approfondie, dans plus de domaines ». L’Allemagne a d’autant plus de mal à accepter que l’intégration européenne soit potentiellement réversible, comme le démontre le Brexit, alors que son « retour » dans les rangs des États « respectés » s’est fait « par l’Europe ». D’où la politique allemande qui tente désespérément de keep the European house together (garder la cohésion en Europe) dans le domaine de la défense, par exemple avec sa vision inclusive de la PESCO.
Résultat : une divergence franco-allemande d’objectif
« Quand on parle de l’Europe de la défense, l’Allemagne pense à l’Europe. Quand la France pense à la défense » explique l’intervenante. La question politique, la cohésion, restent la clé du point de vue allemand, la « pré-condition pour tout engagement », pendant que la France se concentre sur une approche « opérationnelle, capacitaire ».
Un arrière fond électoral, l’Allemagne en pilotage automatique
Cette évolution rapide risque d’être stoppée par la crise politique qui s’installe en Allemagne.
Une évolution active cassée en 2017
Les changements se faisaient « lentement, mais activement » jusqu’en 2017. Depuis 2018 et la formation douloureuse du gouvernement actuel (CDU-CSU-SPD), le pays a entamé une « phase de stagnation » qui risque de constituer « un retour en arrière ». Le gouvernement, formé « avec beaucoup de réticence », « manque d’enthousiasme », surtout dans le domaine de la défense. L’exécutif est « là plus par obligation que conviction ». La motivation pour faire preuve de créativité et d’innovation n’est pas au rendez-vous. Point tout aussi important, la population allemande « ne se sent pas menacée militairement ». Ce qui a un « impact sur les débats de défense ».
L’Allemagne entre en instabilité politique
Deux points à garder à l’esprit alors que le pays s’engage dans une période électorale intense. La campagne électorale va être quasi permanente dans les deux années à venir. Après les européennes en mai, plusieurs élections régionales sont prévues à la fin de l’année 2019 dans les régions de l’ancienne Allemagne de l’Est (dans lesquelles les partis de gouvernement sont susceptibles de perdre des voix). Et chacun a à l’esprit les élections fédérales, prévues a priori en 2021, mais qui auront peut-être lieu avant. Comment va se traduire « la volonté de prendre davantage de responsabilités » dans la défense avec un gouvernement allemand instable, en élection permanente ? Une question cruciale selon la chercheuse.
Une défense au cœur des élections
Ces élections « impactent énormément les questions de défense » car c’est l’un des seuls domaines où les partis politiques peuvent « démontrer clairement leurs différences ». Cette stratégie est illustrée par le ministre des Finances. Olaf Scholz, vice-chancelier du parti social-démocrate a en mars annoncé que le budget de la défense ne serait finalement pas augmenté autant que prévu. Une annonce en grande partie politicienne. « Cela permet de faire une distinction entre les conservateurs et les socio-démocrates ». Ces différences intergouvernementales « très fortes », notamment au niveau du nucléaire et des exportations d’armement, permettent de se positionner.
L’enjeu de l’exportation des armes
Les questions industrielles, d’exportations d’armement et nucléaires ont été peu traitées dans le processus de changement. Des blind spots sur les problématiques qui font mal en Allemagne. Revenues dans l’actualité avec la guerre au Yémen, l’intervention de l’Arabie Saoudite, et les projets communs franco-allemands d’armement, elles sont devenues, en Allemagne, un enjeu de la campagne électorale car elles questionnent sur leur « moralité. » Le débat de facto se résume, pour les différents partis, à tenter de démontrer qu’ils sont « du bon côté » sur les questions de défense.
Une victime collatérale : l’Europe de la défense
« Au-delà de l’Allemagne elle-même, la victime, c’est un peu l’Europe de la défense, plus nos partenaires ». Ces débats intérieurs et leur influence sur la position extérieure allemande ne donnent pas une très bonne image au-delà des frontières. L’Allemagne n’est « pas vraiment perçue comme un partenaire fiable, elle semble envoyer des signaux contradictoires ». Les mots ne semblent pas toujours se transformer en actes, comme par exemple pour le « lancement de l’alliance pour le multilatéralisme » annoncé par le ministre des Affaires étrangères, Heiko Maas (membre du SPD). Idée « intéressante, mais dont la mise en œuvre tarde ».
L’Allemagne en mode pilotage automatique
Pour les partenaires européens qui souhaitent obtenir une position tranchée Outre-Rhin sur les questions de défense, il faudra sûrement attendre les élections fédérales et un nouveau gouvernement. « Mais jusqu’à là, on restera en mode ‘auto-pilote’ », conclut Claudia Major.
(Coline Traverson et NGV)
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(B2) Comment se passe l’arrivée des nouveaux députés ? Ce sujet a fait polémique récemment avec l’arrivée-exclusion des députés élus catalans.* Nous avons refait le parcours
Après le parcours dans les sept stands, liberté de se promener pour les nouveaux eurodéputés (© NGV / B2)Les députés se présentent d’abord à un premier stand situé dans le bâtiment Altiero-Spinelli, où deux huissiers les accueillent au-dessous d’une bannière “Welcome Village 2019-2024” qui montre le chemin. Ils les aiguillent vers le bâtiment József Antall. Commence alors un parcours en sept stands, assez classique en soi. Un peu comme quand vous arrivez dans une nouvelle entreprise.
Avant tout, c’est l’étape fondamentale, il faut décliner son nom à un huissier — ce jour-là, c’est une huissière — pour qu’il vérifie qu’ils ont bien été élus, et sont bien sur la liste du Parlement européen. Une étiquette phosphorescente (qui se colorie une fois le jour passé) est alors accolée sur leur veste. Elle va leur permettre de circuler dans le parlement pour la journée, en attendant le badge provisoire.
En route alors pour une succession de stands où le b.a.-ba du futur député européen va leur être expliqué. Durée prévue : 2 heures… Voire moins pour les habitués ou les pressés. Précisons que ce processus est à compléter pour les députés nouvellement élus comme les anciens qui sont réélus et connaissent les lieux.
Premier stand : le parcours. Un employé du parlement explique rapidement tout le processus qu’ils vont suivre et répond aux premières questions le cas échéant.
Deuxième stand : la photo. Indispensable pour confectionner le badge provisoire (en dur, sécurisé), mais aussi pour la documentation du parlement (who’s who, site internet, etc).
Troisième stand : un formulaire pour toutes les informations personnelles, l’état civil, l’adresse, les coordonnées tél., leurs coordonnées bancaires, etc.
Quatrième stand : l’IT (autrement dit l’internet, l’informatique). Ils reçoivent une adresse mail provisoire du parlement, se voient expliquer le système intranet… et gagnent au passage un iPad.
Cinquième stand : les finances. Point primordial. Quelle sera leur indemnité, comment embaucher des assistants… Et surtout la fameuse déclaration d’intérêts financiers à remplir de façon aussi détaillée que possible.
Sixième stand : la sécurité. C’est l’obtention du précieux sésame, le badge provisoire de député. Plastifié, sécurisé, il permettra aux futurs députés de circuler en attendant le badge définitif qui leur sera remis une fois tous les pouvoirs vérifiés (1), à priori à partir du début juillet.
Septième stand : la mobilité et les transports, avec les conseils pour se loger à Bruxelles ou se rendre à Strasbourg, déplacements des plénières obligent.
Et c’est parti pour cinq années de législature…
(Coline Traverson, st, et NGV)
(1) Avant d’occuper leur siège, les nouveaux députés au Parlement européen devront déclarer par écrit qu’ils n’occupent pas de fonction incompatible avec celle de député européen. Une déclaration devant être faite, selon la note du Parlement européen, « au plus tard six jours avant la première séance constitutive » du 2 juillet prochain. Plusieurs fonctions sont réputées incompatibles avec celle de député européen : ministre ou chef d’un gouvernement national, élu d’un parlement d’un État membre de l’Union, commissaire européen, juge à la Cour de justice, membre du directoire de la Banque centrale européenne, de la Cour des comptes ou de la Banque européenne d’investissement, etc. Les fonctionnaires européens ou membres des organes instaurés par les traités de l’Union pour gérer les fonds communautaires ne peuvent pas non plus être députés.
* Lire : Les indépendantistes catalans pas tout à fait bienvenus au Parlement européen (V2)
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